lundi 30 octobre 2023

“Ce qu’est en train de faire le Hamas, c’est copier le système vietnamien”
Entretien avec Ilich Ramírez Sánchez, alias Carlos

Depuis sa prison française, le commandant Carlos analyse la situation en Palestine

Propos recueillis par Fausto Giudice, Basta!, 5 janvier 2009
Version originale espagnole Entrevista con Ilich Ramírez Sánchez: “Lo que está haciendo Hamás es copiar el sistema vietnamita”

Versione italiana 
“Quello che sta facendo Hamas è copiare il sistema vietnamita”
Un’intervista a Ilich Ramírez Sánchez, alias Comandante Carlos, del 2009

Русская версия
Интервью с Ильичем Рамиресом Санчесом: «То, что делает Хамас, это копирует вьетнамскую систему»


Depuis la centrale de Poissy, en région parisienne, où il purge la quatorzième année de la peine de prison à vie à laquelle il a été condamné par la justice française après avoir été kidnappé par les services français au Soudan en 1994, Carlos, combattant actif de la résistance palestinienne pendant plus de deux décennies, suit avec attention l’évolution de la situation à Gaza. J’ai pu recueillir sa vision des choses dans une entrevue réalisée le 1er janvier, soit deux jours avant le déclenchement de l’offensive terrestre israélienne. Pour moi, Carlos est un personnage historique et il ne m’appartient pas de le juger, la justice française s’en est déjà chargée, à sa manière pour le moins contestable.-FG

« Bien creusé, vieille taupe ! »
Shakespeare, Hamlet, cité par Karl Marx (un autre barbu)

FG- Tu sais qu’ Ahmed Saadat vient d’être condamné à 30 ans de prison ?
IRS- Oui.

Quelle a été ta première réaction ?
Tout ça est un abus de pouvoir. C’est le résultat, premièrement, de la situation dans laquelle le Front populaire de Libération de la Palestine s’est mis en abandonnant la lutte armée à l’extérieur. Ahmed Saadat fait partie des gens de la résistance intérieure, je ne le connais pas, mais d’après ce que j’ai entendu, c’est un type magnifique et avant tout un révolutionnaire, c’est ce que j’ai entendu, et c’est pour ça que la répression contre lui a été si dure, alors que d’autres types du FPLP sont tranquilles, voyagent et font ce qu’ils veulent, et ils vivent en Palestine, non ? Il ya donc une bonne raison à tout ça. De toute façon, ce monsieur était là, premièrement c’est Arafat qui l’a emprisonné, deuxièmement il était sous les garde des britanniques et des Usaméricains, qui ensuite se sont retirés, et les Israéliens sont arrivés et l’ont arrêté dans sa prison en Palestine, à Jéricho. Donc, bon sang, un total manque de respect de la parole donnée de la part des gouvernements britannique et US, et des Israéliens il ne faut â s’attendre qu’ils respectent quoique ce soit, ils n’ont ni honneur ni parole, ce sont des criminels fascistes.

Dis donc, ma première réaction a été de faire un parallèle avec ton cas.
Oui, il y a des aspects comparables. Mais c’est différent, Dans mon cas ça a été une affaire d’argent Simplement, ils se sont adressés à un chef d’État, un responsable de là-bas (le Soudan, NdR), et ils lui donné de l’argent, ça n’a pas été une question politique, juste d’argent, d’argent. Ils nous ont tous vendus, moi, Oussama Ben Laden.

Ahmed Saadat, lors de son procès devant le tribunal militaire israélien d'Ofer en décembre 2008. Il a été réélu secrétaire général du FPLP en 2022

Et tu ne crois pas que ça a été le cas avec la Mouqata?
Non, non, non. Les petits accords qu’ils passent, ils ne les respectent jamais. Ces gens-là ne comprennent que le langage de la force, et c’est tout. Et le Front populaire s’est retiré objectivement de la lutte armée, sous l’influence des camarades soviétiques et sur les conseils du Parti communiste français, aussi d’autres partis communistes, mais surtout du PCF, ils ont abandonné la lutte internationale. Et la lutte internationale était la seule qui avait de l’importance pour une organisation comme le FPLP, qui avait pas mal d’appuis de masse, qui n’avait pas les capacités qu’avait par exemple le Fatah, en termes numériques, mais en qualité oui, il en avait.

