samedi 18 juin 2011

Tunisie-France: micmac au 36 Botzaris

Micmac à l’ancien siège du parti de Ben Ali à Paris
Par BAPTISTE LE MAUX, WILLY LE DEVIN, Libération, 17/6/2011

Expulsions . Des migrants ont été délogés, hier, de l’immeuble abritant des archives convoitées de l’ex-président tunisien.

C’est un étrange ballet qui se déroule au 36 de la rue Botzaris, dans le XIXe arrondissement parisien, au siège de l’ancien Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du despote tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali. Hier encore, des migrants ont été délogés «du 36» 
Racket.
Mais l’imbroglio dure depuis déjà plusieurs semaines. Verrouillé et placé sous étroite surveillance après la révolution, le bâtiment est investi une première fois le 31 mai par une quarantaine de migrants arrivés de l’île italienne de Lampedusa, dont beaucoup vivent dans une extrême précarité. Problème, le bâtiment recèle de nombreuses archives du régime Ben Ali. D’après une source diplomatique, les documents entreposés concerneraient «les tout premiers cercles du RCD, tel Imed Trabelsi, neveu de Leïla Ben Ali, seconde épouse du président». S’y trouveraient également, selon la même source, des talons de chèques, des références de comptes bancaires dont les ressources émaneraient d’un racket organisé sur les salaires des fonctionnaires tunisiens, ainsi que des preuves de la complaisance des services français à l’égard de l’ancienne dictature.
Dans la nuit du 6 au 7 juin, une escouade d’une trentaine d’hommes prend possession des caves de Botzaris. Plusieurs sources militantes, associatives (notamment la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives), et policières identifient ces Tunisiens comme des proches de l’ancien pouvoir. Des rixes éclatent avec les migrants, du matériel est dégradé, et des documents sont dérobés. Dès le lendemain, la police française, déjà sur ordre de l’ambassade de Tunisie, charge et emmène tous les occupants de l’immeuble au commissariat de la rue Riquet. Relâchés, les migrants retournent «au 36» etentament des pourparlers avec l’ambassadeur pour transformer le lieu en centre d’accueil, placé sous l’égide d’associations communautaires.
Activiste.
Mais le ballet reprend de plus belle : on vient s’emparer, troquer ou monnayer des documents. Le dernier coup de théâtre - qui semble avoir motivé l’intervention policière d’hier - se déroule mercredi vers 18 heures 30. Une avocate parisienne anti Ben Ali, Soumaya Taboubi, ainsi qu’un dissident, Ali Gargouri, se présentent «au 36» au volant d’un monospace et emportent plusieurs milliers d’archives. Leur objectif ? Créer un comité de préservation des archives de la Tunisie qui rassemblera des avocats et des intellectuels. Contactée par Libération, Soumaya Taboubi est demeurée injoignable. Elle a toutefois confié à nos confrères d’Owni, «avoir placé les archives en lieu sûr afin de les remettre dès que possible aux justices française et tunisienne.»
 

Trente Tunisiens sur le carreau après leur expulsion de l'ancien siège du parti de Ben Ali

Par MATHIAS DESTAL, Libération, 17/6/2011

En attendant de voir leur situation se débloquer, ils ont pris leurs quartiers parisiens aux Buttes-Chaumont.

Les migrants tunisiens délogés de l'ancien local du RDC espèrent voir leur situation
Les migrants tunisiens délogés de l'ancien local du RDC espèrent voir leur situation régularisée. (Mathias Destal)
Il pleut. La trentaine de ressortissants tunisiens abrités sous les arbres du parc des Buttes-Chaumont attendent que des «amis» leur apportent des bâches pour se protéger des gouttes. Les regards sont fermés, les traits tirés.
Mercredi encore, ces migrants occupaient le 36 de la rue Botzaris, l'ancien siège parisien du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Ben Ali. Jusqu'à ce que les policiers les évacuent manu militari, jeudi à six heures du matin.
«C'est à nous ici, ça appartient aux Tunisiens», s'énerve Karim, 29 ans, arrivé en France il y a un mois. Adossé à un arbre, l'ancien peintre en bâtiment est tendu. «On n'a pas dormi depuis deux jours. La police ne nous laisse pas tranquille. Ils nous ont sorti du bâtiment à six heures du matin, mercredi. On s'est installé dans le parc. Ils sont revenus à 23 heures en passant pas la grille et nous ont gazé avec leurs lacrymogènes». Trois d'entre eux ont été amenés à l'hôpital. Dont deux mineurs.

