dimanche 31 mai 2009

Cette société mérite-t-elle de survivre ?

par Leonardo BOFF, 15/5/2009
L'actuel Président de l'Assemblée Générale de l'ONU, Miguel d'Escoto Brockmann - ancien ministre des Affaires étrangères du Nicaragua sandiniste - est en train de donner un nouveau visage à l'organisme international. Il a créé des groupes d'étude sur les sujets les plus variés qui intéressent spécialement une humanité en souffrance, comme la question de l'eau douce, la relation entre énergies alternatives et sécurité alimentaire, la question mondiale des indigènes, et d'autres. Le groupe sans doute le plus significatif, qui inclut de grands noms de l'économie comme le prix Nobel Joseph Stiglitz, est celui qui recherche des issues collectives à la crise économique et financière. Tous sont conscients du fait que les pays du G-20, si importants qu'ils soient, ne peuvent représenter les 172 pays restants -où vivent les principales victimes des turbulences actuelles. D'Escoto prétend réunir au sein de l'Assemblée de l'ONU, les 1er, 2 et 3 juin de cette année, tous les chefs d'État des 192 pays membres pour chercher ensemble des voies durables au service de toute l'humanité -et non seulement des puissants.

Les terroristes d’Israël : l’assassin du Comte Folke Bernadotte est mort, mais ses émules sont toujours actifs

Quand c’est Israël qui fait ça, on appelle cela « combat pour la liberté ».
par Brian CLOUGHLEY, 26/5/2009
« Yehoshua Zettler, disparu le 20 mai à l’âge de quatre-vingt-onze ans, avait été le commandant, à Jérusalem des Combattants pour la Liberté d’Israël, ou Lehi (connus des Britanniques sous le nom de Gang Stern) ; c’était lui qui avait planifié et supervisé l’assassinat du médiateur des Nations Unies, le Comte Folke Bernadotte [et du colonel français André Sérot*, NdE Tlaxcala], le 17 septembre 1948. Bernadotte, qui appartenait à la famille royale de Suède, avait été envoyé au Moyen-Orient par les Nations Unies afin d’y superviser une médiation entre Israéliens et Arabes au sujet du devenir de la Palestine ».

Les 3 K contre les 5 K

par Ayman EL KAYMAN, Coups de dent n° 107, 26/5/2009

Un épisode sanglant de lutte de castes chez les Sikhs apporte de l’eau au moulin des défenseurs autrichiens de l’Occident chrétien



Vienne, 25 mai 2009


L’événement a fait la Une des médias autrichiens et indiens et a déclenché dans le Pendjab indien deux journées d’émeutes qui ont fait deux morts et 1 milliard d’Euros de dégâts : dimanche 24 mai, un commando de Sikhs orthodoxes a attaqué un temple sikh dissident dans le 15ème arrondissement de Vienne, capitale de l’Autriche.

Bilan de l’attaque : un mort et une quinzaine de blessés, dont plusieurs dans un état grave.

Le mort est Sant Rama Nand, gourou de la secte Dera Sachkhand, communément appelée les Ravi Dassi, du nom du gourou Ravid Dass, qu’ils vénèrent. Cette secte est une des nombreuses sectes qui se sont développées dans la nébuleuse sikhe et regroupe essentiellement des Dalits, des intouchables, auxquels l’orthodoxie sikhe ne laisse qu’une place subalterne et marginale.

Les « hérétiques », en général des pauvres, cherchent leur salut auprès de gourous dissidents, en général d’excellents businessmen, dans un mouvement analogue à ceux qui, dans des pays comme le Brésil, voient les pauvres affluer en masse dans les temples des sectes évangéliques.



J
alandhar, Pendjab, 26 mai 2009



Amritsar, Pendjab, 26 mai 2009

Les Sikhs orthodoxes reprochent à ces dissidents de mettre sur un pied d’égalité le fondateur de la religion sikhe et leurs gourous et de ne pas respecter fidèlement la règle des 5 K, que tout Sikh se doit de suivre fidèlement :
Kesha (cheveux longs, non coupés et rassemblés sous un turban),
Kangha (peigne pour entretenir les cheveux),
Kara (bracelet d'acier),
Kachha (pantalon court)
Kirpan (épée).


On imagine qu’un tel incident ne pouvait pas laisser indifférents les successeurs de Jörg Haider à la tête du parti d’extrême-droite FPÖ, Heinz-Christian Strache et Andreas Mölzer, qui mènent actuellement une tonitruante campagne électorale pour les élections au Parlement européen du 7 juin prochain. Les deux hommes viennent de se découvrir une nouvelle tête de Turc, après l’Islam : la religion sikhe. Strache a déclaré que la « politique des portes ouvertes » des deux partis dominants (SPÔ, sociaux-démocrates, et ÖVP, conservateurs) ouvrait la « voie au chaos et au crime multitculturel » (sic).


Le FPÖ a déjà défrayé la chronique avec une affiche électorale proclamant : « Abendland in Christenhand » (toutes les affiches électorales du FPÖ portent des slogans rimés), autrement dit : « L’Occident doit rester chrétien ».
Il ne lui reste plus qu’à produire une affiche affirmant, contre les 5 K, la primauté des 3 K : « Kinder, Küche, Kirche » (Enfants, cuisine, église), le fameux slogan par lequel l’empereur Guillaume II avait défini la place de la femme dans la société, et qui fut habilement repris par le régime nazi.
Ayman El Kayman, gourou du 2K (Klan Kaymanesque)

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à mardi prochain !

Source : Coups de dent - Chronique satirique hebdomadaire sur l'actualité politique française et mondiale

Le militant sahraoui des droits humains Yahya Mohamed El Hafed, “ dans le coma et enchaîné ” à l’hôpital d’Agadir

par SCSC - Servicio de Comunicación Saharaui de Canarias, 27/5/2009. Traduit par Esteban G. et révisé par Fausto Giudice , Tlaxcala

Original : El activista saharaui de DD. HH, Yahya Mohamed El Hafez, “en coma y encadenado” en el hospital de Agadir

Lire aussi Sahara : 4 militants des droits humains s'enferment dans le siège de la MINURSO à Smara pour exiger « la fin de l'extermination des Sahraouis »

Aujourd'hui (27 mai), le tribunal de la ville marocaine a reporté pour la sixième fois le procès contre Yahya Mohamed et contre d'autres prisonniers politiques sahraouis ce qui a provoqué des manifestations de protestation

Agadir (Maroc). – Hier, le militant sahraoui des droits humains Yahya Mohamed El Hafed est entré « dans le coma » à l'hôpital Hassan II de la ville marocaine d'Agadir, où il est toujours « enchaîné à son lit par les pieds et les mains» et « gardé en permanence par des effectifs policiers marocains qui tentent de le nourrir par la force chaque fois qu'il repend connaissance », comme l’ont dénoncé au Service de Communication Sahraoui des juristes espagnols canariens membres de la Mission Internationale d'Observateurs qui se trouvent dans la ville.

Yahya Mohamed El Hafed, prisonnier politique sahraoui et membre du Collectif des Défenseurs Sahraouis des Droits Humains (CODESA), 43 ans, est toujours en grève de la faim depuis le 4 avril pour exiger le respect de ses droits élémentaires et ceux de ses compagnons en tant que prisonniers politiques et demande qu’ils soient séparés des prisonniers de droit commun, ainsi que de bénéficier du droit de visite de leurs familles ou l'accès à la presse, entre autres.

Père trois enfants et soutien de toute sa famille, il a été arrêté le 29 février 2008 et a subi des tortures depuis ce jour pour ses opinions politiques et son militantisme pour les droits humains dans les territoires du Sahara Occidental occupés par le Maroc. Aujourd'hui, le procès (en appel) qui devait avoir lieu à la Courd d'Appel d'Agadir pour considérer le cas de Yahya et d'autres prisonniers politiques sahraouis a été suspendu pour la sixième fois jusqu'au 24 juin prochain.

Selon les militants sahraouis des droits humains présents au tribunal, les motivations de ces continuels ajournements sont celles « de démoraliser les familles, les militants et les juristes espagnols membres de la Mission Internationale des Observateurs, d’empêcher leur assistance et d’éviter de devoir justifier les accusations contre les prisonniers politiques sahraouis », qui sont considérées comme « fausses et des montages grossiers ». En outre, les familles exigent des certificats médicaux fiables qui garantissent l’état réel de leur santé.

Juste après l'ajournement, des étudiants sahraouis de l'Université d’Agadir, de nombreuses familles de prisonniers, des militants et des représentants d'organisations de défense des droits humains au Sahara ont manifesté à l'extérieur du tribunal.

