mardi 18 novembre 2008

« Ils veulent nous déraciner ! »

La lutte contre le mur d’apartheid
par Jamal Juma
Jamal Juma est le coordinateur de la campagne palestinienne contre le mur d'apartheid (
Stop the Wall - Grassroots Palestinian Anti-Apartheid Wall Campaign).

« Ce mur nous vole et la terre et l’eau ; il porte atteinte au statut historique et démographique de la région. Il déracine nos arbres et détruit notre cadre naturel. Il est contraire à tout ce qui est humain et civilisé. »
Déclaration commune des villages de la région de Qalqilyia en 2002.

Tout récemment encore Ni’lin [1], une petite ville de 5000 habitants située au nord-ouest de Ramallah a fait la une dans les médias du monde entier. Depuis trois mois sa population manifeste presque chaque jour dans ses rues et ses champs contre le mur de l’apartheid. Celui-ci menace de détruire leur sol et d’encastrer leur ville entre barbelés, colonies juives et leurs routes et ainsi d’anéantir les fondements mêmes de leur existence.
Le village a souffert de l’occupation israélienne dans toute sa brutalité : des soldats occupants ont tiré à moins de deux mètres de distance une balle dans le pied d’Ashraf Abou Rahma, 27 ans, arrêté pendant une manifestation, menotté et les yeux bandés. Moins de trois semaines après, Ahmad Mousa, 12 ans, se reposait sous un arbre après une manifestation en compagnie de trois amis, lorsqu’une jeep de l’armée israélienne se dirigea vers les enfants. Deux soldats en descendirent et épaulèrent leur fusil ; Ahmad Mousa fut froidement assassiné d’une balle dans le front.
Le lendemain, au cours de la marche de protestation après l’enterrement d’Ahmad, l’armée d’occupation tira, à une distance de quelques mètres, deux balles en caoutchouc sur Yousef Amira, 17 ans. On avait visé à la tête. En état de mort cérébrale, le jeune homme décéda quelques jours après.

Des manifestations qui perdurent

L’armée d’occupation avait mis en garde la population de Ni’lin : si les habitants ne cessaient pas de protester contre l’édification du mur sur leurs terres, ils s’exposeraient à de lourdes représailles. C’était aussi ce que disaient les tracts distribués par l’armée. Et c’est ce qui s’est passé : on terrorise méthodiquement la population et on y ajoute des crimes de guerre. Nil’in est la seule localité à manifester régulièrement contre la construction du mur. Actuellement quatre régions organisent des manifestations tous les vendredis et les jours de mobilisation nationale les habitants manifestent dans des dizaines de localités entre Jénine et Hébron. Presque tous les villages affectés par le mur ont un comité populaire qui organise la résistance à son encontre. Même s’il ne fait pas les gros titres, le mouvement contre l’édification du mur de l’apartheid est désormais une pierre angulaire de la lutte de libération en Palestine.

Le Mur de Palestine : un projet pharaonique
La construction du mur a débuté au printemps 2002 au Nord de Jénine. La « réoccupation par Israël de la Cisjordanie», qui a mis la région à feu et à sang, venait de s’achever. Les habitants de Jénine abritaient leurs morts dans le camp de réfugiés, la ville elle-même ayant été durant le massacre rasée par les bombardements. C’est alors que des douzaines de bulldozers se sont mis à déferler sur les champs au nord de Jénine pour les détruire. Bientôt ils arrivèrent aussi dans la région de Tulkarem et de Qalqiliya. Personne ne savait au juste ce qui motivait un tel ravage des terres - une seule chose était claire : il s’agissait à coup sûr d’un projet pharaonique.
Aujourd’hui des cartes montrent le tracé exact du mur. Nous savons qu’il dévore sur près de 700 km les champs et zones d’habitation palestiniennes et, joint aux colonies et à leurs infrastructures ainsi qu’aux zones militaires interdites, isole la moitié de la Cisjordanie de ses habitants palestiniens. Dès le début, les paysans se sont organisés spontanément pour défendre leurs champs contre les bulldozers ; on n’avait encore qu’une vague idée de ce que devait être le mur. Ce n’est qu’un an plus tard que les forces d’occupation ont publié les premières cartes du tracé complet du mur. Pour soutenir la résistance des villageois, leur permettre de coordonner leurs actions et de parler d’une seule voix ainsi que pour collecter et évaluer les informations nécessaires, et enfin d’éveiller l’attention et la contestation à l’échelle planétaire, la campagne contre le « mur de l’apartheid » a été lancée au début d’octobre 2002.
Au cours des six années qui ont suivi la résistance s’est de plus en plus politisée, mais sa base reste toutefois les communautés villageoises qui se défendent jour après jour contre la spoliation de leurs terres et l’isolement de leurs villages ; Jayyous [2]
, un village d’environ 4000 habitants situé au Nord de Qalqiliya a été l’un des premiers à se défendre contre le Mur. Dès juillet 2002 les communautés affectées par la construction du mur ont fait une déclaration commune où elles dépeignent le mur comme « l’occupation sous sa forme la plus hideuse » : « Ce mur nous vole et la terre et l’eau ; il porte atteinte au statut historique et démographique de la région. Il déracine nos arbres et détruit notre cadre naturel. Il est contraire à tout ce qui est humain et civilisé. »