«Secrets bien gardés»

Le 31 mai, le bâtiment avait été investi par une quarantaine de migrants  arrivés en France après la révolution qui a secoué leur pays en janvier. Mais le lieu était étroitement surveillé par la police qui les a délogés à plusieurs reprises. Le bâtiment recelait de nombreuses archives du régime de Ben Ali dont certaines pourraient révéler des secrets bien gardés.

La facade du 36 rue Botzaris. (M.D.)
Afin de trouver une solution pour les locataires du «36», une entrevue a eu lieu ce vendredi matin entre des représentants des Tunisiens et Elyes Ghariani, le chargé d'affaire de l'ambassade de Tunisie en France. L'objectif: trouver une solution pour la trentaine de clandestins qui n'ont toujours pas trouvé où dormir légalement. Les plus chanceux ont déjà été dirigés vers des gymnases aménagés pour accueillir les réfugiés tunisiens.
«Nous avons essayé de trouver une solution pour qu'ils ne dorment pas dans la rue ce soir» explique Amira Yahyaoui, la fille de Moktar Yahyaoui (un opposant à Ben Ali en Tunisie), présente à la réunion au côté d'Ali Garghouri «L'ambassadeur a appelé la mairie de Paris qui nous a renvoyé vers France Terre d'asile.» Vendredi à 18 heures, l'association n'était pas en mesure de nous dire si une solution avait été trouvée pour les Tunisiens du «36».

«Centre de rétention»

L'autre point de la négociation a porté sur l'«aide au retour volontaire», qui est normalement de 2000 euros. L'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) ne propose pourtant aux réfugiés qu'une aide de 300 euros. Elle correspond à «l'aide humanitaire».

Photo: Zouaoui, arrivé en France il y a cinq mois. (M.D.)
«Certains sont prêts à repartir au bled s'ils peuvent avoir les 2000 euros, mais qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse de 300 euros?» s'indigne Zouaoui, lui aussi assis à la table des négociations vendredi matin. Le voyage jusqu'ici leur a déjà coûté enre 1200 et 1500 euros.
Et retourner au pays pour 2000 euros? Même ça, Zouaoui n'en veut pas. L'homme à la voix grave d'un fumeur de gitane est arrivé en France il y a cinq mois. Malgré un séjour de «dix jours au centre de rétention de Bobigny», il garde l'espoir de régulariser sa situation en France. «On est 23000 Tunisiens à être venu en France. C'est pas facile de trouver un logement et du travail dans ces conditions mais ça va venir. Je galérais là-bas. Je peux bien galérer un peu ici.» En Tunisie, le salaire ne dépasse pas, dit-il, 300 dinars tunisiens par mois, soit 152 euros. «Une misère.» Alors, en attendant que leur situation s'éclaircisse, les Tunisiens des Buttes-Chaumont restent «perdus, comme ils disent, dans le vent et les nuages». 

