vendredi 29 juin 2012

Lettre ouverte de militants emprisonnés au nouveau président égyptien An open letter to Egypt’s President-elect Morsi from jailed activists

LE CAIRE: Des militants égyptiens détenus  viennent d’écrire une lettre ouverte au nouveau président élu Mohamed Morsi pour lui rappeler ses promesses aux révolutionnaires. Ils lui demandent de mettre fin de toute urgence à l’injustice qu’ils subissent et de faire libérer les civils détenus et jugés par des tribunaux militaires, souvent sans défenseurs et sans possibilité de recours.


Selon des militants, le nombre de ceux qui ont comparu devant  un tribunal militaire depuis le 25 janvier 2011 s’élève à environ 12.000.


Le groupe d'activistes Non aux procès militaires continue de militer pour la fin des détentions

Voici la lettre des détenus :
Les Égyptiens célèbrent la défaite du candidat de la junte militaire et de l'alliance des hommes de Moubarak, fêtant le premier président civil librement élu, malgré les grandes divergences avec la doctrine et la politique du Dr Mohamed Morsi et les positions de son groupe à l'égard de la révolution tout au long des 18 mois écoulés, qui ont conduit à une division au sein de la révolution et en ont fait une  proie aux mains du conseil militaire de Moubarak.
Au moment où le président égyptien se prépare à prêter serment samedi, nous tenons à lui rappeler ce qui suit :
Il ne doit pas oublier les milliers de jeunes gens innocents derrière les barreaux, condamnés par des tribunaux militaires qui n'ont pas de représentation légale, et dont la liberté a été volée à tort en recourant à des manipulations.
Il ne devrait s’atteler à aucune de ses tâches tant que des centaines de personnes restent détenues pour les affaires Maspéro, du Conseil des ministres, de la rue Mohamed Mahmoud et d’Abbasiya, toujours en prison sans avoir commis d’autre crime que celui d’avoir défendu défendre la liberté de cette nation.
Vous ne devriez pas entrer au palais présidentiel avec une conscience tranquille tant que ces jeunes ne sont pas retournés dans leurs foyers, auprès de leurs mères accablées de douleur.
Par conséquent, nous appelons le Dr Morsi à remplir ses obligations:
1. Amnistie pour tous ceux qui ont été poursuivis par les militaires dans tous les événements qui ont suivi la révolution.
2. La libération immédiate de tous les détenus et prévenus sur des accusations criminelles et politiques pour les sit-in et les  manifestations qui ont suivi la révolution. Sans oublier, bien sûr, les détenus du 8 Avril, les officiers et les civils arrêtés après les affrontements à Abbasiya, qui ont été en grève de la faim depuis plus de vingt jours.
 
Source: http://www.bikyamasr.com/71104/an-open-letter-egypts-president-elect-morsi-from-jailed-activists/ 
Traduction Tlaxcala

jeudi 28 juin 2012

La peste brune relève la tète dans cette Grèce en crise terminale. Y a–t-il quelqu’un pour l’arrêter ?...

Athènes, 28 juin 2012 - Malheureusement, les lendemains des élections du 17 juin trouvent la gauche grecque aussi désemparée devant la menace néonazie qu’elle était avant le 6 mai.  La preuve ? Le succès d’Aube Dorée est présenté comme une exception, comme un simple « point noir » d’une situation générale par ailleurs très brillante. C’est ainsi que pratiquement toutes les composantes de la gauche grecque (y compris SYRIZA) décrivent la situation comme un simple assemblage de bons et de mauvais résultats, feignant d’ignorer qu’aussi bien les « bons» que les « mauvais » points (c'est-à-dire l’apparition et le développement foudroyant des néonazis) font partie de la même situation globale, qu’ils sont interdépendants et qu’ils ont un même dénominateur commun, la crise historique de la société grecque, qui les conditionne tous !
La conséquence de cette approche superficielle de la réalité sociale et politique grecque par la gauche grecque est que le phénomène néonazi est assimilé à un…accident historique, à quelque chose de passager et finalement, à un fait politique d’importance secondaire si on le compare aux deux grands événements de temps présents : la montée en flèche de SYRIZA et l’effondrement du bipartisme traditionnel grec. Cependant, les faits sont têtus et résistent à de telles « analyses ».  D’abord, il y a l’activité  quotidienne de néonazis, qui devient de plus en plus redoutable, de plus en plus agressive, ne se limitant plus à viser uniquement les immigrés mais s’étendant désormais aux militants de gauche ou même à des simples badauds qui osent protester. Au lieu de s’assagir vu qu’elle a dorénavant une forte représentation parlementaire (comme le prévoyaient à tort plusieurs dirigeants de gauche), Aube Dorée passe maintenant à l’attaque, tous muscles dehors, multipliant les provocations et les raids dans tout le pays, et revendiquant publiquement son « droit » de frapper qui elle veut quand elle le veut !

