lundi 3 novembre 2008

Déclaration finale et plan d’action de la Rencontre Internationale de Solidarité avec la Bolivie

Santa Cruz de la Sierra, Bolivie, 25 octobre 2008

Convoqués par l’appel « Ceux qui se lèvent aux côtés de la Bolivie et d’Evo le font pour tous les peuples et tous les temps !», nous sommes, 1584 délégués et déléguées de 18 pays, représentant 111 organisations, réunis à Santa Cruz de la Sierra pour célébrer la première Rencontre Internationale de Solidarité avec la Bolivie, car la révolution et la solidarité ne sont le patrimoine de personne mais celui des peuples.


Santa Cruz, 25/10/2008. Meeting final de la rencontre au Stade Montero. Photo Pato Zhingri T.

Nous reconnaissons que nous vivons et que nous luttons dans les temps du nouveau PACHAKUTIK[1] (1), aspirant à la paix.

Dans cette conjoncture historique où s’ouvre le chemin vers l’émancipation, nous continuons d’être menacés par une offensive contre-révolutionnaire de l’impérialisme, des gouvernements néolibéraux vendus, des fascistes et des secteurs réactionnaires intérieurs à son service. Cette offensive inclut une grave escalade de militarisation, d’installation de nouvelles bases militaires, de tentatives de coup d’État, de plans de magnicide[2] politique, d’interventionnisme et d’ingérence dans les affaires intérieures, d’appui au divisionnisme et au séparatisme, pour affaiblir les gouvernements révolutionnaires et progressistes qui aujourd’hui se développent en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Cette offensive réactionnaire a aussi comme objectif central l’anéantissement des peuples indigènes et des nations originaires, nous qui avons résisté héroïquement durant cinq siècles. Au contraire nous sommes pour la culture de la vie et nous rejetons la discrimination, le sexisme, le racisme, le colonialisme, le fascisme et tout ce qui relève de la culture de mort.

Peuples indigènes et mouvements sociaux et populaires réunis ici, nous nous levons pour la Bolivie et pour Evo Morales, nous exigeons la justice pour nos frères et sœurs et nous célébrons la refondation de la Bolivie qui se réalisera par l’approbation du nouveau texte constitutionnel. D’ici, en Bolivie, nous nous solidarisons avec tous les peuples qui luttent pour leur libération.

Le Plan Colombie, le Plan Puebla Panamá, entre-autres, l’activation de la IVe Flotte des USA, l’augmentation de ses effectifs militaires sous le couvert de projets humanitaires, les exercices militaires réalisés conjointement avec des armées alliées, le financement de groupes réactionnaires intérieurs de manière directe et sous la forme de programmes d’ONG, la criminalisation de la légitime protestation sociale et populaire, se réalisent sous les prétextes fallacieux de combattre le terrorisme et le narcotrafic.

Nos peuples sont toujours plus conscients que les véritables terroristes sont l’impérialisme et ses gouvernements alliés, et que l’escalade de militarisation qu’ils imposent à notre continent vise au contrôle et à la poursuite de l’appropriation par les transnationales de nos principaux éléments de vie et autres ressources naturelles: eau, biodiversité, feuille de coca, combustibles fossiles, connaissances ancestrales des peuples indigènes, germoplasmes[3].

L’offensive réactionnaire de l’empire menace et tente de défaire les processus révolutionnaires en marche en Bolivie, à Cuba, au Venezuela, en Équateur, au Paraguay et d’autres pays avec des gouvernements progressistes ; et de freiner l’essor irrépressible de nos peuples originaires et des mouvements sociaux et populaires qui luttent pour la défense de la liberté et la justice dans les pays gouvernés par des néolibéraux.

Nous déclarons donc le président US, George Bush coupable de génocide et ennemi de l’humanité, et lançons un appel pour qu’il soi jugé par la Cour Pénale Internationale. Nous saluons et jugeons positive la décision d’expulser de Bolivie l’ambassadeur usaméricain qui a activé la division, le terrorisme et financé l’oligarchie locale.

Dans le cas de la Bolivie, cette politique réactionnaire a eu un impact particulier car elle reçoit l’appui des groupes oligarchiques racistes qui recourent à l’illégalité et au crime ; ils ont déchaîné une véritable guerre contre le peuple avec l’objectif de détruire un projet révolutionnaire exemplaire, véritablement démocratique avec une justice sociale, incluant le caractère plurinational, dirigé par le premier président indigène des Amériques, le frère Evo Morales Ayma.