Des citoyens français campent avec les migrants à #Botzaris36

Ce billet est une contribution d’un collectif d’activistes suite à une initiative lancé par Paul Da Silva (http://www.paulds.fr/).
Je relaie ce billet par solidarité avec le mouvement qui s’active en France pour une cause d’une importance majeure pour les Tunisiens.
#Botzaris36
Nous avons besoin de votre aide dans le parc des Buttes Chaumont, il nous faut :
  • Des draps, duvets, sacs de couchages et couver
  • A manger et à boire (pas d’alcool)- Des vêtements
  • Des cigarettes
  • Du nécessaire d’hygiène
  • Des bâches ou même des sacs poubelle grande contenance
  • De quoi produire de l’électricité
  • Des citoyens qui trouvent que ce qui se passe n’est pas normal!
  • Des journalistes !!
  • … Nous n’avons rien et avons besoin de tout, la mairie elle ne fait rien!
L’histoire que je vais vous raconter ici met en place une trentaine de jeunes Tunisiens ayant fait le périple depuis leur pays jusqu’à Paris, deux citoyens français et toute une myriade de politiques qui ont clables à nous autres humains désirables sur le sol français, et de subir (presque)  les  mêmes conditions qu’eux. Tout ce que nous vivons nous le publions en  direct sur Twitter, au fur et à mesure de la journée et en marquant  de  brèves pauses pour aller recharger les batteries. Du matin au soir,  et  même pendant la nuit où nous allons (et avons déjà commencé) camper  avec  ces gens (par ailleurs formidables) dans le parc qui est  actuellement  leur seul refuge.
La  problématique est la suivante :
Hier près d’une centaine de Tunisiens  qui occupaient illégalement un local affilié au RCD (l’ancien parti du «  président » déchu Ben Ali) faute d’avoir ailleurs où aller ont été  expulsés et ce sans qu’aucune solution de logement ou d’aide de quelque  ordre que ce soit ne leur soit proposée. Cette expulsion a pour raison  la présence de documents compromettants (pour les politiques tunisiens  comme français) dans le local en question et la peur de les en voir  sortir et révélés à la presse ou utilisés en justice…
La  question qui se pose est alors : qu’est ce que l’on fait lorsque l’on  est simple citoyen et que l’on voit ainsi les droits de l’Homme (qui  s’appliquent à tous les humains et pas uniquement aux franco-français  jusqu’à preuve du contraire) foulés au pied pour protéger quelques  politiciens ayant de toutes façons ouvertement pratiqué la complaisance  depuis plus de vingt ans avec un régime qui lui-même, déjà, opprimait sa  population. Comment se battre pour que des humains, composés de chair,  d’os, et de pas mal d’autres choses soient reconnus en tant que tels et  pas juste en tant qu’indésirables ou que potentiels dangers pour des  bouts de papiers et des disques durs (dont certains ont de toutes façons  déjà été extraits) ?
La  seule solution que nous avons trouvé est la suivante :
Puisque la  chair, l’os, et tout le reste ne suffisent pas, nous allons y rajouter  ce que les Hommes politiques aiment plus que cela : des cartes  d’électeurs, des citoyens français…
Je   vais essayer de publier un papier comme celui-ci tous les jours, en   espérant que la fatigue ne m’emporte pas trop, lors de courtes pauses   dédiées à cela dans notre rythme de réfugiés.
Comprenez   bien que nous préférerions chacun dormir chez nous et que les  Tunisiens  avec qui nous avons sympathisé soient traités correctement,  mais après  avoir contacté l’ambassade, la mairie de Paris, la mairie  de  l’arrondissement et la région Île de France sans qu’aucune solution  ne  soit proposée pour mieux loger les Tunisiens nous avons décidé   d’inverser la balance et de nous nous mettre au niveau de vie qu’on  leur  impose.
La journée d’hier fut riche en rebondissement, laissez moi vous la raconter.Alors   que j’avais prévu de passer la journée sur un salon (Pas Sage en Seine), je suivais en simultané sur mon téléphones les nouvelles de   Botzaris (#Botzaris36) et lorsque j’ai vu qu’une plaque avait été posée sur le bâtiment maintenant vide de ses occupants
Ambassade de Tunisie « annexe »
#Botzaris36 - Ambassade de La Tunisie, Annexe
J’ai   eu peur que la situation ne dégénère et ai donc quitté le salon pour   retourner sur place. Arrivé vers 15 heures, tout le monde me salue et   m’accueille poliment. Nous discutons un peu avec tout le monde et   découvrons qu’une journaliste a enfin fait le déplacement et qu’elle  est  aussi intéressée par le sort des migrants et non uniquement par  celui  des documents. Nous discutons donc un certain temps, et résumons   notamment les épisodes de la nuit.
Aux alentours d’une heure du matin, alors que les Tunisiens étaient   endormis dans le parc, et que la mairie était au courant de cela, une   patrouille de police est arrivée les réveiller, lampe torche au poing.   Ceci a eu pour effet d’en agacer certains et la mayonnaise est   rapidement montée jusqu’à se transformer en gaz lacrymogène. Bilan : 3   mineurs à l’hôpital pour la nuit…
On   a aussi une information selon laquelle deux autres Tunisiens sont en garde à vue, ce qui est illégal pour un immigré en France depuis peu et   ne peut donc signifier que centre de rétention…  Dure nouvelle…