Ensuite, il y a surtout les statistiques, qui sont encore plus effrayantes que les actes des néonazis. Selon les études approfondies des résultats de dernières élections grecques, Aube Dorée est tout sauf un « phénomène passager » et « va constituer un pôle puissant ainsi qu’un adversaire  assez redoutable pour la Gauche,  dans les années à venir » (1). Sans aucune hésitation, nous l’affirmons catégoriquement et tout de suite : les néonazis grecs non seulement s’établissent pour longtemps au cœur du paysage politique grec, mais constituent désormais, avec SYRIZA, la deuxième force organisée et en pleine expansion là où va se jouer le sort du pays : dans les grands centres urbains et parmi la population la plus active et dynamique…

Comme le fait remarquer l’auteur de l’étude et grand spécialiste des partis politiques et des comportements de l’opinion publique grecque Christoforos Vernardakis, « Aube Dorée constitue une formation cohérente, dont les résultats électoraux présentent une structure de classe prononcée  ayant à l’évidence  une grande homogénéité idéologique». La conséquence en est qu’Aube Dorée est tout à fait différente de son précurseur, le  parti d’extrême-droite LAOS, qui était non seulement « systémique » quand à ses choix politiques mais surtout interclassiste dans la composition de sa clientèle électorale, avec une forte influence dans la haute et moyenne bourgeoisie. Selon Vernardakis, «Aube Dorée présente une influence populaire plus « pure », qui s’est même exprimée aux élections de juin avec un agenda idéologique plus franc qu’en mai. La géographie d’Aube Dorée montre qu’il s’agit d’une formation qui ne sera pas conjoncturelle  dans le système partidaire ».
Ces affirmations sont corroborées par le fait que le parti néonazi, dont le résultat électoral national de presque 7% des voix n’a pas varié sensiblement entre les deux élections de mai et de juin, fait des scores tout a fait éloquents surtout dans les quartiers populaires, les tranches d’âge 25-44 ans, et chez les ouvriers non spécialisés et les travailleurs flexibles (24,5%) ainsi que chez les chômeurs (12,2%). Mais, ce n’est pas tout. L’analyse des résultats électoraux d’Aube Dorée fait apparaitre une réalité très révélatrice des intentions de la bourgeoisie grecque quand elle attribue au parti néonazi 20,3% des votes des « patrons et entrepreneurs » !  C’est plus d’ un patron et entrepreneur grec sur cinq qui vote déjà ( !) pour les émules de Hitler, ceux qui font publiquement l’apologie d’Auschwitz et égorgent dans le métro d’Athènes des immigrés sans défense !                                                                                              
Giorgos Germenis, alias Kaiadas, bassiste dans le groupe de black metal Naer Mataron (ci-dessous) et adepte de Lucifer, est l'un des députés élus d'Aube Dorée d'Athènes.Le groupe continue à se dire"apolitique" et menace de poursuites légales quiconque les traitera de fascistes...