Le Tribunal d'Agadir a condamné en première instance Yahya Mohamed à 15 ans de prison il y a presque un an et l’a interné dans une cellule avec des prisonniers de droit commun. Comme il est coutume dans des procès contre les militants sahraouis des droits humains, les procédures judiciaire n'ont rempli aucune des conditions de base nécessaires et obligatoires dans tout procès, en commençant par les charges retenues, qui sont toujours fausses.

Lorsqu’en avril Yahya et ses camarades ont entamé la grève de faim, la réponse de l'administration pénitentiaire de la prison d'Inzegaine a été « impitoyable et abusive », rappellent les organisations sahraouies. Menottés et frappés, lui et son camarade Bouba Najem ont été transférés à la prison d'Aït Melloul et ont été enfermés dans des cellules d'isolement. Le 15 mai dernier, les gardiens d'Aït Melloul l'ont transféré par la force et sans son consentement à l'hôpital d'Agadir.

Des organisations internationales, le mouvement de solidarité avec le Sahara dans de nombreux pays, spécialement en Espagne, et tous les collectifs sahraouis de défense des droits humains dans les territoires occupés par le Maroc ont lancé une campagne spéciale pour « sauver de façon urgente la vie de Yahya Mohamed El Hafed »;


samedi 30 mai 2009

L’administration US veut faire du Pakistan un État défaillant

par Rachid ZUBAIR, 25/5/2009

Lorsqu’il y a plus d’un an le gouvernement Musharaff est tombé, beaucoup de Pakistanais espéraient voir s’ouvrir une nouvelle ère politique - un espoir amèrement déçu.
L’une des principales raisons de l’impopularité du gouvernement Musharaff était son proaméricanisme et la destitution du juge suprême du Pakistan, Iftikhar Chaudhry. Mais le gouvernement actuel n’a pas davantage respecté le mandat populaire, il a même pulvérisé tous les records de docilité envers les Américains. Le gouvernement du PPP (Pakistan Peoples Party, Parti du peuple pakistanais) est allé jusqu’à envoyer des blindés et des avions contre son propre peuple dans le Nord du Pakistan, ce que même Musharaff n’avait pas osé faire quand il était au pouvoir. Le feu vert aux attaques de drones qui ont coûté la vie à des centaines de Pakistanais est à mettre au compte du PPP. Selon les déclarations officielles et celles des Américains, des combattants d’Al Qaïda auraient été tués, mais cela n’a pas été prouvé. Et même si c’est exact, c’étaient des gens tellement insignifiants qu’ils ne figuraient pas sur les listes du FBI.
Selon des informations d’origine usaméricaine, les drones sont partis du territoire pakistanais, ce que le Ministère pakistanais de la Défense confirme, alors que celui des Affaires étrangères le conteste. Ces contradictions ont ébranlé la confiance de la population dans le gouvernement du PPP. Avant même l’escalade de la violence au mois de mai, environ 12 000 Pakistanais, tous des civils, ont perdu la vie dans des attaques pakistanaises ou usaméricaines.
Et, toujours avant cette escalade, on comptait 800 000 réfugiés de l’intérieur, pour la plupart insuffisamment pris en charge. L’extension du conflit a fait du drame des réfugiés une véritable catastrophe.
Le Président Zardari a obtenu tous les pouvoirs spéciaux, entre autres le droit de dissoudre le Parlement quand bon lui semblera.
D’une part des millions de Pakistanais sont victimes de l’augmentation du prix de l’énergie et des prix en général, d’autre part le Pakistan ne compte pas moins de 60 ministres. On essaie de satisfaire tous les partenaires de coalition et camarades de parti aux frais du peuple.
La situation dans la vallée de Swat

jeudi 28 mai 2009

Européennes du 7 juin 2009 : Refusons de voter ! Un acte de lutte, un geste de résistance !

Nous ne sommes pas communistes, mais nous devons reconnaître la pertinence de l'analyse que nous publions, au nom de la diversité et du débat, seules conditions pour avancer vers un "monde contenant tous les mondes".


La crise que nous vivons est une crise du modèle économique et social que l’Union européenne impose. La " concurrence libre et non faussée ", en interdisant toute possibilité d’intervention des Etats, met en rivalité non des produits, mais des systèmes sociaux. Elle pousse les salaires et la protection sociale à la baisse, crée le chômage massif dans certains pays, la surexploitation dans d’autres, la pauvreté partout. Dans un seul but : augmenter les profits pour le capital aux dépens du travail. C’est le résultat du principe de liberté de circulation des capitaux.L’intégration européenne est l’instrument développé par les capitalistes continentaux pour imbriquer les capitaux au niveau mondial, choix imposé depuis les USA. Objectif : imposer aux peuples de l’extérieur ce qu’aucun d’eux n’aurait accepté de son propre gouvernement.


La crise confirme la nocivité du dispositif. L’interdépendance des capitaux l’a étendue au monde entier en un temps record. Ses ravages pour les peuples se font durement sentir et cela ne peut qu’empirer dans le cadre actuel.

L’appartenance à l’UE, et surtout à la zone Euro, est un facteur aggravant de la crise


La mise place d’une monnaie unique forte, l’Euro, nous a été présentée comme facteur de prospérité. C’est une manipulation ! Avec ce système, le capital peut produire là où la monnaie est faible pour vendre là où elle est forte. C’est un aspect essentiel, rarement évoqué, des délocalisations.Dans un contexte de crise, la concurrence entre les monnaies s’aggrave. Aujourd’hui, presque tous les pays qui ont gardé le contrôle d’une monnaie nationale poussent, logiquement, la leur à la baisse. Il ne s’agit pas seulement des USA, de la Chine et du Japon, mais aussi de pays membres de l’UE. Car l’Euro n’est pas la monnaie de l’Union, contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire : près de la moitié des pays membres, dont le Royaume-Uni, la Pologne, la République tchèque… ont gardé leur monnaie nationale et la font baisser. Ceux qui ont adopté l’Euro, échappant à tout contrôle gouvernemental ou parlementaire, sont donc encore plus fortement désavantagés qu’avant la crise.


D’autre part, l’UE ôte aux gouvernements nationaux toute possibilité réelle d’intervention. Les gesticulations de Sarkozy, les contre propositions tout aussi ridicules du PS, n’y font rien : l’État ne peut intervenir efficacement dans l’économie sans violer les traités. Il ne peut non plus être question de politique douanière. Alors que d’autres pays s’affranchissent marginalement et provisoirement de certains dogmes libéraux pour limiter les dégâts, l’appartenance de l’UE condamne la France à s’enfoncer toujours plus.

La solution : combattre le capital, donc rompre avec l’UE


C’est le capitalisme qui crée la crise. Pour en sortir, il faut limiter le poids du capital sur l’économie et, à terme, l’abolir. Cela implique trois choses :


1) Augmenter les salaires. Pour réduire les difficultés des salariés, pour limiter la part des profits, pour réduire l’exploitation.


2) Augmenter la part socialisée des salaires, faussement appelée " charges ". Pour financer la sécurité sociale, les retraites et les indemnités chômage, qui ont prouvé leur efficacité car échappant totalement à la spéculation du capital.


3) Développer le secteur public et nationalisé. Pour faire reculer le poids du capital dans l’économie, pour répondre aux besoins vitaux de la population. Plutôt que de renflouer les banques, entretenant la spéculation, la collectivité et ses institutions doivent se substituer au capital défaillant pour produire.Rien de tout cela n’est possible dans le cadre de l’UE, lié à celui du libre échangisme mondial : toute tentative d’augmentation, ou même seulement de maintien, des salaires conduira à des délocalisations, à l’extérieur ou à l’intérieur de l’Union. C’est donc avec ce cadre qu’il faut en finir, dans l’intérêt des peuples auxquels il a été imposé.

Dans ce contexte, les élections européennes du 7 juin sont une imposture.


Les organisations politiques de tous bords ont bien compris que le peuple français identifiait l’UE comme la cause de l’essentiel de tous ses maux. C’est pourquoi ils se présentent tous à nous en expliquant qu’il faut " changer l’Europe ", alors que de l’UMP au PS ont élaboré et ratifié ensemble tous les traités, comme le traité de Lisbonne qui bafoue notre vote du 29 mai 2005. Aucune des listes en présence n’envisage de rompre avec l’UE. Toutes insistent sur l’importance du " parlement " européen comme composante la plus démocratique de ses institutions, prétendant que les peuples pourraient s’y faire entendre.


C’est un mensonge, commun à tous les candidats, qui porte la négation de ce qu’est véritablement la démocratie, le gouvernement par et pour le peuple. Ce n’est pas parce que les dominants posent des urnes et invitent les citoyens à les remplir qu’il y a démocratie. C’est ce que font les occupants américains dans les pays qu’ils ont bombardés et envahis, en Irak, en Afghanistan, pour faire élire des gouvernements fantoches à leur service qui ont la même légitimité que le parlement européen.