Jayyous, Octobre 2002. Photo PENGON/Anti-Apartheid Wall Campaign



Au mois d’octobre 2002 ont eu lieu les premières manifestations régulières. Les protestations contre le Mur élevées par la population ont été brutalement réprimées mais n’ont pas cessé pour autant. Ce qui n’a pas empêché, tout juste un an pus tard, la construction du Mur d’être assez avancée dans le nord de la Cisjordanie pour que les occupants y installent des portails et instaurent un système de laissez-passer. Ce nouveau système permet à la puissance occupante de décider à sa convenance qui a ou non le droit de se rendre dans ses champs. Un parfait outil de punition collective. Les paysans de Jayyous décidèrent alors de s’opposer à cette mesure en campant dans leurs champs de façon permanente. Jénine et Tulkarem leur emboîtèrent rapidement le pas contre le système des laissez-passer. Nombre d’entre eux se refusèrent à demander un laissez-passer aux autorités d’occupation. Cinq ans après, la plupart de ceux qui en avaient demandé n’en ont plus. Seuls 40% des familles propriétaires à Jayyous en détiennent, et ceux qui n’ont pu produire de titres de propriété ont perdu leur travail. Les laissez-passer, comme il fallait s’y attendre, ont fonctionné comme un mécanisme permettant de priver progressivement les paysans de l’accès à leurs champs et parallèlement de faire pression sur eux pour leur interdire toute activité politique.
La maison d’Hani Amer à Mas’ha et sa capacité de résistance constituent un modèle de résistance au Mur. Mas’ha se situe dans la région de Salfi entre Qalqiliya et Ramallah. La colonie d’Elkana s’est étendue en territoire palestinien jusqu’à cinq mètres de la maison d’Hani Amer. Comme il n’y avait pas suffisamment de place entre les deux pour y faire passer le Mur, la maison devait être détruite. Des protestations ininterrompues jointe aux informations données par les médias internationaux au sujet de Hani Amer et des projets des occupants ont poussé l’armée à changer de tactique. Munies de grosses sommes et de la proposition de rendre à Hani Amer un terrain équivalent à ce qui était de toute façon sa propriété légale, mais avait été confisqué, les autorités d’occupation ont tenté d’acheter Hani Amer en échange de sa maison et de sa terre.
Mais Hani Hamer ne voulait pas d’argent. Il était prêt, en revanche, à un autre «deal» : « Laissez-moi revenir à Kafr Qassem, d’où vous m’avez chassé en 1956, et je vous laisse la maison. » L’idée de permettre à un réfugié palestinien le retour dans son village d’origine a fait fuir pour longtemps les négociateurs de la puissance occupante. Aujourd’hui, Hani Hamer vit entre des barbelés, du côté de la colonie, et un mur en ciment haut de huit mètres qui les sépare, lui et sa famille, de Mas’ha et du reste de la Cisjordanie. Cette étrange prison n’a pas plus de cinq mètres de large. Presque tous les jours, des colons jettent des pierres ou des ordures par-dessus la palissade, surtout quand les enfants jouent devant la maison. Un portail de fer permet à Hani Hamer d’accéder au monde extérieur. Il s’est battu longtemps pour en avoir la clé. Durant des mois Hani et sa famille n’ont pu quitter leur maison que si un soldat occupant leur ouvrait la porte.