Nous nous retirons dans un café pour recharger les téléphones et parler plus calmement avec la journaliste. La discussion se passe bien, nous  lui  donnons tout ce que nous pouvons lui donner et la remercions très   chaleureusement d’être venue. Comprenez que seule la médiatisation de   l’affaire peut permettre de la débloquer autrement que dans un   affrontement contre-productif…
Tout   ce temps la pluie bat et nous trouvons abri sous les arbres du parc ou   sous une bâche que la sureté de Paris va nous demander d’enlever pour  ne  pas gâcher le paysage…
On passera sur les évènements de la vie quotidienne suivants, la galère à   s’organiser pour répartir les maigres ressources alimentaires, la  quête  pour décrocher un ballon pris dans la charpente d’une tonnelle  qui nous  sert aussi d’abri, …
Arrivent deux équipes de télévision : France 2 et France 3. Les   deux nous consultent directement, nous leur expliquons en détail ce  qui  se passe et l’équipe de France 3 essaye de rentrer (sous la caméra  de  France 2) et se fait bien entendu refouler. Partant de là et  sachant  qu’il n’y aura aucun document à diffuser à l’antenne, ils  partent…
A  l’opposé la journaliste de France 3 va effectuer un travail   considérable pendant au moins deux heures, discuter en arabe avec les Tunisiens sur place, filmer les tentatives de tractation des uns avec   les autres, jusqu’à ce que les vigiles décident de sortir et de donner   l’assaut sur les quelques jeunes présents ici, allant jusqu’à en  prendre  un à la gorge. La police ayant été vraisemblablement appelée  (elle  commence à bien connaître l’adresse je pense) elle arrive très  vite et  calme les vigiles. Dans le même temps nous expliquons aux  policiers la  situation. Ils sont très compréhensifs et nous demandent  juste d’arrêter  d’essayer de discuter avec les gardiens qui n’en ont  visiblement pas  envie.
Peu après et alors que la police est partie et que les vigiles sont   rentrés, ce sont deux voitures de la sécurité de la mairie de Paris que nous repérons stationnées en contrebas dans le parc. En courant on y   arrive vite, pour constater que les véhicules sont vides et que leurs   occupants ne sont visibles nul part. Nous remontons voir ce qui se  trame  en haut avant de redescendre à nouveau en courant en voyant le  nombre  des voitures doubler et leurs occupants bien présents pour le  coup.
Il s’avère en fait qu’ils ne souhaitaient que faire respecter le  règlement  et ainsi demander à ce que l’on ne consomme pas d’alcool dans  le parc  et que l’on range le drapeau tunisien. Ces consignes seront  respectées  et tout se fera dans la bonne entente des deux côtés…
Un des tunisiens avec lequel j’ai le plus discuté vient alors me voir et   me dit plein de gêne qu’il a faim et qu’ils n’ont presque plus rien à   manger. Je lance un appel sur Twitter qui restera malheureusement sans   réponse jusqu’à ce qu’un des soutiens que l’on connait bien revienne  les  bras chargés de pain et de nourriture à mettre dedans pour faire  des  sandwichs…
A nouveau nous voyons deux journalistes (c’est la première fois que nous   en voyons autant en si peu de temps) dans un café et en profitons pour   recharger les batteries des téléphones en discutant à la fois des   tunisiens, des documents et de notre démarche. L’un des journalistes va   rester avec nous une bonne partie de la soirée et partir très tard.
C’est   pendant que ce journaliste fait une prise d’image de l’autre côté de  la  grille du parc que les vigiles en profitent pour faire sortir une   camionnette de la cour du bâtiment. Personne n’a pu voir si elle était   chargée et/ou si elle transportait des gens. Elle n’est pas revenue à   l’heure où j’écris…
La Sureté de Paris viendra plus tard, vers 22h, nous demander de quitter   le parc pour la fermeture. Nous leur expliquons que cela est  impossible,  que personne ne posera de souci et que l’on souhaite être  enfermés dans  le parc. Ils finiront, à force de négociation, par  accepter.
Vers 23h/minuit nous décidons de rester avec Elisabeth et de passer la   nuit dans le parc. Elle sera agitée et si nous avons grappillé 10 minutes de sommeil chacun c’est un grand maximum. Dormir à même le sol   est très inconfortable, nous ne l’avions pas prévu (elle était en robe   et moi en veste de costume – que je peux d’ailleurs mettre à la   poubelle), il pleut par intermittence et les arbres ne nous protègent   que partiellement, il fait froid, …
J’essaye de dormir assis contre un   arbre, un de nos amis tunisien va insister pendant près de 20mn pour  que  je prenne sa place allongé : « vous êtes notre invité ! » –  j’aimerai  pouvoir lui répondre qu’eux sont les invités de la France !
A   4h20, pris par le froid nous allons marcher un peu et en passant aux   abords du 36 les chiens commencent à hurler. Dix minutes plus tard une   voiture de police est sur place… Une personne viendra finalement nous   parler, son visage nous est familier, ses questions sont orientées et  il  a l’air horriblement frais pour l’heure avancée de la nuit… De là  à  dire qu’il s’agirait d’un policier en civil comme il en circule nuit  et  jour à Botzaris…
A   6 heures et après avoir visité le parc presque vide et encore fermé   pendant le lever de soleil, nous allons recharger à nouveau les   batteries de nos téléphones – les nôtres sont bien à plat…
Les images sont reprises de fhimt.com
Source : nawaat