On nous convoque pour élire de prétendus députés, après un débat sur des clivages politiciens nationaux. Une fois élus, ils iront siéger avec d’autres de 27 pays, élus à l’issue de débats totalement différents. Et comme lors des mandatures précédentes, ceux qui, dans leurs pays, jouent à être la droite et la gauche, tour à tour la majorité et l’opposition, se retrouveront ensemble, à Bruxelles et à Strasbourg, loin du regard de leurs électeurs pour voter à des majorités écrasantes ce que veulent les gouvernements et la commission, ce dont les peuples ne voudraient pas s’ils étaient consultés. Dire qu’on démocratise l’UE en renforçant les pouvoirs de ce " parlement " est une manière particulièrement grossière de se moquer du monde.L’UE n’est pas réformable. Ce ne sont pas les modes d’élection et de fonctionnement du " parlement " qui sont en cause, mais l’idée même qu’il puisse y avoir un parlement européen, une démocratie européenne. On ne peut envisager de démocratie que dans un espace de débat commun, et reconnu. Les nations historiquement constituées offrent cet espace. Il ne peut en exister au niveau européen, ne serait ce que pour des raisons de langues. Des nations souveraines, gouvernées démocratiquement, sont les seuls cadres adaptés aujourd’hui pour coopérer véritablement dans un intérêt mutuel. Un " parlement " supra national, coincé dans des institutions voulues par le capital, ne peut que bafouer les intérêts de tous les peuples qu’il prétend représenter.Il ne peut y avoir d’Europe démocratique et donc sociale. C’est pourquoi le capital a lancé il y a soixante ans, et constamment soutenu, le mot d’ordre de construction européenne. Parce qu’il y a incompatibilité entre le capitalisme et la démocratie, le capital a eu besoin de créer et de développer un espace de décision échappant au débat démocratique. Le cynisme est à son comble quand on prétend, à chaque traité dépossédant davantage les peuples, augmenter les pouvoirs de ce pseudo parlement.

À l’heure actuelle, nous demander de voter pour élire un tel " parlement " est une insulte

Le 29 janvier, le 19 mars, le 1er mai, nous avons été des millions en grève et dans la rue pour exiger la rupture avec les politiques qui ont conduit à la crise. Nous nous trouvons face à un gouvernement décidé à persévérer, contre la volonté du peuple, à appliquer la politique du capital, en prenant appui sur les " contraintes européennes ", qui ont été créées pour cela.Quand ce gouvernement, et sa prétendue opposition, nous invitent à aller voter pour conforter ces institutions antidémocratiques, la seule réponse juste est le refus de vote. C’est au taux d’abstention qu’on mesurera le 7 juin au soir le rejet de la soumission au capital par les peuples prisonniers de l’UE, pas au score des listes prétendant vouloir changer l’Europe de l’intérieur.


Qui se souvient du résultat des élections précédentes, en 2004 ? Il n’avait rien changé. En revanche, le taux d’abstention massif dans tous les pays avait marqué. 57 % en France, à comparer avec les 70 % de participation un an plus tard qui a vu la victoire éclatante de notre NON. Ou encore dans les pays d’Europe centrale (78 % en Pologne) venant d’adhérer, faisant voler en éclat le mensonge de leur enthousiasme pour l’ " Europe " et montrant que, comme nous, ils la subissaient malgré eux.

Quand le suffrage universel est à ce point truqué, bafoué, parodié, c’est l’abstention qui devient un devoir civique


C’est notre attachement au suffrage universel véritable qui nous pousse à lancer cet appel à refuser de donner une caution populaire à une consultation visant à désigner des représentants pour un parlement institué justement pour contrecarrer et mépriser ce suffrage universel dans les cadres nationaux.C’est par un refus massif de voter que le peuple peut exprimer le 7 juin son rejet d’institutions qui, quoi qu’il vote, n’agiront que pour aggraver la crise et faire payer sa facture aux travailleurs. C’est ce refus qui prolongera nos luttes, annoncera l’insurrection du pays réel contre l’Europe légale et affirmera notre détermination à combattre pour une véritable démocratie.

Source : http://www.rougesvifs.free.fr/




Le monstre à trois pattes

par Gilad ATZMON, 23/5/2009. Traduit par Marcel Charbonnier et édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : The Three-Legged Monster
Español : El monstruo de tres patas

Contrairement à ses frères et sœurs cosmopolites, qui diffusent le sionisme et le racisme tribal en se revêtant d’oripeaux libéraux et progressistes, Melanie Philips est, quant à elle, très directe. L’autre jour, elle a défini ce qu’est le sionisme, à ses yeux, d’une manière particulièrement limpide :

« Le sionisme », écrit-elle, « c’est simple : c’est le mouvement d’autodétermination du peuple juif. Et ce mouvement a plus de sens que n’importe quel autre mouvement de libération nationale, parce que le judaïsme repose sur trois pieds : le peuple, la religion et la terre. Qu’un seul de ces trois pieds vienne à être amputé, parce que sa légitimité aura été niée, et c’est l’ensemble qui s’écroule. C’est la raison pour laquelle l’antisionisme est bien davantage qu’une prise de position politique agaçante : c’est une attaque frontale, contre le judaïsme lui-même. »

Melanie Philips ne laisse que très peu d’espace à la spéculation intellectuelle. Pour elle, non seulement le sionisme est un mouvement national légitime, mais ce mouvement « a plus de sens que n’importe quel autre », parce qu’il « repose sur « trois pieds ».

À y réfléchir ne serait-ce qu’une seconde, c’est en effet, vraiment important, pour quelque chose, de reposer sur trois pieds. Personnellement, je ne repose que sur deux jambes (et des poussières…). D’ailleurs, à l’occasion, quand je me tiens debout, à poil, devant un miroir, j’aimerais vachement être le sionisme…

Comme l’affirme mordicus Melanie Philips, le sionisme est en effet un amalgame de trois ingrédients juifs : le peuple, la terre et la religion. C’est cette mixture même qui fait du sionisme un narratif épique triomphant. C’est cette mixture qui a fait du sionisme, de manière de plus en plus accentuée au cours du vingtième siècle, l’identifiant collectif symbolique du peuple juif. C’est le sionisme qui est parvenu à réinventer le peuple juif en tant que nation dotée d’une aspiration lucide idéologique, spirituelle et géographique. Pourtant, autant le sionisme est quelque chose de parfaitement logique pour de très nombreux juifs de par le monde, il a de moins en moins de sens pour ceux qui n’ont pas l’heur d’être « élus », c’est-à-dire pour tout le reste de l’humanité. La raison est simple : les juifs sont certes libres de célébrer collectivement leurs symptômes, mais ils ne sont pas exactement fondés à le faire, dès lors que c’est au détriment d’autrui.

Le sionisme s’est arrangé pour interpréter le judaïsme comme un permis brutal de piller et de massacrer. Il a transformé un texte spirituel en plan cadastral. Il a essentiellement inventé la nation juive. Il a alors assigné à la nation nouvelle-née sa mission d’aspiration géographique immorale, non sans certaines conséquences coloniales et raciste calamiteuses.

L’on est fondé à se demander comment le sionisme a réussi à avoir un tel succès, comment il a pu s’en tirer à aussi bon compte avec ses crimes, et comment il a réussi à agir de la sorte aussi longtemps. En fin de compte, la mixture empoisonnée composée de « terre », de « religion » et de « peuple » se situe aux antipodes de la narration culturelle et politique occidentale de l’après-deuxième guerre mondiale (faite de cosmopolitisme / multi-culturalité / multi-confessionnalisme / frontières ouvertes)

J’ai tendance à penser que l’équation établie par Melanie Philips : « sionisme = judaïsme » est la plus efficace de toutes les tactiques sionistes. Elle conduit à une paralysie sévère de l’opposition la plus humaniste au sionisme. La raison est évidente : des êtres moraux ordinaires ne savent pas de quelle manière dés-emberlificoter les nœuds générés par cette formule explosive qui les conduit à la critique d’un système religieux.

De fait, une des façons possibles consiste à contester l’équation de Melanie Philips. Non, le sionisme n’est pas l’équivalent du judaïsme : le sionisme n’en est qu’une interprétation bornée et radicale. Il s’empare de la notion morale judaïque de l’élection, et il en fait un vulgaire programme politique de suprématie. Loin d’être le judaïsme, le sionisme est, en réalité, le visage authentique de l’idéologie juive. Le sionisme est raciste, le sionisme est chauvin, le sionisme est avide de puissance ; mais il est différent du judaïsme, car celui-ci est centré autour de la crainte de Dieu, alors que le sionisme n’a absolument peur de rien. Par conséquent, il est correct d’avancer que le fait de s’opposer au sionisme revient à s’opposer à l’idéologie juive ou à ce que j’appelle, pour ma part, la « judéité » [jewishness, par opposition à judaism, NdE].

