jeudi 17 septembre 2009

Une occupation militaire qui ne dit pas son nom

Philippines –USA : Dix ans de VFA (Accord sur les forces en visite), une évaluation
par Roland G. SIMBULAN

MANILLE – La présence de soldats usaméricains lourdement armés jusque dans les campagnes philippines les plus reculées fait désormais partie du paysage local. Nous marquons, cette année, les dix ans (1999-2009) de l’Accord sur les forces en visite (VFA – Visiting Forces Agreement), ratifié par le Sénat des Philippines le 27 mai 1999, accord qui a fait de nos campagnes une zone de tir libre pour les « exercices militaires conjoints » utilisant des munitions réelles et de l’artillerie qui a tué, blessé ou mutilé nos gens, y compris des enfants. Ces forces étrangères sont entrées en territoire philippin sans passeports ni visas, sans autorisations de la part de nos douanes ni de la part de nos autorités d’immigration, sans mise en quarantaine de la part de nos autorités sanitaires, et sans permis, ni immatriculation pour conduire leurs véhicules dans notre pays. Elles ont échappé à la justice après avoir commis des meurtres, des tentatives de meurtre, des viols, des harcèlements de nos femmes, des mauvais traitements de nos compatriotes et la destruction de notre environnement. Un document appelé l’Accord sur les forces en visite (VFA) leur a donné le droit de faire tout cela.


Plus de 40.000 soldats usaméricains sont ainsi entrés en territoire philippin dans plus de 25 provinces depuis l’entrée en vigueur du VFA en 1999. Ils sont arrivés dans plus de 78 vaisseaux et flotilles de la marine usaméricaine, comptant des porte-avions avec des armes nucléaires, des croiseurs, des sous-marins –tout cela en violation flagrante de la Constitution des Philippines qui interdit l’entrée d’armes nucléaires dans une partie quelconque du pays.


Le VFA est la plus grave anomalie dont souffrent nos relations étrangères aujourd’hui, 17 ans après le démantèlement historique des bases militaires usaméricaines en 1992. C’est un document éhonté à sens unique, puisqu’il n’est pas réciproque. Il va à l’encontre de la disposition constitutionnelle des Philippines qui prévoit « une égalité de la protection légale» par le simple fait qu’il assure des droits et privilèges spéciaux à des forces armées étrangères sur le territoire des Philippines. Le VFA a été une indignité envers notre peuple, un travestissement pour nos droits et notre État de droit. C’est pourquoi les Philippins de tous les milieux, partout dans le pays, continuent à manifester contre le soi-disant traité. Il nous rappelle que nous ne sommes pas encore vraiment souverains sur notre propre territoire en tant que nation.


Le VFA est par conséquent un mauvais exemple pour les autres accords militaires proposés ou en instance avec les autres pays tel que le Statut philippino-australien de l’Accord des forces en visite qui est toujours en examen au Sénat, ou les projets d’accord avec Singapour et la Nouvelle-Zélande. Ces derniers utilisent ostensiblement le VFA avec les USA comme modèle.


Le VFA est-il légal et constitutionnel ?


Il est clair que les décisions de la Cour Suprême en 2000 et 2009 sur le VFA ne permettent que des exercices militaires conjoints comme Balikatan (épaule contre épaule), ainsi que des exercices d’entraînement de petites unités mixtes. Elle n’accorde pas de droits pour la construction de bases ou d’installations pour des forces US de passage en visite aux Philippines. Elle n’autorise pas non plus les forces US à prendre part à des opérations de contre-insurrection dans le pays.


Protestation contre le VFA, 2008

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Original : Bulatlat-Ten Years of the VFA: An Assessment

TAMAZIGHT Filippin: Iγallen imarikaniyen "inebgawen"

DEUTSCH Die Militärbesatzung der Philippinen durch die US-Armee: eine unendliche Geschichte?


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