 
On est ici devant une réalité effrayante et… très prometteuse pour la suite du drame grec. En effet, un tel appui patronal aux néonazis grecs signifie a) que l’argent coule déjà a flots dans leurs caisses, et b) qu’une partie appréciable de la bourgeoisie grecque (+ 20%) joue déjà la carte du fascisme et de ses bandes armées pour contrecarrer le mouvement populaire et sa force montante qui est SYRIZA !  En somme, tout ça signifie qu’on est déjà très loin de certitudes naïves dont fait preuve la gauche grecque, qui persiste à sous-évaluer le danger fasciste quand elle se limite à l’exorciser avec des affirmations du genre « le fascisme est quelque chose totalement étranger aux Grecs » ou « maintenant, qu’ils (les néonazis) sont au parlement et que les médias parlent d’eux, ils révèlent leur vraie nature et les gens vont comprendre et se détourner d’eux »…
Malheureusement, ce n’est pas du tout le cas. En effet, tout indique qu’Aube Dorée est bien enracinée dans la société grecque, et surtout  que l’adhésion à ses pratiques et ses objectifs n’est pas du tout accidentelle, épidermique ou passagère. Par exemple, la remontée d’Aube Dorée après un passage à vide au lendemain des élections du 6 mai, est due non pas à un prétendu « assagissement » de ses pratiques, mais plutôt à  son choix très conscient de faire passer ses actions à un niveau qualitativement supérieur de violence (égorgements quotidiens d’ immigrés en public, provocation et faits de violence du N° 2 des néonazis contre deux députées de gauche  « en direct » d’un studio de TV,  agressions contre des militants de gauche et raids contre des locaux des partis de gauche, etc.).  En somme, ce qui se passe chaque jour sous nos yeux, est exactement le contraire de ce que prêchent les vœux pieux de la gauche grecque : la violence d’Aube Dorée contre les immigrés et les militants de gauche, non seulement ne fait pas diminuer mais… augmente son influence et sa capacité d’attraction d’un coté parmi certaines couches sociales de déshérités et de l’autre dans la bourgeoisie et le patronat grecs.
Même provisoire, la conclusion n’est pas donc si difficile : les deux forces montantes de l’échiquier politique grec sont celles qui se trouvent à ses deux extrémités, à l’extrême-gauche et à l’extrême-droite, Syriza et Aube Dorée. C’est ainsi que les résultats des deux élections successives grecques viennent confirmer de façon éclatante la thèse et l’hypothèse de travail présenté avant les élections du 6 mai dans notre texte « soixante-sept ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale et le procès de Nuremberg, nous voici donc en pleine République de Weimar à la grecque… »: Une très grande partie de cette société grecque ruinée après deux ans de politiques d’austérité barbare, cherche désespérément les solutions radicales à ses problèmes de survie aux deux extrêmes du paysage politique grec.
Ceci étant dit, il est tout à fait explicable que la raison profonde de l’incapacité de la gauche grecque à comprendre le phénomène Aube Dorée et d’agir contre elle, réside dans son incapacité à comprendre ce qui est en train de se passer aux tréfonds de la société grecque elle-même ! C’est pourquoi le succès électoral des néonazis est décrit uniquement comme un simple « point noir » dans un tableau généralement positif, sans qu’on comprenne que ce « point noir » est  un peu l’autre face de la médaille du succès fulgurant de SYRIZA, et surtout sans qu’on comprenne que ces mouvements de pendule des masses déshéritées allant d’un extrême à l’autre de l’échiquier politique vont continuer tant que la gauche radicale ne transforme pas l’actuelle période prérévolutionnaire en période révolutionnaire…
Mais il faut avouer qu’il y a désormais un obstacle de taille sur le chemin qui mène à cette transcroissance de la période prérévolutionnaire en révolutionnaire. Cet obstacle s’appelle Aube Dorée et ce n’est pas un hasard s’il a été créé de toute pièce (par les grands médias, une fraction de la bourgeoisie grecque, des personnalités de la droite traditionnelle grecque qui qualifient Aube Dorée d’« organisation sœur de Nouvelle Démocratie », etc.) exactement pour…faire obstacle au développement du mouvement populaire et à la montée de la gauche radicale grecque ! En termes plus simples, la gauche grecque doit cesser d’exorciser le mal néonazi avec des phrases creuses du genre « il faut isoler les fascistes » et les remplacer au plus vite par la problématique de la défense des immigrés et de sa propre autodéfense  face aux bandes de tueurs déchainés d’Aube Dorée.
Pourtant, il faut qu’il soit clair que cette « autodéfense » ne s’improvise pas d’autant plus que le mot même d’« autodéfense » reste un mot-tabou pour la gauche grecque, un mot qu’elle s’obstine à ne pas prononcer. Des objections du genre « on ne va pas descendre à leur niveau » ou « il faut affronter les fascistes avec des armes politiques » ne tiennent pas debout à partir du moment où la violence néonazie s’étend chaque jour à de nouveaux quartiers, rendant de plus en plus difficile la vie normale des gens et menaçant les activités des partis et organisations de gauche. Ici, on n’a plus affaire à des théories abstraites mais à des problèmes très concrets de la vie quotidienne des gens que la gauche grecque doit reconnaitre, affronter et résoudre de façon unitaire le plus vite possible ! Si Aube Dorée arrive à nous interdire de sortir de chez nous, tout le reste sera du bavardage irresponsable de gens qui refusent obstinément de regarder la réalité en face…
Quelques victimes d'Aube Dorée