Il faut rappeler que le sionisme se considère lui-même comme un mouvement rationnel et éclairé. Jusqu’à un certain point, en tant qu’idéologie et que praxis, il tente de se comprendre lui-même, et il recherche des explications ou, à tout lr moins, des justifications en des termes rationnels et historiques (plutôt qu’en termes éthiques). Melanie Philips, il faut le dire, propose une argumentation cohérente. Elle dit : « voilà ce que nous sommes », en suggérant que « leur » enlever ce droit serait leur dénier « leur » droit à l’existence

Je pense que le cadre de raisonnement de Melanie Philips est correct : c’est sa terminologie qui, en revanche, est légèrement trompeuse. Le sionisme n’est pas égal à la religion, mais, bien plutôt, le sionisme et la judéité sont intrinsèquement connectés. Si nous voulons réellement nous opposer au sionisme, nous allons entrer inévitablement en conflit avec l’idéologie juive. S’opposer au sionisme, c’est reconnaître que nous avons un problème avec les « trucs juifs ». Toutefois, il convient de noter que si des sionistes tels que Melanie Philips sont fondés à suggérer une identité entre le sionisme et le judaïsme, l’opposant au sionisme ne devrait pas hésiter à faire de même, et donc à étendre la critique du sionisme à l’idéologie juive et à ce qu’il y a éventuellement, au-delà.

Je l’ai déjà indiqué, de nombreuses fois, par le passé : comme de juste, ce sont, de fait, des dissidents sionistes et des dissidents israéliens qui semblent promouvoir le discours antisioniste et, cela, pour une raison toute simple : les dissidents israéliens sont loin d’être réticents à dénoncer leur passé collectif, ou à réfléchir sur lui. Contrairement aux activistes de gauche de la diaspora juive, qui sont prompts à rejeter toute complicité dans les crimes israéliens en criant : « pas en mon nom ! », certaines voix israéliennes dissidentes tendent à assumer leur responsabilité directe. Ceux-là comprennent la notion de culpabilité, et ils la transforment en responsabilité. Il y a, de cela, un mois, le quotidien israélien Haaretz a publié un article d’Uri Avnery, dans son édition spéciale du « Jour de l’Indépendance d’Israël ». Cet article, intitulé « Vivre avec la contradiction » [Living With The Contradiction’], était la tentative d’un humaniste israélien de se colleter avec son propre péché originel, dans le cadre d’une perspective historique.

Avnery est un écrivain absolument étonnant. Bien que j’aie tendance à ne pas être d’accord avec lui sur diverses questions, l’homme est, sans nul doute, porteur d’un message rationnel, dans cet État maudit. Contrairement à Melanie Philips, qui soutient le sionisme de loin, Avnery a combattu dans les commandos en 1948. Il fut lui-même impliqué dans la création d’Israël. « Nous savions que si nous remportions la guerre, il allait y avoir un État, et que si nous étions vaincus, il n’y en aurait pas – et que nous ne serions plus là non plus, d’ailleurs ».

À la différence de Melanie Philips, qui ne fait que parler d’ « une terre », Avnery fut l’un de ceux qui envahirent la terre (de Palestine) et en chassèrent les habitants.

« Nous n’avons laissé aucun Arabe derrière notre ligne de front, et les Arabes firent de même ». Et pourtant, Avnery, contrairement à Melanie Philips, là encore, comprend que l’amalgame opéré par les sionistes entre peuple, terre et religion ne peut conduire qu’à la catastrophe.

Le péché originel d’Israël n’est pas exactement ce qu’on pourrait appeler une recette de paix.

« Comment, dès lors », demande Avnery, « pourrions-nous résoudre la contradiction entre nos intentions et nos sentiments de l’époque où nous avons établi l’État et où nous l’avons payé de notre sang, purement et simplement, et l’injustice historique que nous avons infligée à l’autre côté ? »

Avnery poursuit : « La résolution de cette contradiction est nécessaire à notre santé mentale, en tant que nation et en tant qu’êtres humains, et elle est le premier pas vers une réconciliation future. Nous devons avouer et reconnaître les conséquences de nos actes, et réparer ce qui peut l’être, sans en désavouer pour autant notre passé et notre innocence juvénile. » Avnery s’échine à expliquer, plutôt qu’à justifier le péché de 1948, et néanmoins, il est en quête de réconciliation… Il comprend que l’État sioniste ne pourra qu’être voué à la destruction, à moins qu’il ait le courage d’affronter son passé.

J’aimerais que ceux qui apportent leur contribution au discours de la solidarité avec les Palestiniens aient le courage dont font montre Melanie Philips et Avnery.

J’aimerais qu’à l’instar de Melanie Philips, nous ayons le courage de mettre le signe d’égalité entre le sionisme et le judaïsme - mais afin de l’utiliser comme un levier critique.

J’aimerais que nous soyons capables de considérer la Nakba, à l’instar d’Avnery, avec peur et tremblement – mais pour en tirer la conclusion nécessaire, c’est-à-dire en exigeant le droit au retour chez eux des réfugiés palestiniens !

Iran : le who’s who de l’élection présidentielle

par Kourosh ZIABARI, 22/5/2009. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : Iran's 2009 Presidential Elections: Who's Who?
Espagnol :
Quién es quién en las elecciones presidenciales de 2009 en Irán
Deutsch: Präsidentenwahl in Iran: Wer ist wer?
L’échéance de la 10ème élection présidentielle se rapproche en Iran. Le 12 juin, 46 millions d’électeurs choisiront parmi les 4 candidats retenus par le Conseil des Gardiens de la Révolution et décideront si le président Ahmadinejad va renouveler son mandat ou non.


Les quatre candidats sont le président conservateur Ahmadinejad, qui est impatient de voir sa mission prolongée pour encore 4 ans, l'ancien Premier ministre réformateur Mir-Hossein Mousavi, l'ex-chef du parlement Mahdi Karroubi et l'ancien commandant en chef de l’Armé des Gardiens de la Révolution islamique Mohsen Rezaï. Lequel occupera-t-il le palais présidentiel de la rue Pasteur à Téhéran ?



Ahmadinejad Mousavi
Karroubi Rezaï



Mahmoud Ahmadinejad
Opposé au second tour de 2005 au religieux centriste et impopulaire Hashemi Rafsandjani, il avait emporté l’adhésion de quelque 17 millions d'Iraniens le 24 Juin et était devenu ainsi le premier président non-religieux de l'Iran en 24 ans.



Candidat presque inconnu et marginalisé, Ahmadinejad en avait appelé aux extrémistes conservateurs, aux étudiants de la Milice, aux fonctionnaires, aux ruraux et aux citoyens des couches inférieures qui réclamaient l'amélioration de leur situation financière, une augmentation notable de leurs revenus et surtout, une modification de la convention de l'élection de présidents issus du clergé.



Les principaux slogans électoraux d’Ahmadinejad qui avaient pu assurer son succès étaient :



* Le partage des revenus du pétrole entre les pauvres



* Redynamiser les valeurs et les caractéristiques de la révolution islamique de 1979 et continuer sur le "chemin de l'Imam Khomeiny"



* Une interaction constructive et pacifique avec les jeunes et les étudiants



* Confrontation avec les « puissances tyranniques » et résistance au « Grand Satan « (les USA)



* Rompre avec le mode de vie somptueux et luxueux des présidents de l'Iran, vivre dans des maisons simples et bon marché, parler directement à la population, visiter les régions régionale pour rencontrer directement les résidents de chaque province et département



* Création d'un cabinet de 70 millions de membres, composé de tous ceux qui vivent en Iran



Ce que disent ses partisans (conservateurs):



* Ahmadinejad a réussi à saper et à démoraliser les puissances occidentales, briser l'hégémonie des USA et d’Israël, il a affronté l’impasse sur le nucléaire et il a défait l'alliance du système international injuste



* Il a réussi a révélé le vrai visage d'Israël et ses crimes en Palestine occupée par des attaques mordantes contre Tel Aviv, à diverses reprises, faisant des discours héroïques héroïque à l'ONU, à Genève, à l'Université de Columbia etc.