Nous pouvions donc frapper fort, à l’intérieur et à l’extérieur et donc…J’en parlais avec Arafat il y a des années, et il reconnut qu’on ne pouvait plus rien faire à l’intérieur et que la seule chose que nous pouvions faire, c’était le FPLP et ses alliés. Donc… Ceci (la capture d’Ahmed Saadat, NdR), a été le résultat d’une bonne opération, l’exécution de ce criminel qui était ministre du Tourisme, un général en retraite qui avait assassiné – je vais te dire pourquoi ils l’ont exécuté – des camarades, il y a des années, qui avaient pris des otages dans un autobus. Ces camarades s’étaient finalement rendus et ils ont été exécutés sur ordre direct de ce général. Sur ses ordres, ils ont tué ces garçons. C’est pour cette raison qu’il a été exécuté à Jérusalem vingt ans plus tard. C’était il y a longtemps.

Ahmed Jibril (1938-2021)


N’oublie pas que le FPLP a été le premier à déclencher la lutte armée. ça n’a été personne d’autre. Bon, la première opération armée au nom de la résistance palestinienne a été menée par le FPLP-Commandement général d’Ahmed Jibril. Ils ont été les premiers, sous un autre nom, bien avant le Fatah. Et puis il y a autre chose : l politique d’abandon des prisonniers. Le FPLP n’a pas seulement abandonné la lutte armée, il a aussi abandonné les prisonniers, au sens de les libérer par la force. Le FPLP-CG, les gens d’Ahmed Jibril, a échangé des otages contre des prisonniers, il a pu ainsi libérer des milliers de prisonniers. Et maintenant, le Hezbollah a la même ligne. Mais malheureusement le FPLP, pour se faire inviter aux congrès des partis communistes en Europe occidentale, e à l’époque soviétique, a abandonné la lutte armée.
Maintenant, ils peuvent donc se permettre de frapper le Front populaire, de commettre des actions illégales contre Ahmed Saadat, mais contre les Israéliens, personne n'a rien fait. Les premiers responsables, ce sont les dirigeants du FPLP eux-mêmes. 

Wadi Haddad (1927-1978)

Mais explique-moi une chose : ils ont abandonné la lutte armée à cause de la disparition de l’URSS ?
Non, non, non, non. C’était avant. Il y avait Ponomarev, qui donnait toujours des conseils à Abu Ali Mustafa, qui était un type magnifique, un dirigeant – je l’ai bien connu – un type respectable. Mais il n’avait pas la profondeur qu’avait Wadi Hadad, qui se projetait, avec ce génie stratégique qu’il avait, et cette habileté pour les situations tactiques, nous avions des bons conseillers arabes, dont j’ai connu certains – et je ne vais pas parler d’eux, car certains sont encore en vie -,ils n’étaient pas forcément palestiniens, il y avait des militaires de carrière, des gens bien, et il y avait des gens de grande qualité qui se chargeaient des commandos, parmi lesquels je me trouvais. Tu comprends ? Et quand ces positions ont été abandonnées, bon, parfois il était…Wadi Haddad était un type de droite, mais sa ligne stratégique était correcte : il faut frapper l’ennemi de manière à ce qu’il ne se sente en sécurité nulle part. Aucun cadre, aucune responsable (sioniste, NdR) ne doit se sentir en sécurité dans aucun endroit au monde. Où qu’ils soient, il faut qu’ils soient angoissés. Et quand on a abandonné ça, on a perdu l’arme principale dont disposait la résistance palestinienne.


Les tunnels de Cu Chi au Sud-Vietnam s'étendaient sur 250 km de la banlieue de Saïgon à la frontière cambodgienne. Cauchemar de l'armée US, ils sont devenus l'attraction touristique souterraine n° 1 du monde, selon...CNN

Voyons maintenant la situation aujourd’hui à Gaza. J’ai parlé avec un militant du Hezbollah qui m’a dit que la situation n’était pas si mauvaise pour le Hamas, qui n’avait pas été atteint militairement, dont les forces étaient intactes, mais je ne sais pas ce qu’ils peuvent faire, car ils ne disposent pas de l’espace minimum dont le Hezbollah, au moins, disposait au sud-Liban, non ?
Écoute, je crois que ce que le Hamas est en train de faire, c’est copier le système vietnamien. Le Hamas n’a rien inventé. Ce qu’il a fait, c’est développer la question vietnamienne, avec les moyens que lui ont donné les frères, les camarades iraniens. Donc, quand ils (les Israéliens, NdR) ont envahi la dernière fois (le Liban, NdR), ils ont reçu un coup très dur, pace qu’ils n’étaient pas préparés à ce type de luttes souterraines au sud-Liban, ils bombardaient ici, ils attaquaient là, mais les autres sortaient de l’autre côté et les frappaient, les frappaient. Et c’est ce qui est en train de se passer à Gaza. Et je suis sûr qu’ils ont préparé…En réalité, il y a eu une provocation des Palestiniens contre les Israéliens à cette occasion. Dans quel sens ? Ils sont en train de les frapper, ou plutôt de les défier, avec de l’armement léger.

