lundi 25 août 2008

Ils jouent avec le feu ou quand l’histoire bégaie

par Hergen MATUSSIK, 17 Août 2008, traduit par Michèle Mialane, tous deux de Tlaxcala
Originalfassung Wiederholungen und Propaganda: Das Spiel mit dem Feuer


La conjoncture politico-militaire actuelle ressemble à un effort considérable de ses acteurs , en particulier du « monde occidental » pour reconstituer le scénario qui a précédé la Deuxième guerre mondiale. C’est ainsi que Zbig Brzezinski, l’un des manitous de la politique étrangère usaméricaine, compare les évènements en Géorgie à l’invasion de la Tchécoslovaquie par Hitler et aux manœuvres de Staline en Finlande (huffingtonpost.com ; welt.de). Il confirme ainsi que les voyous préférés de l’histoire récente sont au rendez-vous pour fournir les bonnes comparaisons au bon moment.

La Russie met fin à l’agression de la Géorgie - soutenue par l’ Occident , USA en tête- contre l’Ossétie du Sud en mettant en fuite sans grand remue-ménage les troupes géorgiennes et toute la presse occidentale « reconnue » - c’est à dire le Ministère de la Propagande du « monde libre » - en fait un « agresseur » désireux de s’annexer la « pauvre petite Géorgie ».

Les faits laissent nos journalistes complètement froids - le tir de roquettes sur Tshkinvali au cours de la nuit d’ouverture des Jeux Olympiques, et les 2000 morts -à ce jour- qui en sont la conséquence directe- les « conseillers militaires » usaméricains présents en Géorgie depuis un bon moment, la fourniture massive d’armement israélien et usaméricain à ce pays, ainsi que les intérêts économiques en jeu - quel idiot pourrait encore croire qu’il s’agit de liberté et d’autodétermination de peuples dont le consommateur moyen de médias est à peine en état d’énoncer le nom et moins encore de les localiser ? mais les USA continuent à dévider leur discours va-t’en guerre ( Cheney : « ...must not go unanswered » ; Rice : »This is not Prague in 1968 ») et trouvent un soutien chez le autres gouvernements des pays membres de l’OTAN, qui révèle de plus en plus son vrai visage : celui d’une alliance impérialiste offensive visant à l’hégémonie mondiale. Fidèle à son attitude dans le conflit israélo-palestinien et à son soutien inconditionnel à Israël, l’Europe reprend largement le bla-bla-bla usaméricain, avec juste un petit bémol dans le meilleur des cas - peut-être seulement parce qu’ils seraient les premières victimes (collatérales) d’une opération militaire et que quelques Européens encore en vie en ont fait l’expérience personnelle.

- La lie de l'humanité, je présume ?
- L'assassin sanguinaire de travailleurs, je suppose ?
Caricature de David Low dans l'Evening Standard de Londres après l'attaque allemande sur la Pologne et l'entrée simultanée de l'Armée rouge le 17 septembre 1939, en application du pacte Hitler-Staline

Quasiment en réponse à l’issue humiliante de l’attaque criminelle contre l’Ossétie du Sud la Pologne et les USA mettent à exécution leur vieux projet de positionnement d’antimissiles (« défensifs ») à la frontière russo-polonaise. Un processus que certains commentateurs ont comparé à au pacte d’assistance entre l’Angleterre et la Pologne avant la Deuxième guerre mondiale (6 avril 1939). On peut effectivement constater une certain parallélisme entre les deux - on pourrait en établir aussi entre leurs conséquences, possibles dans le second cas. L’Angleterre a perdu son empire mondial dans l’affaire (du point de vue des élites qui détenaient cet empire, il est possible de considérer qu’elle ne l’a pas perdu , mais qu’il a été transformé et modernisé). Il est possible que les efforts évidents des USA et de leurs alliés pour se mettre sur le dos, en plus des foyers de crise et de guerre actuels - Afghanistan et Irak - l’Iran et à sa suite tout le Proche-Orient, ainsi que des fronts de plus en plus militarisés en Europe centrale entraînent les mêmes conséquences : un conflit devenu incontrôlable et la fin du « siècle américain » avant même son début.

S’y ajoutent le conflit kossovar, qui n’est résolu qu’en apparence, et au prix d’une humiliation infligée à la Serbie, alliée traditionnelle de la Russie dans les Balkans, la poudrière nucléaire du Pakistan, la peur soigneusement attisée du fondamentalisme islamique, l’« option » de la frappe nucléaire et de la guerre contre l’Iran et pour finir l’endettement gigantesque de « l’unique superpuissance » , qui peut entraîner son insolvabilité (autrement dit : sa faillite), joint à l’état général inquiétant du système financier international. Dans ce contexte, la perspective d’un conflit mondial est loin d’être impensable . Et à coup sûr un tel conflit « redistribuerait les cartes » ( et s’accompagnerait sans doute d’une énorme chute de la population mondiale)

Comme c’était déjà le cas en 1939, il est bien difficile d’arrêter les élites quand elles ont commencé à jouer avec le feu (en 1939 il a été impossible d’empêcher la catastrophe.) La dissolution de l’OTAN, à qui la fin de l’union Soviétique a fait perdre toute raison d’être, constituerait un pas dans la bonne direction. C’est à cela que les peuples européens devraient pousser leurs gouvernements.


Et ce droit à l’autodétermination des peuples, dont on nous rebat les oreilles, serait pour une fois respecté !

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