Finalement, ce qui manque cruellement à la gauche grecque pour qu’elle puisse comprendre, affronter et combattre efficacement la peste brune qui est en train de relever la tête, est la mémoire et la compréhension de ce qui est arrivé à l’Allemagne –mais aussi en Italie- dans les années 20 et 30. Sans l’expérience et les leçons de cette époque-là, la gauche grecque est condamnée à improviser  et à tourner en rond face à des néonazis qui donnent déjà l’impression d’avancer  en suivant scrupuleusement les lignes directrices du manuel original du national-socialisme. Car, il faut enfin l’admettre, la situation actuelle en Grèce présente désormais des similitudes toujours plus grandes avec celle de l’Allemagne avant la fin de la République de Weimar et la montée de Hitler au pouvoir.  Ça parait invraisemblable mais, malheureusement, c’est comme ça ! Alors, tant que perdurera l’incompréhension du phénomène  Aube Dorée en tant que produit de son époque (de crise économique, sociale et politique terminale), ce « phénomène » continuera sans problèmes son développement fulgurant. Donc, attention : on n’est encore qu’au tout début de cette histoire qui promet des lendemains cauchemardesques si la gauche grecque continue de voir en Aube Dorée un simple « anachronisme » passager condamné à disparaitre dès que les gens s’apercevront de sa nature passéiste et malsaine.  Non, les néonazis grecs sont beaucoup plus que ça, car ils constituent désormais un vrai mouvement radical populaire doté de ses groupes paramilitaires et qui en plus jouit de l’appui (politique, médiatique, financier,…) d’une fraction très importante de la bourgeoisie grecque.
La conclusion est volontairement alarmiste. La gauche grecque devrait avoir fait son autocritique parce qu’elle a laissée le serpent néonazi sortir de son œuf.  Elle ne l’a pas faite, et maintenant elle continue sur la même lancée suicidaire, prétendant affronter le mal en l’exorcisant, comme s’il  s’agissait d’un simple …esprit maléfique et non pas d’une très réelle force matérielle qui vise à la destruction du mouvement ouvrier par tous les moyens. Il y a seulement 3 mois, dire qu’Aube Dorée pourrait obtenir 7% des voix paraissait une énormité digne d’un scenario de politique-fiction. Qui oserait aujourd’hui exclure que ce même « scenario de politique-fiction » ne nous réserve d’autres surprises, encore plus grandes et surtout plus douloureuses ?
(1) Voir article et tableaux de Christoforos Vernardakis dans le quotidien Avgi du 24 juin 2012.

"Les Allemands ont fait un tragique erreur historique": George Soros, sur la crise de l'euro

 
Avant le sommet de l’UE il y a une forte pression  sur les gouvernements européens. Le célèbre investisseur George Soros ne leur donne que peu de temps pour sauver l’union monétaire. Dans cette interview, il explique comment l’Allemagne a développé  une image de puissance impériale haïe – et pourquoi un retrait de l’euro serait extrêmement coûteux.
Hambourg – Le célèbre investisseur américain Georges Soros a été l’un des plus grands spéculateurs du monde de la finance. Maintenant, assis dans sa maison de ville dans le quartier Kensington de Londres, il se pose des questions sur l’amélioration du monde. Soros investit chaque année de centaines de millions de dollars  dans la démocratisation des pays de l’Europe de l’Est. De plus en plus, il interfère aussi dans le débat concernant le sauvetage de l’euro.
 
Georges Soros,  d’origine hongroise devient célèbre  en 1992, lorsqu’il a spéculé contre l’intégration de la livre sterling  dans le  Système monétaire européen. Par le passé, Soros a attaqué la politique suivie par la chancelière Angela Merkel (CDU) dans le crise de l’euro. Maintenant, il compare la situation vécue aux USA après la Seconde Guerre mondiale avec l’Allemagne dans son contexte européen actuel. Les USA ont alors mis en place  le Plan Marshall en tant que “puissance impériale bienveillante.” Le pays lui-même en a bénéficié beaucoup. Aujourd’hui, l’Allemagne ne semble “pas être disposée à s’impliquer dans quelque chose comme l’ont fait les USA avec le Plan Marshall”, critique Soros.  “C’est une erreur tragique et historique que l’Allemagne ne reconnasse pas ces possibilités.”
 
Selon Soros, Merkel se trouve dans une situation particulière:  Elle a fini par se rendre compte que l’euro ne peut pas fonctionner ainsi, mais elle ne peut pas changer le narratif de la crise qu’elle a créé.” Cette narration selon laquelle les pays débiteurs n’ont pas fait leurs devoirs, s’est installée dans l' esprit des Allemands.  Le ministre fédéral des Finances Wolfgang Schäuble, (CDU) est, selon Soros, “le dernier Européen qui reste.” Il est  “un personnage tragique parce qu’il comprend bien ce qu’il faut faire, mais il sait aussi qu’il ne peut pas balayer les obstacles”, dit Soros. ”Il en souffre vraiment.”
 