Nous dénonçons l’attaque et la mise à sac d’institutions et organisations des peuples indigènes de Santa Cruz et d’organisations de défense des droits humains ; nous lançons un appel à toute la communauté internationale à condamner ces actes de racisme qui attentent la vie et la dignité de nos frères de Santa Cruz, Tarija, Beni, Sucre et Pando.

Nous sommes solidaires avec nos frères boliviens du Département de Pando et nous appuyons les mesures que le gouvernement a prises, en instaurant l’état de siège comme moyen de protection et de garantie de la vie des dirigeants et paysans de ce département victimes du massacre des grands propriétaires terriens. Nous dénonçons le système de justice bolivien qui bloque toute punition aux violeurs des droits humains et développe l’impunité. Nous interpelons le Sénat bolivien pour exiger l’approbation de la loi qui reconnaît le vote des Boliviens vivants à l’étranger, et nous nous solidarisons avec les frères qui sont en grève de la faim pour la ratification de cette loi.

Nous savons, en tant que peuples indigènes et mouvements sociaux et populaires – que dans les domaines politique, économique et social - est nécessaire une intégration génératrice d’égalité, qui respecte la vie, qui nous permette, avec la force que nous apporte l’unité, de faire face à l’impact de la crise et de toutes les caractéristiques du « libre échange » impérialiste et de la globalisation néolibérale. Pour cela nous disons NON à l’usage de matières premières et des aliments pour produire des agrocarburants qui attentent à la souveraineté alimentaire et à l’équilibre de la planète, la Pachamama ; NON aux engrais chimiques et à la mine prédatrice et polluante pour sa retombée négative sur la vie et la santé des peuples.

Nous revendiquons la révolution agraire comme possibilité unique d’une juste redistribution de la terre sous le principe que « la terre est à celui qui l’aime et la travaille » ; la protection de la diversité biologique ; une économie réciproque, complémentaire et équilibrée. En ce qui concerne les alternatives d’intégration, nous sommes partie prenante de la création de la Banque du Sud et de la monnaie unique pour le développement autonome des peuples.

Nous défendons la nécessité d’une Réforme Universitaire latinoaméricaine qui dise NON à l’OMC sur l’éducation, à la marchandisation de l’enseignement, et OUI à l’enrichissement des peuples par une éducation productive pour l’intégration, l’alphabétisation et la transformation ; au développement technologique et à la recherche scientifique qui nous soient appropriés, à la défense de nos propres connaissances. L’intégration à la communication et à la connaissance est vitale pour nos peuples.

En cette ère de lumière, à l’aube du Bien Vivre pour les peuples d’Abya Yala, renforcés par l’énergie qui croît et se nourrit de l’échange de nos savoirs, de nos luttes et nos résistances millénaires partagées à l’occasion de cette Rencontre historique, NOUS CONVENONS DE :


1. Nous constituer en Comité International de Solidarité avec la Bolivie et le Président Evo Morales, en incluant toutes les organisations et les mouvements qui ont participé à cette rencontre, et d’encourager à y adhérer tous ceux qui s’identifient à cette juste cause dans tous les pays du monde.

2. Former le Tribunal des Peuples pour examiner et punir les actes de violence dans les Départements de Santa Cruz, Beni, Tarija et Sucre et spécialement le crime de génocide commis à Pando par le préfet Leopoldo Fernández. Nous appelons les peuples à refuser la visite de nos pays par les préfets génocidaires et leurs séides politiques qui sont les promoteurs de la haine, du racisme et de la violence.

3. Nommer le Président Evo Morales comme Ambassadeur des peuples indigènes et des pauvres du monde, et comme notre porte-parole pour la promotion et la défense des droits de tous les peuples.

4. Proclamer la candidature du frère Evo Morales au Prix Nobel de la Paix.

5. Travailler systématiquement à diffuser la vérité et contrer la désinformation que font l’oligarchie et les grands médias de communication de droite sur le processus révolutionnaire en Bolivie.