* Il a renversé la domination de certains groupes de pression et familles sur les revenus du pétrole et les réserves de l'Iran, a rencontré beaucoup de gens impécunieux et appauvris, et fait du « président » une personnalité populaire et accessible



* Il a ranimé l’esprit de la révolution et de la résistance dans ses interviews et discours



* Il a rayé de la carte du pays les stéréotypes culturels occidentaux et a ramené l'indépendance, l'autodétermination et la confiance en soi à l'Iran



* Il a renforcé la solidarité et l'intégrité islamiques par ses voyages dans des pays arabes et africains et ses rencontres avec des chefs religieux



* Le gouvernement a construit un tas d'hôpitaux, de stades, d’universités, de bibliothèques et de routes dans tout le pays



Ce que disent ses détracteurs (réformateurs et conservateurs modérés):



* Ahmadinejad a entraîné l’Iran dans des querelles inutiles avec le monde et affaibli de la dignité nationale de l'Iran



* Il a transformé le dossier du nucléaire civil du pays en champ de bataille avec Israël et a causé l'imposition de plusieurs séries de sanctions sévères contre l'Iran



* Il a détourné l'attention, le budget et la concentration nationales vers la question de la Palestine au lieu de résoudre les problèmes économiques et de réduire l'inflation, qui a atteint 25%



* Au lieu de développer les relations mutuelles avec les économies puissantes et fortes du monde, il a fait perdre l'Iran l'ensemble de ses partenaires européens et asiatiques; sa seule rencontre avec un leader européen a été sa rencontre avec le président suisse à Genève en Mai 2009



* Par l'interdiction de la presse réformatrice, la fermeture du Centre International pour le Dialogue des civilisations et l’emprisonnement de dissidents politiques, il a noirci le bilan culturel et des droits de l'homme de l'Iran



* Il a alimenté une image détériorée d’un 'Iran terroriste dans les médias mondiaux et des opinions publiques



* Il a mal géré l'économie nationale, le taux d'inflation a atteint 29% au cours de son mandat



Mir-Hossein Mousavi



Réformiste indépendant et modéré qui se qualifie lui-même de «réformiste retournant aux principes", Mir-Hossein Mousavi, 67 ans, est un vétéran de la politique, peintre et architecte, qui a été le cinquième et dernier Premier ministre d'Iran, de 1981 à 1989.



Dans la campagne en cours il a le soutien des trois principaux partis réformistes et des milieux universitaires, et la majorité des jeunes et un grand nombre de ceux qui ont l'habitude de boycotter les élections devraient voter pour lui. Le plus remarquable avantage dont il jouit est le bon souvenir qu’a laissé sa bonne gestion de l’économie malmenée par la guerre imposée par l’Irak à l’Iran.



Mousavi est considéré comme le principal concurrent du président sortant Ahmadinejad et il fait l’objet d’un consensus national entre les intellectuels universitaires, les journalistes, les critiques, les artistes et même les conservateurs modérés qui croient qu'il serait le seul à même de sauver le pays des crises actuelles. Les plus fervents détracteurs de Mousavi sont les conservateurs traditionnels, les milieux religieux radicaux qui, pour la plupart vont au-delà des coutumes islamiques pour pratiquer leurs propres rites extrémistes et ceux qui sont d’une manière ou d’une autre liés au pouvoir sous l'administration actuelle.



Les principaux slogans électoraux de Mir-Hossein, que ses jeunes fans et les journalistes appellent par son prénom, sont les suivants:



* Poursuivre la politique de détente avec les pays occidentaux, parler à Obama, président des USA et réparer l’image d’ extrémiste de l'Iran dans le monde



* Création de stations de télévision et de radio privées et de stations et abolition du monopole de l’État l'État sur les médias



* Augmentation es exportations vers l’Europe et réduction de la croissance monumental des importations



* Éviter le licenciement collectif et l'expulsion des ministres et de hauts cadres ayant servi dans l'ancienne administration



* La suppression de la police religieuse, qui mène des enquêtes et des arrestations de personnes en raison de leur habillement



* Permettre la libre circulation de l'information et création d'un lieu permettant à la diversité des points de vue et des opinions de s'exprimer librement



* Respecter les droits de la femme et de nommer des femmes ministres, pour la première fois dans l'histoire de l’Iran de l'après-révolution




Ce que disent ses partisans (réformistes et conservateurs modérés):



* Mir-Hossein est le seul qui puisse vraiment relancer le chemin de l'Imam Khomeiny. Ce chemin est le chemin de la paix et de réconciliation avec le monde, pas le chemin de propagation de l'hostilité, de l'inimitié et de la haine belliqueuse contre la révolution



* Il permettra de préserver les droits nucléaires de l'Iran, tout en démontrant à la communauté internationale que l'Iran n'est pas un État voyou, qu’il n'a l'intention de rayer de la carte aucun pays du monde et ne veut ni faire la guerre ni se quereller avec le monde



* Il peut sauver l'économie nationale, alléger les souffrances des couches pauvres et injecter un sang nouveau dans les veines glacées des exportations de l'Iran



* Les arts, les sciences et la culture verront leur situation s'améliorer sous Mir-Hossein , qui a géré avec compétence l'Académie des Arts de l'Iran au cours des dernières années



* Il n'est pas un orateur naïf et fervent. He speaks gently, and avoids making myopic and reckless remarks Il parle doucement et évite de faire des remarques irréfléchies et imprudentes



* Mir-Hossein peut faire de la diversité ethnique de l'Iran une occasion de progrès. He can congregate the Turks, Kurds, Azeris, Gilaks and Arabs of Iran under the national flag of solidarity Il peut rassembler les Turcs, les Kurdes, les Azéris, les Gilakis [originaires de la province de Guilan, NdT] et les Arabes de l'Iran sous le pavillon national de la solidarité



* Il peut rétablir l'honneur national et le prestige international de l'Iran par les nuisibles en évitant les relations nuisibles avec des voisins hostiles, en renouvelant les liens avec d'anciens alliés et en promouvant la culture persane dans le monde



Ce que disent ses détracteurs (conservateurs):



* Mir-Hossein emploie méthodes populiste de publicité en se faisant accompagner en public de sa femme [Zahra Rahnavard, NdT] et en la laissant faire des discours à des étudiants, des travailleurs etc.



* Il va sûrement s’écarter de la voie de l'imam en retournant aux valeurs culturelles occidentales, en supprimant les contraintes imposées aux jeunes et en établissant des relations avec les USA



* Il va poursuivre l'approche pragmatique de l'ancien président Khatami sous lequel l'Iran a été transformé en un client de l'ensemble des puissances occidentales et a perdu son indépendance et sa puissance



* Mousavi se pliera aux exigences illégales de l’Occident et, par conséquent, perdra les slogans et les marques de fabrique de la Révolution islamique



* Il a nommé comme aides et assistants des personnes qui soit sont des dissidents ou manquent de la moindre formation religieuse et révolutionnaire



Mahdi Karroubi



Karroubi est un influent, politicien réformiste modéré qui a servi deux mandats comme Président de Parlement iranien. Il est membre fondateur de la Société des clercs militants (réformistes) et conseiller politique du Leader suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Il est un ardent critique du président Ahmadinejad du Conseil des Gardiens d'extrême-droite qui est arbitrairement habilité à approuver ou à disqualifier les candidats potentiels pour toute élection en Iran, que ce soit élections présidentielle, élections législatives ou autres.



Karroubi est le président du Parti de la confiance nationale, et a été candidat à l’élection de 2005, où il a été éliminé au premier tour.



De manière inattendue, certaines des personnalités universitaires et politiques les plus populaires ont préféré soutenir sa candidature plutôt que celle Mir-Hossein Mousavi pour l’élection de 2009, alors qu’elle était peu probable après que le patriarche du mouvement réformateur, l'ex-président Khatami, s’était retiré en faveur de Mousavi; mais les résultats de sondages et enquêtes à l’échelle nationale montrent que Karroubi n'est pas aimé parmi les jeunes et même les réformistes modérés au point d’obtenir une majorité notable aux prochaines élections.Il serait avec Mohsen Rezaï le candidat ayant le moins de chances d'être élu.



Fait intéressant, la lauréate du 03 Prix Nobel de la paix 2003 Shirine Ebadi et le célèbre intellectuel, mondialement connu, Abdolkarim Soroush ont déclaré leur appui à la candidature présidentielle de Karroubi et dit qu'il est le plus compétent pour occuper ce poste ; même Mohammad Ali Abtahi, l’ancien secrétaire du président Mohammad Khatami a déclaré qu'il ferait campagne pour Karroubi, malgré le soutien inconditionnel apporté par l'ancien président à Mir-Hossein Mousavi.



Bien que Khatami ait récemment déclaré au magazine Chelcheragh dans une interview exclusive que «voter pour Mousavi revient à voter pour moi, et je crois que Mousavi est le seul qui peut nous sauver de la situation actuelle", certains de ses anciens associés ont choisi une voie divergente et rejoint la campagne de Karroubi.