Parce qu’il faut savoir qu’une compagnie de garde-frontières israéliens a plus d’armement que toute la résistance palestinienne de Gaza. Et pourquoi cette provocaton permanente ? (…) Ce n’est pas gratuit. Ils ne sont pas fous. Les Frères musulmans sont des gens très sérieux. À part la question idéologique…Mais la Confrèrie des Frères musulmans, fondée dans les années 20 par Hassan El Banna au Caire est une organisation de structure, pas d’idéologie, léniniste – car du point de vue de classe, c’est une organisation petite-bourgeoise, qui représente les intérêts du souk, ce ne sont pas des révolutionnaires, ce sont des réformistes -, mais de structure léniniste
Et cela leur a permis de survivre à la pire répression qu’on puisse imaginer. Personne n’a été plus réprimé dans le monde arabe que les Frères musulmans, pas même les communistes. Personne n’a été plus réprimé, ni les Palestiniens ni personne d’autre. Et ces gens ont survécu, et ont grandi et se sont inscrits dans longue durée et ils ont été la base, tout comme le FPLP, d’où sont sortis tant d’autres organisations et mouvements dans le monde entier, qui se sont développées dans la lutte armée avec cette base d’expérience palestinienne ; tous les jihadistes qui luttent aujourd’hui, jusqu’en Afghanistan, ont leurs origines parmi les Frères musulmans. Le fait qu'ils ne soient pas d’accord avec Al Qaïda, avec ce type de stratégie et de tactiques qu’on appelle « terroristes » d’Al Qaïda ne veut pas dire que (je ne reconnaisse pas qu’) il y a une relation historique : le Docteur Al Zawahiri est un cadre important des Frères musulmans, Yasser Arafat était responsable des Frères musulmans, dans leur direction au Caire, au début des années 50. Et ça, il faut le reconnaître. La lutte des Frères musulmans en Syrie a été terrible, terrible : non seulement une répression brutale du régime syrien qui réussit presque à les exterminer, il y a eu des centaines et des centaines de frères syriens assassinés. Ces gens savent ce qu’ils font. Je crois que leur objectif est de provoque rune intervention terrestre des Israéliens, parce qu’à Gaza, à part la route principale, du côté de la page, de la zone côtière, il n’y a pas d’autre entrée, autrement dit il y a une ligne directe, la route principale…

…C’est une avenue….

Oui…

Oui, oui, c’est une avenue. Tu ne peux pas entrer avec un tank, à moins de détruire toutes les maisons, tu comprends ? Et là , ils vont les massacrer.

N’oublie pas que cette question est en réalité une leçon de l’expérience vietnamienne. Cette technique de s’enterrer, ce sont les Allemands de l’Est qui l’ont transmise. C’est par exemple comme ça qu’ils ont survécu à l’attaque des Forces libanaises à Tell Al Zaatar en 1976, tu te souviens?

Oui...

À Chatila, les souterrains n’ont pas été découverts par les Forces libanaises et les combattants du FPLP de Chatila ont survécu au massacre.

Ah bon ?
Ils étaient à Chatila, sous terre. À Sabra, il n’y avait pas de souterrains et ils ont été tués. C’est une expérience vietnamienne qui a été transmise par les Allemands de l’Est. Et je crois que les gens du Hamas, et pas seulement du Hamas, aussi du Jihad islamique, du Front populaire, mais il y aussi les gens du Fatah, parce que la majorité des gens du Fatah ne sont ni agents de la CIA ni corrompus ni voleurs. La majeure partie des gens du Fatah sont de purs Palestiniens. Le Hamas a gagné les élections. Qui a voté pour lui ? Les gens du Fatah ! Les chrétiens ont voté Hamas ! La majorité n’étaient pas des gens du Hamas, ils voulaient un gouvernement propre. Donc tous les combattants de Gaza, les gens bien, car il y a eu une petite guerre civile qui a liquidé les corrompus, y compris les gens des tribus, qui bien sûr sont armés, Tous ces gens-là vont aussi combattre. Ils (les Israéliens, NdR) sont en train de frapper pour écraser la population civile, mais les gens sont habitués à souffrir, malheureusement, et puis où iraient-ils ? L’important c’est que ça va avoir des répercussions internationales, pas pour Israël – eux ils se torchent le cul avec nous tous, Israël est un pays fondé sur le mensonge, sur la falsification historique…


