lundi 6 septembre 2010

Europe: tirs groupés sur les Roms - Cassandra est revenue

par Gorka Larrabeiti, 2/9/2010. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


Peu d'informations ont circulé sur les sept victimes d'une fusillade dans un quartier de Bratislava, le lundi 30 août. Nous savons, bien que de de nombreuses agences ne le mentionnent pas, que les morts étaient des Roms. Le ministre de l'Intérieur slovaque s’est empressé de nier qu'il s'agisse d'un cas de racisme, mais un journal local a interviewé un survivant qui a dit que l'assassin avait toujours été «très hostile aux gens de couleur et nous haïssait. » Le Réseau européen contre le racisme ( ENAR ) se demande dans un  manifeste si l'actuel climat anti-Roms n’a pas contribué à promouvoir l'idée d’un « permis de tuer. » L'empressement du ministre slovaque envoie à une vieille rengaine: les Roms sont des malfaisants, pas des victimes, et lorsque c’est le cas, mieux vaut faire silence.


Voici le cas de Mario Firu, un enfant, qui est mort carbonisé, le 27 août dans une cabane en bois dans le quartier de la Magliana, à la périphérie de Rome. Bien que l'incident  se soit produit alors que les expulsions de Roms dans la France de Sarkozy font scandale, la nouvelle de sa mort effroyables ne s’est pas propagée parce que les Tsiganes doivent continuer à faire figure de méchants de l'histoire: ils n’ont pas envie de travailler, sont nomades et ne veulent pas d'une maison ; ils n’ envoyent pas leurs enfants à l'école, volent des câbles, des sacs à main et des enfants ; et en plus, ils violent et ils tuent. Ne dites pas que ce sont ceux qui souffrent le plus de la faim, vivent moins bien et meurent  plus tô


Mario avait trois ans. Ses parents avaient allumé des bougies pour empêcher les rats d'entrer dans leur pauvre cabane. La hutte a brûlé et ses parents ont réussi à sauver son frère Marco Giovanni, trois mois, mais avec des brûlures au deuxième et troisième degré. Peu de temps après l'incendie, le campement a été démantelé, dans lequel ils vivaient avec 80 autres personnes (18 mineurs), qui payaient 200 euros par mois pour 20 mètres carrés de hutte, ou entre 20 et 30 euros pour un endroit où mettre leur lit de cartons.


ENAR lance un cri d’alarme contre les mesures discriminatoires prises par les pays comme la France, l'Italie, le Danemark et la Suède contre les Roms. Le Centre européen pour les droits des Roms a publié des rapports sur la violence contre les Roms en Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie. Il a également condamné les expulsions décidées par le gouvernement danois en juillet dernier.


Qui l’aurait cru: l'Europe célèbre de 2005 à 2015 la Décennie d'inclusion des Roms , elle a tenu deux réunions au sommet sur les Roms son Parlement adopte des résolutions aussi dures que celle du 25  Mars 2010, pleine de considérants explicites sur la défense des Roms et approuvée par 572 voix pour, 28 contre et 23 abstentions, la Commission européenne a publié une communication sur l'intégration économique et sociale des Roms, on a créé le réseau EUroma pour promouvoir l'utilisation des Fonds structurels et pour  les deux prochains mois six réunions importantes (1) sont déjà programmées pour  s'attaquer aux problèmes des Roms.


Pourtant, la France de Sarkozy ne trouve pas cela suffisant et a demandé une réunion d'urgence le 6 Septembre d’un certain nombre d'États membres (2) pour régler la question. Bien que cela ne plaise pas aux Français, la réunion a été baptisée Sommet anti-Roms, et la proposition a été adoptée avec enthousiasme par le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni, le même qui a proposé la prise d’empreintes digitales des enfants vivant dans des camps roms de Rome, qui dit qu'il va proposer à cette réunion l'expulsion de citoyens de l'UE qui n'ont pas de revenu minimum, de logement adéquat et sont la charge du système social de leur pays d'accueil. Ils veulent qu’il y ait des citoyens de l'UE de pure souche et des citoyens de l'UE clandestins. Tout comme on parle d’une Europe économique à deux vitesses, l’idée d’une UE deux types de droits commence à être formulée ouvertement.


Comme sur beaucoup d'autres questions, l'Europe hypocrite, peut montrer deux visages: celui politiquement correct de la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, qui insiste sur la Charte des droits fondamentaux de l'UE et sur les racines du problème, et celui, incorrect, mais électoralement rentable des ministres français Besson  et Lellouche, qui qualifient de «grotesque», «inutiles» ou «choquantes» les accusations qui ont été portées contre leur gouvernement. Un gouvernement qui paye 300 euros pour les adultes et 100 pour les enfants, pour expulser «volontairement» des personnes sans emploi et sans logement, s’assure ainsi la Une des médias du monde, adoptant la tactique du gouvernement Berlusconi de mettre en scène la Sécurité par le nettoyage des monstres sur les écrans de télévision, sur la base d’une arithmétique ethnique corrosive  pour détourner l'attention de problèmes internes compromettants (par exemple l’affaire Woerth-Bettencourt). Peu importe que tout le monde sache que les Roms reviendront, car dans leurs pays d'origine il est impossible de survivre. La Roumanie, harcelée par le FMI, a dû baisser les salaires de 25%  et augmenter la TVA de 19 à 24%, son système de santé est au bord de la faillite et la consommation s’est effondrée.


L'Europe ne veut pas voir 10 millions de ses habitants lui rappeler l’échec du système. Elle ne veut pas les voir pour ne pas avoir le cœur qui saigne. À Rome, il y a un plan pour construire 13 nouveaux camps, bien clôturés et sans écoles, pour accueillir 6000 Roms, mais selon les estimations, la population actuelle des Roms dans la capitale italienne est de 7.200. Les ghettos, les déportations, les attaques avec des cocktails Molotov, les tirs au fusil à air comprimé. On a déjà essayé une fois de sortir d'une crise de cette manière eton sait comment ça a fini.


En rentrant de vacances, j'ai rencontré de nouveau Cassandra au feu rouge. Elle avait sa fille Adelina, 2 ans, dans les bras. Quand les attaques contre les camps à Naples ont commencé en 2008, nous l’avions convaincue de chercher une issue en Roumanie parce que ça n’était pas le bon moment pour elle  en Italie. Elle était alors repartie en Roumanie. Elle est de retour: «Je n'avais rien à donner à manger à ma fille.


Ces gouvernements européens qui se réfugient dans un populisme raciste, au rythme où ils vont, vont essayer de modifier la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, pour y écrire : «Les peuples de l'Europe, en créant entre eux une union toujours  plus étroite, ont décidé de NE PAS partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes. » Quelle lune noire que cette Europe en crise.


Notes:
 (1) Les réunions sont les suivantes:
18 et 19 Novembre 2010 -  Bruxelles, Belgique
21 et 22 Octobre 2010 - Cracovie, Pologne
12-14 et le 20 Octobre 2010 - Bucarest, Iaşi et Cluj
·     Journées ouvertes : Semaine européenne des régions et des villes  
4 - 7 octobre 2010 - Bruxelles, Belgique
30 Septembre et 1er Octobre 1st 2010 - Prague, République tchèque
15 septembre 2010 - Budapest, Hong


 (2) Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Grèce, Espagne ;  la Belgique a refusé l'invitation, Le Canada a également été invité pour aborder la questions des migrants roms de Slovaquie et Hongrie.

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