Jayyous, Juillet 2003. Photos PENGON/Anti-Apartheid Wall Campaign

Début 2004 le mur avait déjà atteint la région de Ramallah. Les villages touchés à l’ouest de Ramallah sont entrés en résistance contre les bulldozers qui désormais détruisaient leurs champs à eux. Pendant que la Cour de Justice internationale de La Haye commençait à enquêter sur la légalité du Mur, l’armée commençait à tirer sur les militants palestiniens qui continuaient à manifester contre sa construction. À Biddou [3] cinq personnes trouvèrent la mort. Au cours d’une seule manifestation, en février, quatre hommes furent abattus - un autre devait mourir à l’hôpital quelques jours après - et 70 blessés. Finalement l’armée ordonna d’arrêter les travaux jusqu’à nouvel ordre.
La destruction des champs de Biddou ne reprit que plusieurs mois après. Quand les travaux recommencèrent dans la région de Ramallah, la résistance s’étendit. À Deir Qaddis, Qattana, Ni’lin, Mediya, Zawiya, Rafat, Qattana et Deir Ballout on se mit à manifester de façon régulière. À Khirbatha Bani Hareth 40 hommes de l’armée d’occupation furent blessés. Un an après cette armée n’eut pas d’autre recours que les assassinats ciblés contre les manifestations de masse qui avaient lieu à Beit Liqyia pour empêcher la destruction des champs par les bulldozers et défaire le travail de construction du Mur entrepris. C’est à Beit Liqyia que l’armée testa les assassinats d’enfants et d’adolescents pour briser la résistance.


Jayyous, Décembre 2004. Photo PENGON/Anti-Apartheid Wall Campaign

Le 8 juillet 2005, presque un an jour pour jour après la décision de la Cour Internationale de Justice qui attestait l’illégalité du Mur et exigeait la démolition de toutes les structures déjà édifiées, l’armée d’occupation assassina Mahmoud Assi, 15 ans, qui vendangeait. Il travaillait dans le champ familial, voisin du Mur. Les soldats lui tirèrent une balle dans la poitrine et une dans l’épaule. Le lendemain, au cours de l’enterrement, ils tirèrent une balle en caoutchouc dans la tête de Zahi Ragib, 13 ans, et unique témoin du meurtre de Mahmoud. Zahi survécut. Deux mois plus tôt, le 14 mai 2005, l’armée avait déjà tiré à quelques mètres de distance sur Jamal Jaber (15 ans) et Uday Mofeed (14 ans), tous deux originaires de Beit Eliya. Abou Iyad, un parent des défunts, fit ce commentaire : « Voilà ce qu’est l’armée israélienne, voilà ce que nous avons à attendre d’elle. Mais ils peuvent faire ce qu’ils veulent ...voler nos terres, tuer nos enfants... nous n’abandonnerons pas notre pays. Ils veulent nous déraciner, mais l’avenir est à nous, et c’est nous qui déracinerons nos occupants. »
Dans ce contexte l’assassinat des deux jeunes de Ni’lin en juillet dernier n’étonne plus personne - il n’en est pas moins cruel et tragique. À Ni’lin, de plus, une semaine de bouclage total est venue s’ajouter au meurtre. Là comme en bien d’autres endroits on a testé toute une panoplie d’armes toutes nouvelles ainsi que des « crowd control tools » (instrument de contrôle des foules). Dernière trouvaille : les ballons puants. On jette sur les manifestants des ballons emplis d’un liquide écœurant rappelant les eaux usées, ce qui provoque des vomissements.
Les manifestations et protestations contre le mur de l’apartheid ont été d’emblée un élément déterminant de la deuxième Intifada et prolongent la résistance de la population. Des étudiants et des groupes de femmes organisent des actions et des protestations et appellent à résister au lieu de s’adapter. Dans nombre d’universités de Cisjordanie des étudiants ont relancé le boycott des produits israéliens décidé pendant la première Intifada avec le mot d’ordre « Break their Siege, Boycott their Products. » (Brisons leur siège, boycottons leurs produits) Aujourd’hui comme alors ce boycott n’est pas seulement un moyen de soutenir les paysans et l’économie palestiniens, mais aussi une culture de résistance.
Ne reposant pas sur une base politique partisane, mais sur les militants et notables locaux, la résistance au Mur est une alternative claire aux luttes intestines qui paralysent largement les élites politiques palestiniennes. Après plus d’un an de luttes de pouvoir entre le Fatah et le Hamas, les protestations contre le Mur ont mobilisé en 2007 la totalité de la Cisjordanie, du Nord au Sud, pour célébrer le Jour de la Terre (30 mars) Tout le long du mur de l’apartheid et dans les villes les gens sont descendus dans la rue, pour rappeler au monde entier en commençant par leurs propres dirigeants les principes et buts fondamentaux de leur lutte. Le peuple palestinien se bat depuis 60 ans pour sa terre, le droit au retour des réfugiés et le droit à l’autodétermination, pas pour un poste dans un gouvernement qui n’a d’ailleurs rien à gouverner, puisque les occupants détiennent tout le pouvoir.