Une vue d'un tunnel creusé par le Hezbollah près du moshav Zar'it dans le nord d'Israël près de la frontière libanaise le 10 juin 2019. Photo .Ilia Yefimovich / picture alliance via Getty Images 


Il y a un question : la deuxième guerre mondiale, la persécution des juifs est une des pages les plus noires de l’histoire contemporaine et l’on ne sait pas encore le nombre de victimes, mais des centaines de milliers de gens ont disparu, on ne sait pas encore exactement combien, parce qu’ils ne permettent pas qu’on fasse des recherches, qu’on fasse la liste des noms des victimes des persécutions nazies. Et ces gens, ces sionistes, qui sont en Israël, sont complices de cette persécution (…), ces gens sont racistes, contre les autres juifs, les juifs venus d’Iran, du Maroc, sont mal vus par les Blancs, les Ashkénazes, qui n’ont même pas une goutte de sang sémite (…)

La seule manière de faire, c’est celle de Saddam. Il ne faut pas oublier que c’est Saddam qui entretenait les Palestiniens de Gaza, surtout de Gaza. L’agression contre l’Irak est liée à Gaza. Il entretenait Gaza, tout l’argent qui affluait à Gaza…en fin de compte, aussi de l’Iran. Durant la première Intifada, le premier argent arrivé en Palestine, c’est l’Iran qui l’a envoyé à l’organisation d’Abou Nidal. Et Saddam a aussi donné beaucoup d’argent à la résistance.

De toute façon, les Palestiniens, maintenant vont bien sûr être frappés, mais ils ne seront pas écrasés. Et en fin de compte, c’est ne question internationale. Si des milliers de personnes descendent dans les rues de Paris et de Londres, les gens vont dire :bon sang, c’est un problème très grave, un crime contre l’humanité, des crimes de guerre permanents, quotidiens, ininterrompus, devant les caméras de télévision du monde entier, de CNN et Al Jazeera…

Ils vont donc frapper les responsables de la résistance palestinienne à Gaza, surtout les gens du Hamas, mais pas seulement eux, mais ils auront besoin d’entrer dans Gaza, pour des combats a corps à corps, et à ce moment-là, les Israéliens vont être en position de faiblesse, il va leur arriver la même chose qu’au sud-Liban, mais il va y avoir des milliers de morts civils palestiniens, naturellement. On verra bien. Ce qu’il y a de bien, pour les Palestiniens et pour la résistance arabe, c’est que les peuples arabes sont solidaires. Et le gouvernement traître égyptien va apparaître comme ce qu’il est. Pourquoi ferme-t-il la frontière ? Pourquoi ?

Tu sais qu’ils ont appelé Dahlan au Caire, non ?
Bon, on sait bien qui est Mohamed Dahlan, non? Mohamed Dahlan est l’homme des USA et de la CIA. Ouvertement, il ne s’en cache pas...

(…)

gaza strip tunnel

Un membre du  Jihad islamique marche dans un tunnel dans la bande de Gaza en 2022. Photo Mahmud Hams / AFP via Getty Images 