Lisez l’interview intégrale de George Soros sur le rôle de l’Allemagne dans la crise de l’euro et le plan qu’il propose pour résoudre  le problème de la dette.
Le milliardaire George Soros - REUTERS
SPIEGEL ONLINE: En Allemagne, les gens parlent ouvertement de ce qui était, il y a à peine quelques années impensable: un retrait de la zone euro. Beaucoup d’Allemands croient qu’un retour au mark serait mieux que de le rester dans une union monétaire fragile. Ont-ils raison?

Soros:
 Une rupture de la zone euro serait très coûteuse et préjudiciable, aussi bien financièrement que politiquement. Et les Allemands seraient obligés d’en accepter des pertes plus grosses.Vous devez être conscients du fait qu’ils n’ont pas pratiquement pas perdu d’argent dans la crise de l' euro. Tous les transferts des capitaux ont été faits par des crédits – et c'est seulement si ceux-ci ne sont pas remboursés qu'on pourra parler de pertes réelles.
 
SPIEGEL ONLINE: Les sondages montrent que la plupart des Allemands ne croit pas que les prêts à la Grèce et à d’autres pays seront remboursés un jour. Ils craignent que l’Allemagne doive payer pour le reste de l’Europe.
 
Soros: Cela ne se produira que si l’euro s’effondre. Nous assistons actuellement à une fuite de capitaux massive, qui s’accélère en permanence – et pas seulement de la Grèce mais aussi d’Espagne et d’Italie. Tous ces transferts d’argent à l’étranger se reflètent dans les bilans des banques centrales - et cela conduirait à des exigences énormes des pays créanciers aux pays débiteurs. Je pense que rien que d’ici la fin de cette année, les exigences allemandes vont grimper en flèche au-delà de 1000 milliards d’euros.
 
SPIEGEL ONLINE: En cas de dislocation de la zone euro, ces exigences seraient tout d’un coup sans valeur. N'est-ce donc qu'un bluff, quand la chancelière Angela Merkel flirte avec l’idée d’un retrait allemand de l’union monétaire?

Soros: l’Allemagne pourrait quitter la zone euro. Mais ce serait extrêmement coûteux. Je viens de lire  l’étude faite par le ministère allemand des Finances, publiée par le Spiegel, selon laquelle en cas d’effondrement de la zone euro,  le chômage en Allemagne augmenterait de manière significative et la croissance économique baisseraitdrastiquement. Par conséquent, l’Allemagne va faire toujours le minimum nécessaire pour garder l’euro. Mais  la situation des pays débiteurs ne fera que s’aggraver. Le résultat sera une Europe dans laquelle l’Allemagne sera considérée comme une puissance impériale – comme une puissance qui n’est plus admirée ni imitée par le reste de l’Europe. Au lieu de cela, l’Allemagne sera haïe, d’autres pays lui opposeront unbe résistance, parce qu’ils vont percevoir les Allemands comme oppresseur.s
 
SPIEGEL ONLINE: Pourquoi l’Allemagne devrait être blâmée pour tout? D’autres pays de l’UE se sont dérobés à des réformes structurelles et ont vécu au-dessus de leurs moyens.
 
Soros: Bien sûr, les Etats qui ont une dette élevée aujourd’hui, ne sont ps passés par des réformes structurelles, comme l’Allemagne. Alors maintenant, ils sont à la traîne. Mais le problème c’est que ces inconvénients deviendront plus grands avec la politique punitive actuelle. L’Italie, par exemple, doit dépenser chaque année une somme égale à six pour cent de son activité économique, pour arriver dans une position de départ semblable  à celle de l’Allemagne. C’est parce que le pays doit payer ces intérêts sur sa dette. Avec ce handicap de départ, il est impossible pour l’Italie de rattraper son retard dans la compétitivité.
 
SPIEGEL ONLINE: Encore une fois: pourquoi cela devrait-il être la faute de l’Allemagne ?
 
Soros: C’est la responsabilité commune de tous ceux qui ont adhéré à l’union monétaire, sans comprendre les conséquences de cette étape. Lorsque l’euro a été introduit, les organismes de réglementation ont permis aux banques d’acheter autant des titres d’Etat qu’ils voulaient sans devoir pour cela provionnser de capital propre. Et la Banque centrale européenne (BCE) ne faisait pas la différence parmi les obligations d’État, déposées par les banques pour emprunter de l’argent. Cela rendait les obligations des pays plus faibles  de l’euro  soudainement plus attrayantes.
 
SPIEGEL ONLINE: Et cela a poussé les taux d’intérêt vers le bas ?
 
Soros: Oui. dans des pays comme l’Espagne et l’Irlande, les faibles taux d’intérêt ont conduit à un boom dans le marché immobilier et la consommation. Dans le même temps l’Allemagne luttait avec les effets de la réunification et essayait de devenir plus compétitive. Cela a conduit au développement économique d’un côté et à la dérive de l’autre. L’Europe a été divisée en pays créanciers et débiteurs. Toutes ces conditions ont été créées par les institutions européennes, y compris la BCE, qui a été conçue sur le modèle de la Bundesbank. Les Allemands oublient souvent que l’euro est avant tout une créature franco-allemande. Aucun autre pays n’a donc bénéficié de l’union monétaire, comme l’Allemagne – ni économiquement, ni politiquement. Par conséquent, l’Allemagne porte aussi – dans le sens du mot allemand – la “faute” [Schuld = dette et faute, NdE] pour ce qui s’est passé par l’introduction de l’euro.L’Allemagne est responsable.

Athènes, février 2012-DPA
SPIEGEL ONLINE: Les Allemands ont un souvenir très différent de la naissance de l’euro : ils pensent avoir dû sacrifier leur Mark, pour que les autres pays européens acceptent la réunification de l’Allemagne.
 
Soros: C’est exact. L’intégration européenne a été fortement encouragée par l’Allemagne parce que le pays était toujours prêt à donner un peu plus pour un compromis qui  puisse être accepté par tous. Ce fut également le fait que l’Allemagne avait besoin du soutien pour sa réunification. Cette réflexion a ensuite été connue sous le nom de “vision à long terme” – une vision qui a finalement rendue l’Union européenne possible.
 
SPIEGEL ONLINE: Aurions-nous actuellement besoin d’une vision similaire ?
 
Soros: je veux établir une parallèle entre la situation actuelle de la zone euro et  la situation qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, lorsque le système monétaire de Bretton Woods - un système de règles pour l’économie mondiale - a été créé. Les USA se sont établis comme le pouvoir central de ce système, et le dollar devint la monnaie de réserve du monde. C’était un monde libre dominé par les USA . Mais l’Amérique a gagné cette place parce qu’elle  a soutenu la reconstruction de l’Europe avec le Plan Marshall. Les USA sont devenue une puissance impériale bienveillante, ce qui a rendu un grand service au pays.

SPIEGEL ONLINE: Comment peut-on comparer cela avec la situation en Europe aujourd’hui ?
 
Soros: l’Allemagne est dans une position similaire à celle de l’Amérique, mais elle ne semble pas disposée à s’impliquer dans quelque chose comme l’a fait l’Amérique avec le Plan Marshall. Elle s’oppose à toute sorte de transformation de l’Europe en union de transfert.
 
SPIEGEL ONLINE: Mais le plan Marshall ne constituait qu'une petite partie du produit intérieur brut US– alors que les obligations potentielles pour l’Allemagne, pourraient aspyxier le pays.
 
Soros: Ça n’a pas de sens.  Plus un plan de réduction de la dette est complet et convaincant et moins le risque est grand qu'il échoue. Rappelez-vous comment l’Allemagne a été et est toujours reconnaissante à  l’Amérique, pour le Plan Marshall .L’Italie, par exemple, serait également reconnaissante si l’Allemagne  contribuait à réduire les coûts de financement pour le pays. ce faisant, le gouvernement fédéral pourrait même poser les conditions. L’Italie serait prête à les remplir si elle en tire profit. Il s’agit d’une erreur tragique et historique que l’Allemagne ne reconnaisse pas ces possibilités.
 
SPIEGEL ONLINE: Pourquoi, alors le peuple américain a-t-il à ce moment-là appuyé le Plan Marshall – et pourquoi les Allemands préfèrent-ils maintenant miser sur les mesures d’austérité d’Angela Merkel ?
 
Soros: Les Américains  après la Seconde Guerre mondiale, se sentaient victorieux et généreux. Et ils avaient appris de leurs propres erreurs  après la Première Guerre mondiale. À cette époque, ils avaient imposé de lourdes sanctions à l’Allemagne – et où cela nous a-t-il conduit  ? A la dictature nazie, qui a plongé le monde dans la peur et la terreur. L’Allemagne d’aujourd’hui, certes, ne se sent pas aussi riche que l’Amérique à  l’époque, mais elle est encore très riche.
 
SPIEGEL ONLINE: C’est justement cette prospérité que les Allemands ont peur de perdre.
 
Soros: La position allemande est très imprévisible. Contrairement à ce qui se passe dans le reste de l’Europe, l’économie allemande va bien jusqu’à l’heure actuelle. Mais si la crise de l’euro n’est pas résolue rapidement,  l’Allemagne va bientôt ressentir la récession mondiale.
 
SPIEGEL ONLINE: Il ya quelques semaines, on a averti, qu’il ne restait que trois mois pour reconstruire la zone euro.
 
Soros: Eh bien, maintenant, nous sommes probablement plus proche de trois jours.
 
SPIEGEL ONLINE: Trois jours ?
 
Soros: Les chefs d'Etat et de gouvernements européens doivent prendre le risque de proposer des mesures audacieuses lors du sommet de jeudi et vendredi.
 
SPIEGEL ONLINE: Pensez-vous qu’Angela Merkel soit prête pour les accepter ?
 
Soros: Elle se trouve prise au  piège. Merkel s’est rendue compte que l’euro ne peut pas fonctionner ainsi, mais elle ne peut pas changer le narratif qu’elle a créé. Cette narration  s'est ancrée  dans l'esprit des Allemands – et ils l’ont adoptée.
 
SPIEGEL ONLINE: Le discours est fondé sur l’idée  que les pays en crise, contrairement à l’Allemagne, n’ont pas fait leurs devoirs.
 
Soros: Exactement. Mais dans le même temps la chancelière a reconnu que la gestion de crise ne peut pas continuer de cette manière. Mais elle veut garder absolument l’euro.

SPIEGEL:  Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, a récemment exposé dans une interview donnée au SPIEGEL ses idées pour une “nouvelle Europe”, refondée sur une union politique beaucoup plus étroite.
 
Soros: Schauble représente l’Allemagne de l’ère de Helmut Kohl. Il est l’un des derniers Européens, et il est une figure tragique, car il comprend ce qui doit être fait, mais sait aussi qu’il ne peut pas balayer les obstacles. Il en souffre vraiment.
 
SPIEGEL ONLINE: Que conseilleriez-vous à Schäuble ?
 
Soros: Le  problème principal est le fardeau de la dette de la zone euro. Tant qu'il n'est pas allégé, les pays les plus faibles n’ont aucune chance d’être compétitifs.
 
SPIEGEL ONLINE: Comment peut-on alléger le fardeau de la dette ?
 
Soros: Je proposerais   de créer une agence de financement européenne qui pourrait faire avec la BCE exactement ce que la BCE ne peut pas faire seule. Elle pourrait constituer un fonds d’amortissement de dettes – ce que le Conseil consultatif allemand a suggéré et comme le SPD et les Verts le demandent. Le fonds pourrait acheter une grande partie des obligations d'Etat espagnoles et italiennes – en contrepartie, ces pays s’engageraient à des réformes structurelles.
 
SPIEGEL ONLINE: Où trouver l’argent pour acheter les obligations d’État ?
 
Soros: Le fonds pourrait à financer les achats par l’émission d’euro-bills, une variante à court terme des euro-bonds, dont tous les pays membres seraient conjointementgarants . Puisque les coûts de financement seraient très faibles pour ces obligations, le Fonds pourrait continuer à donner l’avantage aux pays touchés. Alors l’Italie pourrait emprunter de l’argent frais à peut-être 1% taux d’intérêt . Ce serait un grand soulagement pour les pays comme l’Italie et l’Espagne – et cela égaliserait les conditions de financement en Europe.
 
SPIEGEL ONLINE: Mais une fois que les pays en crise commenceraient à ressentir l'allègement, ils chercheraient probablement à éviter les réformes promises.
 
Soros: Au contraire, les réformes seraient beaucoup plus faciles à se mettre en place. Εn Italie, par exemple, le gouvernement du Premier ministre, Mario Monti, en réalité veut faire  des reformes plus fortes du  marché du travail que ce qu’il peut réaliser actuellement. Si les réformes étaient  récompensées par la perspective de conditions de financement favorables, il serait beaucoup plus facile de lesréaliser.
 
SPIEGEL ONLINE: Mais qu’est-ce qui se passe si, par exemple, le gouvernement change et la nouvelle direction ne se sent plus engagée à respecter l’accord sur la réforme ?