Le "Gate Nr. 943", un des deuux seuls passages dans le mur à Jayyous

Le mur que personne ne veut voir
La résistance au Mur d’apartheid n’est pas une simple question de barbelés et de blocs de ciment, loin de là. Le Mur n’est pas un projet isolé, mais partie intégrante d’une politique beaucoup plus vaste de déportation et de ghettoïsation die peuple palestinien, elle-même condition indispensable à la colonisation de notre terre (...) La résistance s’attaque en conséquence au système dont fait partie le Mur ; morcellement de la Cisjordanie par les colonies et les infrastructures qui s’y rattachent et finalement au Mur ainsi qu’à la normalisation et à la pérennisation économique de la structure de ghetto qu’il engendre. La résistance se dresse aussi contre l’oubli de la catastrophe que constitue le Mur pour la population palestinienne, et contre la passivité avec laquelle la contemplent - ou plutôt en détournent les yeux - ceux qui portent la responsabilité de n’avoir pas empêché sa construction. Et contre le silence qui l’entoure.
Ce sont les comités populaires qui, à l’été 2003, ont manifesté devant le palais présidentiel, la Mouqata, ont soumis au Premier Ministre d’alors, Mahmoud Abbas, les cartes et informations relatives à la construction du Mur et l’ont poussé à en parler au monde entier. Au cours de la visite qu’il a effectuée ensuite à Washington la Maison Blanche a laissé échapper une allusion au « mur qui serpente à travers la Cisjordanie ». Non que la politique des USA ait changé de ce seul fait, mais le Mur figurait désormais à l’agenda international. Les Nations Unies ont demandé l’approbation de la Cour Internationale de Justice, puis réclamé l’établissement d’un registre des dégâts donnant droit à des indemnisations [4].
Depuis, le Mur semble toutefois être devenu un sujet aussi périlleux à aborder que les droits des réfugiés palestiniens. Le jour même de la Conférence d’Annapolis, une vaste coalition emmenée par la Campagne contre le Mur de l’Apartheid et les Comités populaires et regroupant tous les partis politiques ainsi que la majorité des ONG palestiniens a organisé à Ramallah une énorme manifestation. Elle appelait l’Autorité palestinienne et l’OLP à réclamer à Annapolis le respect des droits fondamentaux du peuple palestinien. Mais le Mur n’apparaît nulle part dans les négociations menées ni dans le document signé à Annapolis.
Les Nations Unies ont exhorté à respecter les exigences de la Cour Internationale de Justice qui prévoient la démolition du Mur et rappelé à tous les signataires de la Convention de Genève qu’ils sont responsables en cas de non-respect de cette Convention - la construction du Mur en est un exemple. Pourtant le Secrétaire général alors en fonction, Kofi Annan a refusé lors de sa visite à Ramallah de simplement voir de ses yeux le mur qui isole Ramallah de Jérusalem. Des milliers de militants des Comités populaires contre le Mur ont toutefois fait entendre par le biais d’une manifestation devant la Mouqata la voix de ceux dont il menace la terre et la vie. Il n’est donc pas étonnant que les Nations Unies n’aient rien produit d’autre qu’une amorce de registre des dégâts pour faire appliquer concrètement la décision de la Cour. L’OLP s’est toujours refusée à reporter l’affaire devant le Conseil de sécurité ou l’Assemblée générale de l’ONU. Tandis que le mur de l’apartheid court le risque constant de disparaître en tant que tel de l’agenda des négociations internationales, il n’est question que de discussions pour trouver des moyens de garantir le statu quo incluant le Mur. De vastes projets économiques et des infrastructures d’un coût de plusieurs milliards de dollars US doivent permettre de poursuivre l’exploitation d’une main-d’œuvre palestinienne à bas coût enfermée derrière le Mur.
Envers et contre tout, la démolition du Mur et le dédommagement des populations lésées ainsi que le refus d’envisager l’avenir de la Palestine sous un régime d’apartheid sont et resteront les exigences fondamentales de tous ceux qui ont à souffrir du Mur. Leur résistance à son encontre est aussi une lutte pour qu’on prenne (à nouveau) en compte la voix des premiers concernés dans le processus politique palestinien.