dimanche 11 septembre 2016

Petite histoire d'un mot qui répand la terreur

Cet article de 2010 retrouve aujourd'hui toute son actualité
par FG, 11/9/2010

« Un terrorista no es sólo alguien con un revólver o una bomba, sino también aquel que propaga ideas contrarias a la civilización occidental y cristiana : un terroriste n’est pas seulement quelqu’un avec un revolver ou une bombe, mais aussi celui qui propage des idées contraires à la civilisation occidentale et chrétienne »
Général Videla, chef de la junte militaire argentine, responsable de la disparition forcé de 30 000 “terroristes”, 1978
En ce 11 septembre, où tous les médias de la planète nous abreuvent d’images et de discours sur l’horrible attentat de 2001, il m’a semblé utile d’apporter une modeste contribution à l’analyse du phénomène qualifié de terrorisme, en commençant par l’histoire même de ce mot. Il n’est en effet pas inutile, pour comprendre une réalité complexe et surtout obscure, de déconstruire les mots utilisés pour la désigner et la décrire.
Dans un rapport d’étude publié en 1988, l’armée US constatait qu’il existait plus de 100 définitions du terrorisme. Et l’ONU elle-même n’est pas parvenue à ce jour à établir une définition universellement acceptable. Ce n’est pas étonnant : les combattants de liberté des uns sont les terroristes des autres. Les éphémères maîtres nazis de l’Europe occupée qualifiaient les résistants qui , de la Norvège au Danemark, leur tiraient dessus ou posaient des bombes pour faire dérailler leurs trains militaires, de terroristes. Idem pour les occupants sionistes de la Palestine, qui ont eux-mêmes été les premiers, dès 1936, à utiliser l’arme de l’attentat aveugle contre des civils pour parvenir à leurs fins.
Terroristes d’hier et d’avant-hier
Aujourd’hui, et depuis le 11 septembre 2001, terroriste est synonyme d’islamiste. Il n’en a pas toujours été ainsi : dans l’Europe des années 1970, terroriste désignait les clandestins des Brigades rouges italiennes, de la Fraction armée rouge, des Cellules révolutionnaires et du Mouvement du 2 Juin en Allemagne fédérale, de la Angry Brigade anglaise, d’Action directe en France, des Cellules communistes combattantes (Belgique), du Mouvement du 17 Novembre et Rigas Feraios (Grèce), sans oublier, bien sûr, l’ETA basque et l’IRA irlandaise. Ailleurs dans le monde, des Tupamaros uruguayens et des Weathermen usaméricains au FPLP palestinien, les « terroristes » étaient généralement des gens d’extrême-gauche, issus de diverses scissions du mouvement communiste international.
Le sens actuel du mot terroriste - combattant clandestin utilisant des méthodes de lutte armée non-conventionnelles pour déstabiliser l’ennemi – est relativement récent : il remonte à la fin du XIXème siècle.

vendredi 29 avril 2016

Crise au Brésil

par Perry Anderson  
Original: Crisis in Brazil

Les BRICS connaissent une mauvaise passe. Après avoir été les moteurs de la croissance internationale alors que l'Occident était enlisé dans la pire crise financière et la pire récession depuis la Grande Dépression, ils constituent maintenant la principale source d'inquiétude pour les états-majors du FMI et de la Banque Mondiale. La Chine surtout, à cause de son poids dans l'économie globale : ralentissement de la production et dette colossale. La Russie : assiégée, chute dramatique du prix du pétrole, dommages dus aux sanctions. L'Inde : elle s'en sort le mieux, en dépit de révisions statistiques inquiétantes. Afrique du Sud : en chute libre. Les tensions politiques s'accroissent dans chacun de ces pays : Xi Jinping et Poutine musèlent l'agitation avec force, Modi est écrasé aux élections, Zuma est en disgrâce dans son propre parti. Cependant, nulle part les crises, économique et politique, n'ont fusionné de façon aussi explosive qu'au Brésil, qui a vu l'année dernière plus de gens manifester dans ses rues que dans tout le reste du monde.
Choisie par Lula pour lui succéder, Dilma Rousseff, l'ancienne « Jeanne d'Arc de la guérilla » qui était devenue son chef de cabinet, a remporté l'élection à la présidence en 2010 avec une majorité presqu'aussi écrasante que lui. Quatre plus tard elle fut réélue par une marge bien plus étroite cette fois, devançant de 3 % son rival Aécio Neves, gouverneur de l'État du Minas Gerais, dans une élection marquée par une polarisation régionale plus marquée que jamais, le Sud et le Sud-est industrialisés se tournant massivement contre elle, pendant que le Nord-Est votait pour elle de manière encore plus écrasante - 72 % - qu'en 2010. Mais dans l'ensemble ce fut une victoire nette, comparable à celle de Mitterrand sur Giscard, et beaucoup plus large, pour ne pas dire plus propre, que celle de Kennedy sur Nixon. En janvier 2015, Dilma – à partir d'ici nous omettrons son nom de famille, à l'instar des Brésiliens – entamait son second mandat.
Dans les trois mois, d'énormes manifestations regroupant au moins deux millions de personnes se sont déversées dans les rues des principales villes du pays pour réclamer son départ. Au Congrès, le Parti Social-Démocrate Brésilien de Neves et ses alliés, encouragés par des sondages qui montraient que la cote de popularité de Dilma était tombée en dessous de 10 %, ont pris l'initiative de réclamer sa mise en accusation. Le Premier Mai elle n'a même pas été en mesure de délivrer l'allocution télévisée traditionnelle à la nation : quand son discours à l'occasion de la Journée Internationales des droits de la femme avait été diffusé en mars, les gens l'avaient couvert par un concert de casseroles et de klaxons. Du jour au lendemain, le Parti des Travailleurs (PT), qui avait longtemps joui du taux d'approbation le plus élevé au Brésil, est devenu le parti le plus impopulaire du pays. En privé, Lula se lamentait : « Nous avons gagné l'élection. Le lendemain nous l'avons perdue. » Beaucoup de militants se demandaient si le parti arriverait à s'en remettre.
Comment en était-on arrivé là ? Pendant la dernière année du mandat de Lula, alors que l'économie mondiale souffrait encore des séquelles du krach financier de 2008, l'économie brésilienne avait progressé de 7,5 %. A sa prise de fonctions, Dilma avait adopté des mesures plus strictes contre les risques de surchauffe, à la satisfaction de la presse financière, qui y voyait l'équivalent de la politique de réassurance que Lula lui-même avait adoptée au début de son premier mandat. Mais à la mesure de la chute brutale de la croissance, et alors que le firmament de la finance s'assombrissait une fois de plus, le gouvernement changea de politique une fois de plus, adoptant une série de mesures destinée à amorcer l'investissement en vue d'un développement durable. Les taux d'intérêt ont été abaissés, les charges sociales réduites ainsi que le coût de l'électricité, les prêts des banques privées au secteur privé augmentés, la monnaie dévaluée et un contrôle limité sur les mouvements de capitaux a été imposé. A la suite de ce coup de fouet, à mi-mandat, le taux de satisfaction de Dilma atteignait les 75 %.Lire la suite  