Pétition au Conseil Européen pour l’application de la protection temporaire aux migrants tunisiens

Suite à l’insurrection populaire qui a abouti à la fuite du président Ben Ali et à l’initiation d’un processus démocratique et constituant en Tunisie, près de 25 000 Tunisiens se sont embarqués vers l’Europe durant quelques semaines. La grande majorité était constituée de jeunes hommes originaires des régions sud-est de la Tunisie, ils sont aujourd'hui répartis en Europe, essentiellement en France et en Italie, où ils vivent dans des conditions déplorables et humiliantes.
Au regard des données démographiques européennes, des besoins de main d'œuvre étrangère déclarés et des volumes annuels constatés et attendus d’entrée d’étrangers dans le territoire de l’UE, l’arrivée de vingt cinq mille personnes en Europe peut être considérée comme dérisoire, mais pour le pays de provenance (10 millions d'habitant), cela constitue un déplacement massif de population.
Les régions dont ces migrants proviennent sont sujettes à une forte instabilité due à la désorganisation de l’administration et de la police, elles sont sinistrées économiquement en raison de l’arrêt des principales activités rémunératrices (commerce transfrontalier avec la Libye, tourisme) et fragilisées par l’arrivée d’un nombre important de réfugiés de Libye.
Le départ de ces milliers de migrants est donc la conséquence directe d’une véritable nécessité impérieuse qui a coïncidé avec un ensemble de conditions opportunes (désorganisation du contrôle des frontières, météo favorable…). Leur retour forcé dans le contexte actuel porterait incontestablement de graves préjudices à des milliers de familles ; il serait une menace sérieuse à la stabilité et à la sûreté de régions entières et un surcroît important de difficultés pour le processus fragile de démocratisation tunisien.
L'Europe a été, jusqu'aux derniers jours le principal soutien de la dictature du Général Zine-El-Abidine Ben Ali, aujourd'hui tous les gouvernements européens déclarent être solidaires du processus démocratique. Il faudrait plus que des déclarations pour que le peuple tunisien y accorde un quelconque crédit. L’arrivée de ces milliers de Tunisiens en quelques semaines en Europe correspond aux conditions d’applicabilité de la directive européenne 2001/55/CE du Conseil du 20 juillet 2001 relative à des normes minimales pour l'octroi d'une protection temporaire en cas d'afflux massif de personnes déplacées.
Nous demandons au Conseil Européen d'activer cette directive pour permettre à ces migrants de vivre dignement en Europe en attendant que la situation s'améliore en Tunisie.

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