6. Articuler un réseau continental informatique d’organisation, information et communication qui permette de nous mobiliser et d’agir en réponse à n’importe quelle agression ou tentative de l’empire de nuire au projet révolutionnaire bolivien ou d’un pays frère.

7. Construire un Réseau d’Information des peuples indigènes et des mouvements sociaux du continent.

8. Nous engager à défendre le processus révolutionnaire bolivien, lequel constitue une priorité de notre lutte contre l’impérialisme et celle de la défense de la vie.

9. Réaliser un travail systématique d’éducation populaire lié à la militarisation et aux dangers qu’elle représente pour les vies de nos peuples, depuis le niveau communautaire jusqu’aux niveaux nationaux et continentaux.

10. Nous mobiliser activement, à l’échelle nationale et continentale, pour le retrait des bases militaires et autres actions de militarisation et pénétration impérialistes.

11. Exiger l’application de la Convention pour la Prévention du Délit de Crime de Génocide, commis en Bolivie, au Pérou et en Colombie.

12. Aider les peuples frères du continente à la construction de leurs propres États plurinationaux.

13. Créer un espace pour débattre de la constitution de l’UNASUR[4] (4) des peuples.

14. Pousser les gouvernements de l’UNASUR à accorder un Document Régional Unique, qui nous permette la libre circulation dans le continent au-delà des frontières ; d’assurer l’intangibilité des ressources naturelles vitales : eau, terre, feuille de coca et la biodiversité ; de créer un cercle ou une instance pour la résolution des conflits entre Latino-américains pour qu’ils évitent la guerre ; d’élargir et d’appuyer les traités de commerce des peuples et de l’ALBA[5] ; et d’élever au rang de la loi la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Indigènes, en suivant l’exemple du Président Evo Morales.

15. Appuyer les audits sur la dette publique extérieure des peuples, exiger la reconnaissance par l’Europe de la dette historique, écologique et culturelle contractée depuis son invasion de nos territoires, et rejeter la « directive retour » approuvée par le Parlement européen.

16. Promouvoir l’expulsion de nos pays de l’agence usaméricaine USAID[6] ainsi que d’autres qui attentent à la souveraineté des peuples.

17. Engager la construction du Tribunal International des Peuples pour le jugement des entreprises multinationales.

18. Construire la Charte Ouverte de Notre Amérique - Abya Yala, une manifestation collective des intellectuels, savants de nos peuples, artistes, scientifiques, penseurs et académiciens.

19. Réaliser des rencontres de solidarité périodiques dans des lieux où les groupes pro-impérialistes et oligarchiques prétendent freiner le changement vers la récupération définitive du Bien Vivre (Sumak Kawsay).

20. Développer une campagne de solidarité avec la Bolivie pour un accès souverain à la mer.

Santa Cruz de la Sierra, Bolivie
25 octobre 2008


[1] Pachakuti est un mot quechua qui signifie changement, renaissance, transformation et la venue d’une nouvelle ère. Sepulveda le définit ainsi : “Une sorte de renaissance des personnes qui se produit à partir d’un phénomène climatique ou d’un grand mouvement social qui débouche sur une transformation totale des consciences”. Pachakutik signifie « celui qui retourne tout », autrement dit "le révolutionnaire" au sens étymologique. Cusi Yupanqui (1438-1471) prit ce nom quand il devint empereur Inca, après la bataille historique de Yahuar Pampa contre les Chancas. C’est désomrmais le surnom donné à Evo Morales.

[2] Un magnicide est le meurtre d’une personnalité importante de l’Etat.

[3] Les germoplasmes sont les semences indigènes sur lesquelles l’agrobusiness transnational tente de faire main basse par le biais du brevetage du vivant, constituant ainsi ce qu’on appelle un biopouvoir..

[4] UNASUR : Union des Nations Sud-américaines

[5] ALBA : Alternative Bolivarienne pour les Amériques

[6] (6) USAID : Agence US pour le Développement International. Lire à ce sujet Un journaliste usaméricain démontre l’intervention des USA en Bolivie

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Source : Declaración final y plan de acción

Article original publié le 31/10/2008

Traduit par Gérard Jugant et Esteban G., révisé par Fausto Giudice,
Tlaxcala

Dichiarazione finale e piano di azione dell'Inncontro internazionale di solidarietà con la Bolivia

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