vendredi 13 novembre 2009

Du fleuve à la mer

par Gilad Atzmon, 11/11/2009. Traduit par Fausto Giudice




Cessons une bonne fois pour toutes de nous bourrer le mou sur l'Amérique augmentant-la-pression-sur-Israël-pour-qu’il-gèle-les-colonies-en-Cisjordanie. Toute la fascination pour ce sujet est un pur produit des labos des docteurs folimage sionistes. Elle a pour but de détourner l'attention de la cause profonde du conflit: le vol de la Palestine et des Palestiniens au nom d'un «retour des Juifs à la maison». L'appel à arrêter les constructions israéliennes en Cisjordanie ne vise qu’à nous donner la fausse impression que le vol de la Palestine a commencé en 1967. Les faits sont connus de beaucoup d'entre nous, mais pas de tous. C’est en 1948 que la grande majorité des Palestiniens ont été expulsés de leurs villes, villages, champs et vergers.

Ce qui se présente comme une initiative de paix usaméricaine mettant la pression sur Israël pour qu’il mette un terme à son expansion en Cisjordanie est en fait un agenda promu par les sionistes au sein de l'administration usaméricaine qui se rendent compte, tout comme Sharon vers la fin (de sa carrière), que la seule chance pour l'État juif de survivre à la prochaine décennie, est de rétrécir aux dimensions d’un petit shtetl (ghetto). La solution à deux États est en effet le dernier effort pour maintenir en vie le sionisme.

Netanyahu est loin d'être stupide. Il comprend tout ça. Il sait que le rêve de son père du révisionniste sioniste de père (Benzion Mileikowsky alias Netanyahou, secrétaire de Ze'ev Jabotinsky) d’un «grand Eretz Israel» est inaccessible.

Haaretz rapporte aujourd'hui que le Premier ministre israélien, à Washington, a admis qu'il était résolu à la solution de «deux États vivant côte à côte». Toutefois, il a souligné que «le droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leurs foyers dont ils ont été expulsés, ne serait pas mis sur la table. » Apparemment, un Premier ministre faucon israélien affronte délibérément le péché originel d'Israël à savoir l'expulsion de la grande majorité des Palestiniens. Toutefois, le fait qu'il insiste pour dire qu'il ne sera pas « mis sur la table » ne peut signifier qu’une chose : qu’il est déjà sur la table. "Ils", poursuit M. Netanyahu, "doivent abandonner le fantasme d’une invasion d’Israël par des réfugiés, renoncer aux revendications irrédentistes * sur le Néguev et la Galilée, et de déclarer sans équivoque que le conflit est bel et bien terminé ".

De toute évidence, M. Netanyahou exprime ici le souhait qui est partagé par la plupart sinon par tous les Israéliens. Ils rêvent tous d'ouvrir leurs yeux un beau matin, pour découvrir que tous les Goyim, les Palestiniens, les Arabes et les Musulmans viennent de quitter la région.

Je tiens à signaler à Netanyahu et à tous les Israéliens qui veulent bien l'entendre que cela ne va pas se passer comme ça. Autant une invasion de «réfugiés» palestiniens est un cauchemar ancré chez les Israélien, il est loin d'être un fantasme palestinien. C’est plutôt une réalité qui attend son heure. Israël a perdu sa chance de se réconcilier avec ses voisins. Il a échoué à régler son conflit avec le peuple autochtone de cette terre. Le sort d'Israël sera déterminé par les «faits sur le terrain» à savoir la démographie. En termes de réconciliation, Israël a passé la zone non-retour. Son sort est scellé. Une Palestine du fleuve à la mer n'est plus une question de 'si', mais plutôt une question de 'quand'.
Contrairement à la plupart des Israéliens qui rejettent la cause palestinienne, M. Netanyahou a admis aujourd'hui que les Palestiniens ont effectivement été expulsés. Pour la première fois les « revendications irrédentistes» des Palestiniens sont évoquées par un Premier ministre israélien. Et pourtant, M. Netanyahu et ses gens devraient cesser de se faire des illusions. Ce n'est pas seulement du Néguev et de la Galilée qu’il s’agit. Il s’agit en effet de chaque bout de terre entre le fleuve et la mer: Tel Aviv, Jérusalem, Haïfa, Beer Sheva et chaque village, verger, terrain, rivière et arbre entre les deux. La seule question qui reste ouverte est : combien de temps faudra-t-il pour que le Shekel s’effondre ? Combien de temps faudra-t-il aux Israéliens pour saisir qu'ils habitent sur des terres volées? Combien de temps faudra-t-il avant que les Israéliens se rendent compte que la bataille est perdue? Combien de temps faudra-t-il pour que les Israéliens intériorisent le fait évident qu'ils ont une fois de plus réussi à se placer sur le mauvais côté de leurs voisins?

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* Irrédentiste: quelqu’un qui prône la récupération culturelle et historique de son territoire.

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