mardi 26 avril 2016

En quatre jours, la coalition quadripartite au pouvoir a ramené la Tunisie en arrière d'un siècle et demi
في أربعة أيّام، الائتلاف الرباعي الحاكم يعود بتونس قرنا ونصفا إلى الوراء


Mokhtar Ben Hafsa مختار بن حفصة
عقد مجلس نوّاب الشّعب طيلة أربعة أيّام من نهاية الأسبوع السابق وبداية هذا الأسبوع (الجمعة والسبت والإثنين والثلاثاء) جلسات ماراطونية لمناقشة المشروع الجديد للقانون الأساسي للبنك المركزي. وهو مشروع تقدّمت به الحكومة. وجدير بالتنويه أنّ يدا خفيّة أو 'مسؤولا كبيرا'- كما جاء في أحد زلاّت رئيس الجمهورية - فرض على لجنة الماليّة والجلسة العامة بعد ذلك، أن تضع كل برامج أشغالها جانبا وتقدّم النظر في هذا القانون الأساسي باعتباره أولويّة مطلقة عندهم
الشاذلي العياري، محافظ البنك المركزي التونسي و كريستين لاغارد،المديرة العامة لصندوق النقد الدولي و سليم شاكر،وزيرا للماليّة

Le ministre des Finances Slim Chaker, Christine Lagarde, dir. générale du FMI et Chedly Ayari, gouverneur de la BCT

 وفي وقت قياسي، تمّت في جلسة مساء الثلاثاء المصادقة على القانون الجديد بـ 73 صوتا فقط وهو الحدّ الأدنى المطلوب لتمريره ممّا يعني أنّ القوى الليبراليّة الداعمة لــ'تحرير' البنك المركزي واستقلاله عن بقيّة مؤسسات جهاز الدولة قد حقّقت المطلوب منها ولو بصعوبة كبيرة.
ولا يحتاج المرء مجهودا كبيرا ليعرف أنّ اليد ظاهرة و'المسؤول الكبير' معروف. فالسلطة التنفيذية هي اليد العليا التي تحكّمت في السلطة التشريعية وأمْلت عليها ما يجب فعله. أمّا المسؤول الكبير فهو ليس إلاّ صندوق النقد الدولي الذي ما فتئت تدخّلاته في السياسة التونسية تتعزّز في السنوات الأخيرة إلى درجة أنّه تجاوز مرتبة المستشار ليصبح الآمر والناهي.
إذن، يندرج هذا القانون في اطار الخطّة التي وضعها صندوق النقد الدولي لتمويل الدولة التونسية التي تعيش صعوبات ماليّة كبيرة فهي بحاجة أكيدة إلى المزيد من الاقتراض وبصدد البحث عن حوالي خُمس ميزانية 2016. هذه الضرورة العاجلة، اضافة إلى عقيدة متزمّتة ترى الحل في المزيد من التداين ومواكبة ايديوجيا العصر المُهيمنة، هي التي دفعت حكومة الائتلاف الرباعي إلى قبول شروط صندوق النقد الدولي لإقراضها 2.8 مليار دولار ومن أبرز هذه الشروط إعداد قانون أساسيّ جديد للبنك المركزي يُعيد هيكلته على نحو يصبح فيه البنك مؤسّسة مستقلة تماما عن تدخّل الدولة والمؤسسات المنتخبة ويتلاءم مع وضع اليد على هذه المؤسسة الهامة ضمانا لديمومة نزيف التداين قبضا وصرفا وتأبيدا لسياسة ليبرالية تقطع الطريق أمام كلّ إمكانيّة لتوجّه بديل في ظل انتفاضة ثورية مازالت آفاقها مفتوحة رغم الانتصار الكبير الذي حقّقته الثورة المضادة. يا للمفارقة فعلى قدر حماس المرافعين على القانون الجديد بصيغته الحالية للاستقلالية نجد لديهم نفس الحماس، وبالقدر نفسه، لتبعية البنك المركزي للماليّة العالميّة وقوانين السوق
Les députés de l'ARP (Assemblée des représentants du peuple) ont passé quatre jours (8-9 et 11-12 avril) à des séances de marathon pour discuter du nouveau projet de loi organique sur la Banque centrale de Tunisie (BCT),  présenté par le gouvernement. Il convient de noter qu'une main cachée ou un "grand responsable", à en croire un lapsus du Président de la République, a imposé à la Commission des finances et à l'assemblée plénière de mettre de côté tout son programme pour examiner ce projet, qu'elle ou il considérait comme une priorité absolue.
En un temps record, la nouvelle loi a été ratifiée en séance mardi soir le 12, par uniquement 73 voix, ce qui était  le minimum requis pour la faire passer, ce qui signifie que les forces libérales qui veulent libérer  la banque centrale et la rendre indépendante du reste des institutions de l'État ont atteint leur but, même si cela s'est fait avec beaucoup de difficultés.