Notes

[1] Nil’in : e, 197*487, 40000 dunum (= 0,01 ha) sur les 58000 que possédait cette localité se sont trouvés « du mauvais côté » de la ligne de cessez-le-feu et ont été confisqués par Israël . Les colonies illégales de Kiryat Sefer, Mettet-yaho et Makkabem ont été édifiées sur les terrains conservés par Ni’lin. Les routes qui desservent les colonies de Nili et Na’le lui ont encore enlevé du terrain. L’ensemble colonies plus routes représente 8000 dunum. Le mur de l’apartheid à l’Ouest et la base militaire au Sud en occupent 2500 de plus. La construction d’un tunnel passant sous la route, accessible aux seuls colons, lui en a volé encore 200. Nil’in n’a donc en définitive gardé que 2300 dunum, en grande partie construits, et un seul accès, qui passe par un tunnel contrôlé par les forces d’occupation.
[2] Jayyous se trouve au Nord de Qalqiliya. Ses 4200 habitants disposaient avant la construction du Mur de 12500 dunum de terre. Déjà une grande partie avait été confisquée par Israël en 1948. La ville israélienne de Ra’anana s’élève aujourd’hui sur le territoire de Jayyous. En 1986 1362 dunum ont été confisqués pour y construire la colonie de Tsoufim ; en 1990 d’autres champs ont été volés pour y construire un décharge pour la colonie ; ses effluents dans la nappe phréatique menacent l’environnement et la santé des habitants de Jayyous. 85% des villageois travaillaient dans l’agriculture avant la construction du Mur ; la plupart sont aujourd’hui au chômage. Le Mur a fait subir à Jayyous les pertes suivantes (entre autres)
- Terre : 9800 dunum, soit environ 78% des terrains du village, en sont désormais coupés par le mur ; de nouveaux projets veulent ramener cette surface à 5580 dunum, mais en échange fermer définitivement l’accès au reste.
- Arbres : 2000 oliviers et 1500 fruitiers ont été arrachés, 4000 oliviers gravement endommagés et plusieurs champs de légumes détruits ; d’autres dommages s’y ajouteraient, si le tracé du Mur est effectivement modifié.
- Eau : 6 des 7 puits sont maintenant de l’autre côté du mur.
[3] Le « mur de l’apartheid » encercle Biddou et huit autres petits villages et les isole du reste de la Cisjordanie. 500 dunum de terre de Biddou se trouvent sous le mur, qui en coupe 3500 autres de leurs propriétaires, et 25000 arbres seront arrachés. Voici le nom des manifestants tués à Biddou par l’armée d’occupation:
- Diya’ Abd el Kareem Eid, 24 ans, de Biddou, abattu le 18 avril 2004 ;
- Zakariya Salem, 30 ans, de Beit Iyza, abattu le 27 février 2004 ;
- Mohammed Rayan, 27 ans, de Beit Duqu, abattu le 27 février 2004 ;
- Mohammed Badwan, 21 ans, de Biddou, une balle dans la tête le 27 février, succombe à ses blessures quelques jours après :
- Abed Araman Abed, 70 ans, succombe le 27 février 2004 à un infarctus provoqué par du gaz lacrymogène.
[4] La Cour Internationale de Justice, le 9 Juillet 2004 :
« A. L'édification du mur qu'Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé sont contraires au droit international;
B. Israël est dans l'obligation de mettre un terme aux violations du droit international dont il est l'auteur; il est tenu de cesser immédiatement les travaux d'édification du mur qu'il est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, de démanteler immédiatement l'ouvrage situé dans ce territoire et d'abroger immédiatement ou de priver immédiatement d'effet l'ensemble des actes législatifs et réglementaires qui s'y rapportent ;
C. Israël est dans I'obligation de réparer tous les dommages causés par la construction du mur dans le territoire palestinien occupé, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est ;
D. Tous les États sont dans I'obligation de ne pas reconnaître la situation illicite découlant de la construction du mur et de ne pas prêter aide ou assistance au maintien de la situation créée par cette construction; tous les Etats parties à la quatrième convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, ont en outre I'obligation, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, de faire respecter par Israël le droit international humanitaire incorporé dans cette convention;
E. L'Organisation des Nations Unies, et spécialement l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité doivent, en tenant dûment compte du présent avis consultatif, examiner quelles nouvelles mesures doivent être prises afin de mettre un terme à la situation illicite découlant de la construction du mur et du régime qui lui est associé.



"Ceci est un crime": Manifestation à Jayyous

Source : «Sie wollen uns entwurzeln!», International, III/2008 & Zeit-Fragen Nr.46

Article original publié en Octobre 2008

Traduit par Michèle Mialane et révisé par Fausto Giudice,
Tlaxcala

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire