vendredi 29 janvier 2010

Le Washington Post "fait s’effondrer" la Révolution Bolivarienne

Cet article du Post est un concentré parfait de l’idéologie, de la thématique et du vocabulaire qu’utilisent Le Monde ou Libération dans leur campagne permanente contre le "socialisme du XXIème siècle" de Chavez
par Rafael RICO RÍOS, 28/1/2010. Traduit par Thierry Deronne, pour www.larevolucionvive.org.ve
Original :
Venezuela: The Washington Post "derrumba" la Revolución Bolivariana
Le 25 janvier 2010, The Washington Post a publié l’article “Comment s’effondre la révolution de Hugo Chávez” signé par Jackson Diehl, éditorialiste et spécialiste de l’analyse internationale. Cet article est publié juste avant le terrible tempête médiatique déclenchée par l’affaire des chaines de télévision. Dommage pour cet auteur qui aurait pu y trouver quelque argument supplémentaire dans sa tentative volontariste de faire s’écrouler des révolutions.
La première phrase de son analyse est sans appel : "Hugo Chávez et son socialisme du 21ème siècle ont échoué et roulent vers l’abîme.
Face à une telle affirmation on ne peut s’attendre qu’à des révélations transcendentales et indiscutables de la part de l’analyste.
Cependant, nous sommes habitués à la presse commerciale et à ce genre d’analystes et nous trouvons rapidement ce à quoi nous nous attendions.
L’auteur dévoile rapidement sa position politique : “Au Honduras, sept mois de crise déclenchée par un client de Chávez créant une rupture de l’ordre constitutionnel, s’achèvent sur un accord qui l’enverra en exil après qu’un nouveau président élu démocratiquement a prêté serment comme président.”
Ce qui ne mérite aucun commentaire.
L’article aborde ensuite la crise économique, toujours fondamentale pour la presse commerciale. “Le Venezuela est secoué par la récession , l’inflation á deux chiffres, et le possible effondrement du réseau électrique national.” Et ajoute que pendant ce temps, “une élection présidentielle au Chili, économie la plus prospère de la région, a produit la première victoire d’un candidat de la droite”. Typique comparaison entre deux systèmes en lutte depuis quelques années.
Nous ne comprenons donc pas à quelle économie prospère se refère l’auteur. J’imagine qu’il se réfère á l’économie prospère pour les néo-libéraux, à savoir pour les riches et grands entrepreneurs internationaux, qui au Chili peuvent faire et défaire en toute “liberté”, sans s’inquiéter des injustices et des misères que provoque leur modèle de développement. Le gouvernement bolivarien a atteint, en pleine crise globale, la plus grande baisse de l’indice d’inégalité de toute l’Amérique Latine, l’indice Gini, qui descend à 0,41.
Comme toujours notre analyste avisé évoque le thème des Droits de l’Homme : “Piñera a ainsi offert à Washington une occasion d’élever la voix sur les violations des droits de l’homme au Venezuela.”
Voici le dirigeant le plus autorisé pour parler des Droits de l’Homme : Piñera. Dirigeant du parti de la droite chilienne, cette droite assise sur l’héritage d’excellentes réussites en matière de Droits de l’Homme comme 35.000 persones victimes de violations des Droits de l’Homme - 28 mille torturés, 2.279 exécutés et 1.248 qui restent disparus.
L’auteur insiste sur le Honduras, parle des élections illégales et affirme que “Le résultat est une victoire pour les États-Unis qui furent pratiquement le seul pays à appuyer une élection démocratique alors que la situation était au point mort. Honduras marque la fin de la croisade de Chávez pour exporter sa révolution vers d’autres pays”.
Nous voyons que pour l’auteur, dans le cas du Honduras, peu importent les Droits de l’Homme. Que le Honduras a subi un coup d’État militaire avec perquisitions illégales, arrestations massives, exécutions extrajudiciaires, fermeture de médias, cela indiffère l’auteur. Ce qui importe est de mettre un terme à la croisade de Chavez.
Haití ne fait qu’agrandir le trou de Chavez. Face au monde, les États-Unis commandent une opération humanitaire massive et les Haïtiens encouragent l’arrivée des Marines nord-américains.” Même la tragédie d’un tremblement de terre est une raison de plus pour justifier l’argument selon lequel Chavez est fini. Il est difficile de suivre sa logique, si tant est qu’elle existe. Ni les coups d’État, ni les disparitions, ni les tortures, ni les assassinats, ni les tremblements de terre, ni la faim, ni la souffrance. La seule chose qui semble importer à l’analyste c’est la défaite de Chávez.
Il revient à l’économie : “L’économie vénézuélienne est entrée dans une profonde récession et continue à plonger tandis que le reste de l’Amérique Latine se récupère. Les économistes prédisent que l’inflation pourrait s’élever à 60 pour cent dans les prochains mois.”
Nous savons qui sont ces économistes qui prédisent une inflation de 60% et l’écroulement de l’économie, et nous imaginons que ce sont les mêmes qui annoncent fréquemment depuis dix ans la chute du gouvernement Chávez pour faillite économique alors que dans la dernière décade, le Venezuela a atteint les meilleurs chiffres économiques des dernières décades, dont l’inflation la plus basse.
En se référant à Haiti et au rôle déplacé de Chávez il ajoute que celui-ci “a même affirmé que la Marine des États-Unis a provoqué le tremblement de terre avec une nouvelle arme secrète.” Cette affirmation il l’a tirée d’un article d’opinion repris d’un certain “Patria Grande” et repris notamment par une chaîne de télévision publique vénézuélienne. J’imagine que suivant la même logique, toutes les opinions qui s’expriment dans une télévision publique nord-américaine devront être attribuées à Obama.
Comme on pouvait s’y attendre depuis le début du texte, il fallait citer une enquête. “... Les indices d’approbation de Chávez ont continué à s’effondrer : il est tombé sous les 50 pour cent au Venezuela et à 34 pour cent dans le reste de la région.
On ignore à quelles enquêtes se réfère l’auteur. Ce 34% d’appui dans le reste de la région est intéressant si on prend en compte la campagne médiatique internationale. Cependant au Chili il n’y a pas eu de vote pour que les chiliens élisent le président du Venezuela. Ce qui importe, ce sont les élections nationales et jusqu’il y a deux semaines les enquêtes les plus sérieuses du pays confèrent un haut pourcentage de popularité (autour de 60%) à Hugo Chávez, suffisant pour gagner aisément les prochaines élections présidentielles.
De toutes manières, c’est au peuple vénézuélien que revient le dernier mot, bien que l’analyste du Washington Post ne semble pas croire beaucoup en lui, et jusqu’à l’heure actuelle Chávez a gagné clairement toutes les élections auxquelles il s’est présenté comme candidat. L’analyse se conclut par une brillante affirmation : “... le point d’inflexion dans la bataille entre populisme autoritaire et démocratie libérale en Amérique Latine est passé – et Chavez a perdu.”
Sans arguments ... et sans commentaires.

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