dimanche 5 février 2012

Les petites phrases qui tuent : "Toutes les civilisations de se valent pas"

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Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a persisté dimanche dans son jugement que "toutes les civilisations de se valent pas", en dépit des critiques de la gauche voyant là une façon d'attirer des électeurs du Front national à moins de trois mois de la présidentielle. (AFP/Archives)




Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a persisté dimanche dans son jugement que "toutes les civilisations de se valent pas", en dépit des critiques de la gauche voyant là une façon d'attirer des électeurs du Front national à moins de trois mois de la présidentielle.

"Je ne regrette pas" ces propos "mais je regrette que certains à gauche continuent à extraire des petites phrases de leur contexte et enlèvent ainsi à la dignité du débat démocratique", a-t-il dit sur RTL.

Si Claude Guéant a assuré dans l'après-midi sur France Inter qu'il "ne vis(ait) aucune culture en particulier", il a pourtant choisi ses exemples dans l'islam, évoquant les prières de rue et le voile intégral, des pratiques selon lui "gênant(es)" pour les Français.

Trois heures plus tard, sur Europe 1, le ministre a critiqué "le relativisme" des socialistes qui ont refusé de voter l'interdiction de ces pratiques.

"Il n'y avait aucun objectif politicien dans mon propos", a-t-il pourtant assuré sur la même antenne. "Cela étant", a-t-il poursuivi, "si c'est l'occasion pour les Français de se déterminer entre deux familles politiques, qui n'abordent pas la vision d'avenir de notre société de la même manière, eh bien c'est une bonne chose."

Samedi soir, M. Guéant avait déclenché une polémique pour avoir déclaré, devant l'association d'étudiants de droite Uni, que "contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas".

"Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient", avait-il argumenté, ajoutant : "Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique".

Le numéro 2 du PS Harlem Désir y avait vu "la provocation pitoyable d'un ministre réduit à rabatteur de voix FN" et SOS Racisme avait dit "espérer un démenti urgent" des propos.

Au contraire, M. Guéant a été soutenu dimanche par plusieurs membres de la majorité.

"Dire que le respect de la personne, dire que le refus de la violence, dire que le refus de la peine de mort par exemple hiérarchisent des comportements, des cultures, des civilisations me paraît d'une banalité totale", a abondé le ministre de la Défense, Gérard Longuet.

Comme on lui demandait s'il s'agissait "des sociétés musulmanes notamment", M. Longuet a répondu : "Pas toutes, l'islam est polymorphe dans le temps et dans l'espace et s'il y a des sectes minoritaires, il y a un islam débonnaire et bon enfant qui est tout à fait à l'image de ce qu'est le protestantisme ou le catholicisme dans d'autres parties du monde".

Claude Guéant ne dit que "des choses évidentes", a renchéri Arno Klarsfeld. "Si la gauche veut faire campagne sur le fait que le nazisme hitlérien ou les talibans valent la civilisation française ou britannique, qu'ils le fassent", s'est agacé le président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).

En réaction, un porte-parole de François Hollande, Bernard Cazeneuve, a estimé que "théoriser le conflit des civilisations, c'est diviser et abaisser la République".

"De droite comme de gauche, tous les Français attachés aux valeurs républicaines attendent maintenant un signe : M. Sarkozy doit impérativement rappeler à l'ordre son ministre dans les heures qui viennent", a demandé un autre socialiste, Claude Bartolone.

Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples a lui "décerné le triple A de l'escalade xénophobe" au ministre.

Ces derniers mois, M. Guéant a déjà suscité la controverse sur des sujets connexes, déclarant notamment en avril que l'augmentation du nombre de fidèles musulmans posait "problème", ou en mai que "les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés".

AFP

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