On n'a pas besoin de faire beaucoup d'efforts pour savoir que la main "cachée" est très visible et que le "grand responsable" est connu. Puisque c'est le pouvoir exécutif qui a la haute main, contrôlant le pouvoir législatif et lui dictant quoi faire. Le "grand responsable"   n'est autre que le Fonds monétaire international, dont les interventions dans la politique tunisienne se sont renforcées au cours des dernières années, passant du rôle de conseiller à celui de donneur d'ordre.

lundi 18 avril 2016

Brahim Saika, militant de la Coordination des chômeurs sahraouis, torturé à mort par la police marocaine
Muere el sindicalista y preso político saharaui Brahim Saika después de ser torturado y pasar varios días en huelga de hambre
Saharawi citizen Brahim Saika dies in detention in Morocco


El preso político saharaui Brahim Saika ha muerto ese viernes 15 de abril en un hospital de Agadir (Marruecos), tras sufrir un coma pocos días después de ser detenido de forma arbitraria y torturado en la misma comisaría de Guelmim (Goulimine).
Le prisonnier politique sahraoui Brahim Saika est mort ce vendredi 15 avril dans un hôpital d'Agadir (Maroc), après un coma de quelques jours. Il avait été arrêté arbitrairement et torturé au commissariat de police de Guelmim (Goulimine).
Lire la suite 
Brahim Saika, a Sahrawi prisoner of conscience died on 15 April 2016, between 15.30 and 16.00 local time, in a hospital in Agadir, Morocco. He fell into a coma a few days after being arbitrarily detained and tortured in Guelmim police station, and had been transferred to the hospital from Ait Melloul prison where he had been held.
Read more 


mercredi 13 avril 2016

534 militants politiques assassinés en Colombie en cinq ans

Un nouveau rapport publié le 12 avril par l'organisation britannique Justice for Colombia indique pour la première fois le chiffre alarmant de 534 militants politiques tués en Colombie entre 2011 et 2015. Le rapport décrit le meurtre de plus de 90 militants par an, une moyenne de deux par semaine pour les cinq dernières années.
Le rapport Silenciados: el asesinato de los activistas políticos en Colombia (Réduits au silence : l'assassinat des militants politiques en Colombie) a été lancé au Parlement britannique à Londres lors d'un événement organisé par plusieurs députés du groupe parlementaire des Amis de la Colombie.

Les meurtres ont eu lieu dans 26 des 32 départements. Celui d'Antioquia (chef-lieu : Medellin) a été le plus violent dans le pays avec 94 meurtres au cours de ces cinq années, suivi par le Cauca avec 59 cas.
Le rapport de Justice for Colombia rassemble pour la première fois des informations provenant de cinq organisations colombiennes qui ont répertorié la violence contre des militants. Ces organisations sont la CINEP, la CUT, l'ENS, Marcha Patriotica et Somos Defensores.
Mariela Kohon, Directrice de Justice for Colombia a déclaré:
«Il est inacceptable que les militants continuent d'être assassinés en Colombie, en particulier par des groupes paramilitaires. Les chiffres figurant dans ce rapport sont épouvantables, et le fait particulièrement préoccupant est que plus de 300 militants aient été tués depuis le début du processus de paix en 2012. Il est d'une immense importance pour l'avenir de la paix en Colombie que le gouvernement prenne les mesures nécessaires contre les paramilitaires et protège les militants politiques".
Le rapport montre que toutes sortes de militants ont été persécutés en Colombie : la liste des victimes comprend des activistes communautaires, paysans, indigènes, syndicaux, écologistes, membres du mouvement LGBT, outre des militants pour la restitution des terres et les droits des victimes.