Les principaux slogans et promesses de Karroubi sont:



* Le paiement mensuel d'un équivalent de 50 $ en cash à chaque Iranien de plus de 18 ans



* Accroissement de la liberté des étudiants et des militants dans les universités et suppression des restrictions mises aux associations islamiques (syndicats d'étudiants réformistes religieux et modérés, qui ont été partiellement fermé ou interdits sous le président Ahmadinejad)



* Amélioration des droits humains des dossiers de l'Iran et l'interdiction de la poursuite et de l'exécution de mineurs



* Feu vert à la libre critique du président et d'autres hauts responsables en cas d'élection



* Suppression de la police religieuse et des restrictions vestimentaires



* Parler avec le président US et restaurer les liens brouillés avec les pays européens



Ce que disent ses partisans (réformistes):



* C’est un technocrate courageux, audacieux et courageux qui peut donc mettre en pratique ce qu'il prône



* Il est assez influent et puissant pour être un vrai pouvoir face au Leader suprême, tout en le respectant et soutenant, au lieu d'être un pion isolé et fragile dont les actions sont la traduction directe des ordonnances et des décrets du Leader suprême



* Il a une brillante expérience de présidence du Parlement, où il a parrainé la liberté de la presse et a contre l'extrémisme aussi bien des réformateurs que des conservateurs



* En dépit de ses faibles chances d'être élu, il augmentera le taux de participation aux élections, et diminuera les chances de victoire des conservateurs



Ce que ses détracteurs disent (réformateurs indépendants et conservateurs):



* Son agenda présidentiel est une photocopie des plans et programmes de Mousavi, il n'a rien de nouveau et innovant à présenter



* Karroubi sait bien que ses chances d'être élu sont fondamentalement fragiles, exactement comme c’était le cas lors de l’élection de 2005 ; il provoquera seulement un fractionnement tragique des votes réformateurs, et cela diminuera les chances de Mirhossein Mousavi comme premier candidat réformiste



* Sa promesse de 50 $ mensuels à tout Iranien de plus de 18 ans est une annonce publicitaire populiste et frauduleuse, et elle ne sera jamais remplie



* Bien qu’il soit direct et expressif dans ses discours, Karroubi manque des capacités d’articulation et de l’éloquence seyant à un président



Mohsen Rezaï



Général en retraite ancien commandant en chef de l'Armée des Gardiens de la révolution islamique (AGRI), Mohsen Rezaï est le collègue de Mir-Hossein Mousavi dans le Conseil de discernement de l'intérêt supérieur du régime, une assemblée administrative qui a été doté du rôle de conciliation pour résoudre les conflits entre l'Assemblée consultative (Parlement) et le Conseil des Gardiens de la Révolution.



Conservateur modéré ayant des liens étroits avec l'ayatollah Hashemi Rafsandjani, il est considéré comme le principal rival de Mahmoud Ahmadinejad, auquel il dispute le soutien des islamistes l de droite et du centre.



Il avait d'abord annoncé sa candidature à la présidence en 2005, mais il s’était retiré immédiatement après que ca candidatures avait été approuvée par le Conseil des gardiens, après avoir été informé de ses faibles chances d'être élu.



Rezaï n'a pas encore reçu tout l'appui des influents partis conservateurs comme la Société islamique des ingénieurs, l’Association du clergé militant (à ne pas confondre avec la Société des clercs militants) ou de l'Alliance des bâtisseurs de l'Iran islamique, mais il contribuera sans doute de manière efficace à l’érosion des votes en faveur d'Ahmadinejad, comme le pronostiquent nombre d'analystes et d'intellectuels.



Voici les plus importants slogans électoraux et perspectives de Mohsen Rezaï:



* Réduire le taux d'inflation à un minimum de 9%



* Nomination de plusieurs ministres et hauts fonctionnaires choisis dans la communauté des étudiants et diplômés de moins de 30 ans [17 à 18 des 70 millions d’Iraniens sont âgés de 20 à 30 ans, NdT)



* Nomination d'une femme ministre des Affaires étrangères en réponse à la tradition usaméricaine de choix de femmes comme secrétaires d'État



* La transformation de la structure administrative de l'Iran et instauration d’une structure de gestion fédérale



* Faire participer les masses dans le processus de prise de décision macro-économiques pour éviter l'individualisme dans la politique de haut niveau



* Mis en pratique de l'article 44 de la Constitution sur l’extension des privatisations et réduction du poids des entreprises publiques



* Établir un dialogue avec la nouvelle administration usaméricaine, fondé sur le respect mutuel et l'égalité



Ce que disent ses partisans (conservateurs et réformateurs modérés):



* Il peut aider à réduire les votes en faveur d’Ahmadinejad, vu qu’un certain nombre de conservateurs indépendants vont voter pour lui pour protester contre la mauvaise gestion économique et politique de du président sortant



* C’est est un conservateur traditionnel à principes, engagée et le Leader suprême, l'ayatollah Khamenei le soutiendra s'il est élu



* Il peut transformer l'économie de l'Iran en une économie suprarégionale et fédérale qui ne soit plus dépendante de l'État et puisse être entre les mains du peuple lui-même



* Il est théoricien de la guerre expérimenté et bien informé et peut assurer la sécurité de l'Iran, en empêchant l’aggravation des tensions internationales et les controverses autour du programme nucléaire du pays



Ce que disent ses détracteurs (conservateurs):



* Il n'a pas de chances de gagner, il fera juste perdre des voix à Ahmadinejad et diminuera la probabilité de victoire conservatrice



* Sa victoire éventuelle réveillerait le juge argentin Rodolfo Canicoba Corral qui a délivré un mandat d'arrêt international contre Rezaï dans le cadre de son implication présumée dans l’attentat du 18 Juillet 1994 contre le centre culturel juif AMIA à Buenos Aires



* Sa candidature à la présidence montre qu'il n'est pas satisfait de la situation actuelle de l'administration de M. Ahmadinejad, ce qui est inacceptable, dans la mesure où le président Ahmadinejad est le seul rénovateur des valeurs, de la morale et des principes islamiques et de l'engagement fondamental dans la voie de l'Imam Khomeiny.











Source : Tlaxcala-Iran's 2009 Presidential Elections: Who's Who?

Article original publié le 22/5/2009

Sur l’auteur

Kourosh Ziabari et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala :

mardi 26 mai 2009

RECTIFCATIF - José Bové : la mémoire qui flanche

La querelle faite par Mélenchon à Bové s'appuyait sur une citation manipulée par le journal Politis. Voici la phrase exacte.
En transformant une virgule en point, Politis a déclenché une tempête dans une bassine d'eau, qui méritera d'entrer dans les annales de la (dé)formation des journalistes. Dont acte.
Ceci dit, les questions que pose la cohabitation de Bové avec Cohn-Bendit sur une même liste restent entières. Elles n'ont rien à voir avec des attaques personnelles.
FG - Rédaction Basta!
Le seul point commun entre José Bové et le sous-commandant insurgé Marcos : la pipe
LA BOMBE
par
Jean-Luc Mélenchon, 24/5/2009
Ça c’est la bombe de la semaine. Le vrai crève cœur du moment. Quand on me l’a appris, j’ai cru que ce n’était pas vrai. Et pourtant si, c’est vrai. Et c’est même confirmé par l’intéressé. Et moi je n’arrive toujours pas à y croire. Dans son dernier livre paru le 7 mai, «Un Paysan pour l’Europe», José Bové tient une conversation avec Claude-Marie Vadrot. Il est interrogé sur la contradiction entre son engagement pour le Non et sa candidature aux côtés de Cohn-Bendit. Claude-Marie Vadrot: "Tu penses que, si vous êtes élus, même sur une base minoritaire, vous aurez un rôle vraiment important? Il y a vraiment quelque chose à faire à Bruxelles? Après tout, tu as voté contre cette Europe … alors que Daniel Cohn-Bendit et certains de tes compagnons de campagne ont fait campagne pour le «oui». Cette question, te concernant, revient très fréquemment." José Bové: "Effectivement, j’ai voté «non» au traité constitutionnel, mais je n’ai pas fait campagne. Une campagne très écoutée au nom de vieux principes archéos-souverainistes qui nous ramèneraient au repli identitaire sur l’État-nation. C’est un schéma qui ne peut pas fonctionner, qui n’a plus de sens, qui nous ramène à ce qu’il y a de pire dans le nationalisme". …La confirmation est dans le journal Politis de cette semaine. Vadrot repose la même question et Bové répond de même. Il y balaie le problème en affirmant: «J’ai voté non au Traité constitutionnel mais je n’ai pas fait campagne. Une campagne très écoutée au nom de vieux principes archéo-souverainistes qui nous ramèneraient au repli identitaire sur l’État-Nation». On se pince. Pas fait campagne, José Bové? Oubliés les innombrables meetings du Non de gauche à nos côtés, avec Marie-George Buffet et Olivier Besancenot. Oublié le zénith du Non de gauche à Paris? Oubliées nos interventions communes lors de rassemblements de salariés, par exemple à la gare Saint Lazare ou à la gare de Lyon. Oubliées ses nombreuses interventions de campagne dans les médias, à commencer par son intervention dans les spots télévisés de la campagne officielle, sur le temps de parole du PCF. Oubliées enfin ses propres passes d’arme contre Cohn-Bendit à l’époque, comme à Maraussan dans l’Hérault le 29 avril 2005. Ce soir là Bové et Cohn-Bendit s’affrontaient au même moment par meetings interposés. Cohn-Bendit défendait le oui aux côtés de Georges Fréche et de François Hollande, tandis que José Bové se disait «choqué qu’on puisse faire de la propagande en faisant voter les morts», à propos de la récupération de Jaurés organisée en faveur du Oui par le PS et Cohn-Bendit. Et, bien sûr, le plus incroyable c’est non seulement qu’il nie un fait que n’importe qui peut rectifier mais surtout qu’il l’assortisse de commentaires injurieux sur le nationalisme des partisans du non. Je crains qu’il y ait un problème. Je ne sais pas lequel. Mais c’est tellement incroyable! Et surtout si peu crédible.

