dimanche 24 janvier 2010

HAITI-Pays sans filet

par Tracy KIDDER
Illustration de Daniel Stolle

Daniel Stolle


Ceux qui connaissent un peu l'histoire d'Haïti pourraient avoir regardé les informations hier soir en pensant, comme je l'ai fait pendant un moment : “Un tremblement de terre ? Quoi d’autre après ? La malheureuse Haïti est décidément maudite”.

Mais alors que les tremblements de terre sont des phénomènes naturels, l’extrême vulnérabilité aux tremblements de terre est, elle, d'origine humaine. Et l'histoire de la vulnérabilité d'Haïti aux catastrophes naturelles – aux inondations, à la famine et aux maladies ainsi, donc, qu’à ce terrible tremblement de terre - est longue et complexe, mais son origine semble suffisamment claire.

Haïti est un pays créé par d'anciens esclaves, par des captifs d’Afrique de l'Ouest, qui, en 1804, lorsque l'esclavage était toujours florissant aux États-Unis et dans le reste de la Caraïbe, se libérèrent de leurs cruels maîtres français et créèrent leur propre république. Les Haïtiens ont été punis depuis pour avoir réclamé leur liberté : par les Français qui, dans les années 1820, demandèrent et obtinrent paiement des Haïtiens pour l'ancienne colonie esclavagiste, appauvrissant le pays pour les années à venir ; par une occupation américaine, globalement brutale, de 1915 à 1934 ; par une mauvaise administration autochtone que le gouvernement américain a aidée et soutenue. (Dans les années les plus récentes, les administrations américaines sont passées d’un schéma de promotion à celui de sape de la démocratie constitutionnelle en Haïti.)

D'où l'état actuel des choses : au moins 10 000 organisations privées effectuent des missions prétendument humanitaires en Haïti, mais celle-ci reste un des pays les plus pauvres du monde. Une partie des fonds sur lesquels s’appuient les organisations caritatives privées provient directement du gouvernement des États-Unis, qui a insisté pour qu'une grande partie de cette aide retombe dans des poches américaines - pour un pourcentage plus élevé que celui de tout autre pays industrialisé.


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