Pour plus d'informations contactez SVP Hasan Dodwell, Justice for Colombia à hasan[at] justiceforcolombia.org
Capture 26 de 32 departementos



lundi 11 avril 2016

Les prisonniers d'Obama


par Koldo Campos Sagaseta

Traduit par Jacques Boutard, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original: Los presos de Obama 

Il y a aux USA environ 500 prisonniers politiques, des prisonniers à propos desquels personne n'interroge Obama, dont les grands médias de communication ne parlent ni ne parleront jamais, et qui ne seront jamais l'objet des préoccupations des parlements européens ni des mairies de certaines des grandes capitales européennes, telles que Madrid.
Parmi tant d'autres prisonniers, il y a des poètes comme Leonard Peltier, indien lakota et dirigeant de l'American Indian Movement (Mouvement Indien Américain), qui, presque aveugle et de santé fragile, a passé 40 ans derrière les barreaux pour avoir défendu les droits des peuples indiens. Des cinéastes comme Robert Redford et des hommes politiques comme Nelson Mandela ont demandé et continuent à réclamer sa libération. En plus de Leonard Peltier, 200 autres Indiens d'Amérique du Nord sont emprisonnés aux USA, tout comme, par ailleurs, des dizaines de prisonniers afro-américains. Mumia Abu Jamal, journaliste et militant politique, qui a passé 34 ans derrière les barreaux, est un de ceux qui cumulent le plus grand nombre d'années de prison.
Résultats de recherche d'images pour « Leonard Peltier, » Résultat de recherche d'images pour Résultats de recherche d'images pour « ana belen montes »
Leonard Peltier
Mumia Abu-Jamal
Oscar López Rivera
Ana Belén Montes
Résultats de recherche d'images pour « Leonard Peltier, »
Résultats de recherche d'images pour « Mumia Abu-Jamal » Résultats de recherche d'images pour « Oscar López Rivera 1981 »

Les prisonniers politiques portoricains se comptent par dizaines, comme Oscar López Rivera, emprisonné depuis 35 ans, et qui a refusé une mesure de ''clémence'' de la part du président Clinton en 1999 parce qu'alors, a-t-il dit, il serait plus prisonnier à l'extérieur qu'à l'intérieur de la prison.
La prisonnière politique Ana Belén Montes, d'origine portoricaine et officier des service secrets US, a été condamnée à 25 ans de prison, dont elle a purgé 14, pour avoir alerté Cuba de projets terroristes tramés aux USA contre cette île caraïbe. À Guantanamo, presque cent personnes, enlevées dans différents pays et transférées secrètement par avion jusqu'à ce territoire dont Cuba fut dépouillé il y a plus d'un siècle, attendent depuis des années de savoir ce qu'on va faire d'elles, privées de leurs droits, y compris du droit à être défendues, dans l'attente d'un jugement qu'elles n'obtiendront pas.
L'année dernière, dans les rues des USA, mille deux cents personnes, noires pour la plupart, sont mortes sous les coups de la police. De fait, il n'existe nulle part au monde de police qui tue plus, ni plus impunément.
 Résultats de recherche d'images pour « Obama en cuba »
 Et Obama a encore l'impudence de parler à Cuba des droits de l'homme, abrité qu'il est par la couverture que lui offrent constamment les grands médias, qui nous le présentent, aujourd'hui comme hier et comme tous les jours, souriant, se protégeant de la pluie sous un parapluie, dansant avec sa ravissante Michelle, s'amusant avec ses filles heureuses, prenant un café avec une habitante, jouant au basket avec des enfants, saluant un cireur de chaussures, nous montrant sa voiture, son avion privé, mangeant un hamburger dans la rue, buvant un soda… Qu'il est humble, ce Prix Nobel de la Guerre, qu'il est humble et quel fils de pute.


Affrontons cette réalité :
IL Y A DES PRISONNIERS POLITIQUES AUX USA
Liberté maintenant !
Amnistie et droits humains
pour les prisonniers politiques aux USA