L'invention d'un nouveau mensonge
par Maxime Vivas, 25/5/2009
En mars 2007, j'avais épinglé sur plusieurs sites cette capacité de Bové à mentir éhontément. Il avait affirmé par deux fois à la télévision que Fidel Castro l'avait expulsé de Cuba pour propos non conformes.
José Bové s’était rendu à La Havane en septembre 2001 pour participer au Forum mondial sur la souveraineté alimentaire, avec 400 participants du monde entier à l’appel de Via Campesina, invité par l’ANAP (Associacion Nacional de Agricultores Pequenos de Cuba).
Le 25 Septembre 2003, lors de l’émission « 100 minutes pour convaincre », sur France 2, interrogé sur Cuba par Bernard Kouchner (futur sarkoziste), José Bové esquiva en répondant (de mémoire) : « J’ai été expulsé de Cuba par Castro pour avoir dit des choses qui lui déplaisaient ».
Cette expulsion, José Bové lui-même l’ignorait une seconde avant de l’inventer pour la télé.
Le 3 mars 2007 à 14 heures, dans l’émission « chez F.O.G. » sur France 5, Bové s’entendit reprocher son « utopie communiste », par Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur de cabinet de Jospin et futur sarkoziste. Réponse textuelle de Bové : « Je suis un des rares à avoir pu me rendre à Cuba pour critiquer Fidel Castro ; ça m’a été reproché, et j’en ai été chassé ».
Par une amie journaliste française qui avait couvert le Forum, j'ai obtenu les articles (élogieux) que la presse cubaine avait consacrés à Bové pendant et après son séjour. J'ai également lu son livre (« Paysan du monde », Fayard, 2002) où figure le texte de son discours (flagorneur) en présence de Fidel Castro. Il y raconte même son départ tranquille vers l'aéroport à l'issue du Forum.
J'ai ainsi apporté plusieurs preuves que Bové mentait. Cela m'a valu des centaines de mails, parfois orduriers. Des amis se sont fâchés avec moi, ne comprenant pas que j'égratigne le héros du Larzac après l'avoir soutenu si activement quand il était poursuivi par la Justice (française!). Des proches de Bové m'ont rapporté qu'ils n'avaient pu obtenir de lui, ni une confirmation de sa fable, ni une réfutation de mon enquête.
Mais il a cessé de répéter son mensonge.
Dommage qu'il vienne d'en inventer un autre !

Tentative de liquidation de la compétence universelle de la justice espagnole

Le Parti socialiste au pouvoir et le Parti populaire d'opposition de droite se sont mis d'accord pour limiter la compétence universelle de la justice espagnole pour les crimes de guerre et contre l'humanité, dans la droite ligne des promesses faites par le ministre Moratinos à son homologue israélien, suite à l'ouverture par l'Audiencia nacional d'une enquête contre contre 7 hauts responsables israéliens pour crimes de guerre commis à Gaza en 2002. Ainsi donc, l'Espagne revit ce qu'avait vécu la Belgique, qui, suite aux menaces US, avait réduit à néant la compétence unverselle de ses tribunaux en 2003. Mais tous les Espagnols ne sont pas d'accord.


Espagne : Un coup contre la justice universelle


par Javier Chinchón Álvarez, 22/5/2009. Traduit par Esteban G. et édité par Fausto Giudice, Tlaxcala


Bien que ce ne soit pas ma profession, je proposerais de commencer cet article par les cinq questions de base du journaliste. Commençons par le « quoi ? », c'est-à-dire, pour préciser à quoi nous nous référons avec le terme de compétence universelle : la juridiction internationale qui prétend imposer ce principe se base exclusivement sur les caractéristiques particulières des crimes qui lui sont soumis (génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre, etc.), qui lèse, au-delà des victimes concrètes, la Communauté Internationale dans son ensemble. En conséquence, les poursuivre et les sanctionner constitue non seulement un engagement, mais également un intérêt partagé de tous les États ; et la légitimité de ces poursuites ne dépend pas des intérêts particuliers ultérieurs de chacun d'eux.Ilustración de MANDRAKE

Je tiens à préciser que j'ai intentionnellement repris la définition non pas de défenseurs radicaux de la compétence universelle, mais littéralement les mots du Tribunal Constitutionnel. Qui menace cette interprétation de notre Haut Cour ? Initialement, le Parti Populaire, mais derrière lui, de manière significative, le Parti Socialiste. Comment s’y sont-ils pris ? En ajoutant un amendement inopiné dans le Projet de Loi de Réforme de la législation procédurière pour l'implantation du greffe, qui malgré ce qui a été dit, ne limite pas le principe de compétence universelle, mais le dynamite. Et il en est ainsi parce que, avec cette réforme, nous n’aurions plus affaire à un principe conçu pour la poursuite des crimes qui, par leurs caractéristiques, affectent toute la Communauté Internationale, mais on veut plutôt établir que nos tribunaux seraient compétents pour juger ces crimes seulement aux conditions suivantes. La première, que le présumé responsable soit en Espagne ; ce serait là, comme le Tribunal Constitutionnel lui-même l’a déjà indiqué, une restriction de fond qui s'avérerait contradictoire avec le fondement et les finalités inhérentes à la compétence universelle. En plus, que les victimes soient espagnoles ou qu’il existe « un certain lien de connexion significatif avec l'Espagne » ; dit en d'autres termes, on veut remplacer par magie le principe de compétence universelle par ce que l’on connaît comme le principe de personnalité passive et comme principe réel ou de protection. Sur ce chapitre, le Tribunal Constitutionnel nous a assuré qu’une telle exigence démontre clairement une finalité contraire à celle inspirée par l'institution, qui serait altérée jusqu'à rendre méconnaissable le principe de compétence universelle. Quand est-ce que tout ceci s'est produit ? Le 20 mai. Où ? À l’abri des résolutions approuvées après le débat sur l'état de la nation [aux Cortes, le parlement espagnol, NdR] ; c'est-à-dire, à l'ombre de la discussion sur les mesures pour combattre la crise économique.

Eh bien, pourquoi l’ont-ils fait ? Parce qu’on veut en finir avec ce que beaucoup considèrent comme une des plus grandes contributions juridiques de l'Espagne au droit international pénal, la lutte contre l'impunité, initiée à partir du procès ouvert contre Pinochet ? Je crains que la réponse soit plus décevante encore que la proposition de réforme elle-même. Pour le vérifier, jetons un coup d’œil en arrière. Le principe de compétence universelle, contenu dans l’ article 23 § 4, sans doute améliorable, de la Loi Organique du Pouvoir Judiciaire, a commencé à se matérialiser en Espagne suite à de graves faits commis au Chili, en Argentine et au Guatemala. À l’époque, pratiquement personne n'avait plaidé pour une réforme de cette disposition dans le sens où on le fait aujourd’hui , en dépit des protestations bigarrées de quelques représentants de ces États. À ces procès, d'autres se sont ajoutés dans lesquels les accusés étaient des ressortissants des USA, de la Chine, du Maroc ou d'Israël ; des procès qui n'ont pas été non plus au goût de certaines autorités de ces pays. Mais c’est à partir de là que l’engagement des autorités espagnoles dans la lutte contre l'impunité des présumés responsables des crimes les plus graves semble s’être s’étiolé.

Un bon exemple de cela a été la promesse au début de cette année de notre ministre des Affaires Etrangères à son homologue israélien, face aux procédures judiciaires engagées pour la mort de civils à Gaza en 2002 ; promesse qui révélait la primauté des « bonnes relations bilatérales » (sic) sur la poursuite de possibles criminels internationaux. Et c’est alors que l’on a commencé à ergoter publiquement sur l’opportunité de procéder à des « ajustements » législatifs de la compétence universelle. Ajustements qui reviennent aujourd’hui à éliminer d'un trait de plume ce principe gênant de notre législation.



Évidemment, dans ce cadre, ce n'est pas la première fois que nous pouvons voir, comment les pressions de certains États font plier la volonté de certains autres. Cela s'est déjà produit avec la législation belge sous les menaces des USA en 2003, mais le fait que ces bassesses ne soient pas exceptionnelles dans les relations Internationales ne devrait pas nous empêcher de les condamner et d’y résister. Je comprends bien que c’est plus spécialement celles de l'actuel exécutif, qui dans son récent Plan de Droits Humains se fixait comme objectif prioritaire « la lutte contre l'impunité ». Une curieuse manière de la combattre serait justement de rayer de la carte un de ses mécanismes le plus importants, le principe de compétence universelle ; mais si c’est de cela que nous devons discuter, au moins nous devons solliciter que le débat soit présenté dans ses termes justes. Je proposerais les suivants : Souhaitons-nous maintenir dans notre législation l’engagement pour la justice universelle et la sanction de ceux qui attentent à l'essence des valeurs de la Communauté Internationale, ou préférons-nous oublier ces questions et nous éviter les inconvénients bien connus qu’entraîne un tel engagement sur la scène de la Realpolitik ?



MANIFESTE
SOUTIEN À LA COMPÉTENCE UNIVERSELLE

Les organisations sociales, les groupes de solidarité, les ONG pour le développement et les associations des droits humains, ainsi que les personnes des milieux universitaires et juridique, ci-dessous

EXPRIMENT leur opposition à l’approbation par le Congrès des Députés de la résolution qui limite l’exercice de la compétence pénale universelle par les tribunaux espagnols et restreint leur action aux seuls présumés responsables se trouvant en Espagne ou aux seuls cas où les victimes sont de nationalité espagnole.

RAPPELLENT, une fois de plus, qu’en qualité de pays signataire des Conventions de Genève de 1949 sur le Droit International Humanitaire et du Premier Protocole Additionnel à ces dites conventions, relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux, l'Espagne a l'obligation de conserver intact dans sa législation le principe de compétence universelle pour juger les responsables d’actes de crimes de guerre. Pour cela nous considérons cette résolution comme un manque flagrant de respect des obligations conventionnelles assumées par l'État espagnol. Par rapport à d'autres crimes internationaux, comme les crimes contre l'humanité ou le génocide, caractérisés par le Droit International, l’approbation de cette résolution implique également un acte de complicité, dans la mesure où elle empêche de les juger. Et par conséquent, la décision entraînera également, en conséquence, une restriction évidente des droits des victimes.

DEMANDENT au gouvernement de ne plus poursuivre la réforme de l'article 23 § 4 de la Loi Organique du Pouvoir Judiciaire et que les poursuites actuellement en cours ne soient pas remises en cause. Nous croyons que le gouvernement espagnol est dans l'obligation de prioriser l'accomplissement de ses engagements internationaux et la défense des droits humains face à d’éventuels intérêts nationaux et à des pressions économiques ou politiques.



SIGNATAIRES :



ACAT - Catalunya/España (Acció dels Cristians per l' Abolició de la Tortura), ACSUR - Las Segovias, Al Quds Málaga, Alberto Arce, director de documentales y activista por Palestina, Alberto San Juan Guijarro, actor, Alfons Aragoneses, investigador y profesor en la Universidad Pompeu Fabra, Alliance for Freedom and Dignity de España, Antonio Fernández Tomás, catedrático de Derecho Internacional Público en la UCLM, Asociación Andaluza por la Solidaridad y por la Paz – ASPA, Asociación Cultura, Paz y Solidaridad Haydée Santamaría, Asociación de Solidaridad de los trabajadores y trabajadoras de los países empobrecidos, Sotermun, Asociación Elcàlam - Comité de defensa de los derechos humanos en el Magreb, Asociación Española para el Derecho Internacional de los Derechos Humanos - AEDIDH, Asociación Hispano Palestina Jerusalén, Asociación para las Naciones Unidas en España - ANUE, Asociación Paz con Dignidad, Asociación Pro Derechos humanos de España - APDHE, Associació Catalana per la Defensa dels Drets Humans, Associació Catalana per la Pau, Associacio Cultura, Pau i Solidaritat Haydée Santamaría de Catalunya, ATTAC España, Boti García Rodrigo (activista LGTB), Carlo Frabetti. Escritor, matemático y guionista, Carlos Fernández Liria. Profesor de la Universidad Complutense de Madrid, Carlos Taibo, Profesor de la Universidad Autónoma de Madrid, Carmen Pérez González, Profesora de Derecho Internacional Público, Univ. Carlos III Madrid, Carmen Ruiz Bravo, Arabista y Catedrática jubilada de la UAM, Comisión Española de Ayuda al refugiado - CEAR, Comité de Solidaridad con la Causa Árabe - CSCA, Consell de la Joventut de Barcelona, Ecologistas en acción, Elisa Garzón, actriz, Federación de Asociaciones para la Promoción y la Defensa de los Derechos Humanos-España, Fernando Álvarez Uría, sociólogo Profesor de la Universidad Complutense, Ferran Izquierdo Brichs. Profesor de Relaciones Internacionales, Universidad Autónoma de Barcelona, Foro Ciudadano de la Región de Murcia, Francisco Jarauta, Filósofo, François Houtart, Profesor Emérito Universidad de Lovaina, Bélgica, Fundación IEPALA, Fundación Mundubat, Grupo de ONG por Palestina, Ignacio Álvarez Ossorio, Profesor del Área de Estudios árabes e islámicos, Universidad de Alicante, Iniciativa per Catalunya -Verds, Institut de Drets Humans de Catalunya, Instituto de Estudios sobre Conflictos y Acción Humanitaria IECAH, International Jewish Antizionist Network - IJAN, Izquierda Anticapitalista, Izquierda Unida - IU, Jaime Pastor Verdú profesor de Ciencia Política de la UNED, Javier Chinchón Álvarez, Profesor de Derecho Internacional y Relaciones Internacionales. Universitat Illes Balears, Javier Corcuera Andrino (director de cine), Joan Josep Nuet, Senador de IU por Catalunya, Jorge Montes (historiador), José Manuel Martín Medem, periodista, Josefa Martín Ramírez, Juan Carlos Madrid, regidor de teatro, Juan Diego Botto, actor, Julia Varela, socióloga, Profesora de la Universidad Complutense, Justicia y Paz, Laura Camargo Fernández (Profesora Universitat de les Illes Balears), Lidia Fernández Montes, Lidón Soriano Segarra (Profesora Universidad Camilo José Cela. Madrid), Lucía Álvarez, actriz, Lucia Mazarrasa Alvear, activista y trabajadora del sector de Salud, Luz Gómez García, profesora de Estudios Árabes e islámicos de la Universidad Autónoma de Madrid, Mairena Solidaria de Sevilla, Manuel Muriel, Margalida Capellà, (Profesora de Derecho Internacional Público en la Universitat de les Illes Balears), Maria Jesús Miranda López (Esker Alternatiboa), Maria Jose Lera, Profesora Titular Universidad de Sevilla, premio Clara Campoamor 2009, Mercè Adrové, Miquel Àngel Llauger, Diputado por el Parlament de les Illes Balears, Movimiento por la Paz - MPDL, Mujeres por la Paz y Acción Solidaria con Palestina, Najaty S. Jabary, Palestinarekin Elkartasuna, Pamplona - Iruña, Partido Comunista de España - PCE, Pedro Martínez Montavez, Catedrático Emérito de la Universidad Autónoma de Madrid, Pepa Terrón, periodista, Pierre Galand, Presidente del European Co-ordinating Committee of NGOs on the Question of Palestine - ECCP, Pilar Bardem, actriz, Pilar Salamanca, Plataforma de Solidaridad con Palestina de Sevilla, Plataforma Solidaria con Palestina - Valladolid, Rafael Escudero Alday, Profesor Titular de Derecho, Universidad Carlos III de Madrid, Red de Jóvenes Palestinos, Rosa Regás, Escritora, Santiago Alba Rico, escritor y filósofo, Servei Civil Internacional - Catalunya, Sodepau, Sodepaz - Valladolid, Sodepaz, Taula per Palestina, Illes Balears, Teresa Aranguren, periodista, Unión Sindical Obrera - USO, Willy Meyer Pleite, eurodiputado de Izquierda Unida, Xarxa d'Enllaç amb Palestina.



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