Soros: Alors, vous pouvez tout simplement retirer l’aide financière au pays – et le priver de la possibilité de se financer à un pour cent d’intérêt. Il lui faudrait obtenir de l’argent sur le marché financier, qui à son tour  le punirait pour cela. Aucun pays ne pourrait résilier l'accord  sans avoir à payer un prix élevé.
 
SPIEGEL ONLINE: Mais ainsi on pousserait des grands pays comme l’Italie à la faillite – avec des conséquences imprévisibles pour l’Europe. Ce serait une punition qui ne serait jamais imposée.
 
Soros: On pourrait adapter la peine à l’infraction. Même Une petite augmentation des coûts de financement ramènerait déjà le gouvernement en question à la raison.
 
SPIEGEL ONLINE: Est-ce qu’un tel plan pourrait aider aussi la Grèce ?
 
Soros: Probablement pas. Pour sauver la Grèce, il faudrait une générosité énorme. La situation là-bas est tout simplement trop empoisonnée. Si Angela Merkel était restée dure dans le cas de la Grèce, elle pourrait maintenant convaincre plus facilement le public allemand d’accepter les aides pour d’autres pays. Merkel pourrait établir une distinction entre les bons et les méchants en Europe.
 
SPIEGEL ONLINE: Angela Merkel a souvent dit : “Si l’euro échoue, l’Europe échoue.” Seriez-vous d’accord avec elle , tout au moins sur ce point ?
 
Soros: Oui, parce qu'à long terme, un marché commun ne peut pas fonctionner sans une monnaie commune.

SPIEGEL ONLINE: Supposons que vous soyez encore un investisseur et spéculateur  actif. Souhaiteriez-vous parier contre l’euro?

Soros:
 En tant qu’investisseur, je verrais la situation de manière très pessimiste, en particulier en Europe. Mais parce que je crois dans une société ouverte, je crois aussi que les gens et les dirigeants politiques en Europe finiront par agir raisonnablement.
 
L’interview a été réalisée par Mathias Müller von Blumencron, Stefan Kaiser et Gregor Peter Schmitz

mercredi 27 juin 2012

Les élections en Barbarie

Après le triomphe du parti des Frères musulmans en Egypte, la presse occidentale n’a pas manqué d’exprimer son inquiétude. Quelques articles d’opinion suivis d’une pléthore de commentaires anonymes en bas de page les ont même qualifiés de « terroristes-prêts-à-nous-envahir », ce qui permettrait de justifier probablement quelque nouvelle intervention diplomatique, économique ou militaire dans la zone – de la part des mêmes qui, face aux véritables tragédies humanitaires, prennent leur temps, se cantonnent aux discours ou détournent le regard.
De toute façon, même si nous n’avons pas encore ce type de réponses internationales, la grande presse au moins - la presse bâillonnée qui bâillonne - joue son rôle traditionnel en réveillant les tribalismes ancestraux.
 
Pour nous qui sommes favorables à un progrès de l’histoire dans la ligne des droits des majorités et des minorités, des libertés individuelles et collectives qui passent avant toute hiérarchie politique et sociale, les réactions des islamistes les plus conservateurs ne représentent aucune promesse d’avancée dans une telle direction mais plutôt le contraire. Encore moins les puristes fanatiques comme les Talibans qui se prennent pour les maîtres de toute la morale de cet univers et se croient autorisés à l’imposer aux autres ; ou encore les dictateurs religieux ou séculiers à l’ancienne comme Al-Assad en Syrie, qui, dès qu’ils sentent leur trône menacé, fusillent des innocents dans leur propre peuple.

Pour autant, les réactions basées sur n’importe quelle autre tradition religieuse n’en sont pas moins agressives et arbitraires, non tant par leur aspect religieux mais surtout de par leurs intérêts matériels. Comme dans les lettres de Christophe Colomb et dans les chroniques de tous ses successeurs, alors que sur chaque page on peut lire le nom de Dieu répété à l’envi, on observe en même temps de quelle façon leurs actions les conduisent toujours à l’or maudit des peuples sauvages.

Au cours des dernières décennies, l’accusation de terrorisme a facilité non seulement l’abolition de la maxime de Jésus qui préconise de tendre l’autre joue à son agresseur - ce qui peut se comprendre - mais elle a aussi introduit une prescription très audacieuse et créative qui dit : nous devons agresser celui qui pourrait nous agresser un de ces jours. C’est ce qu’on appelle l’autodéfense préventive. N’importe quelle loi de n’importe quel Code civil, ancien ou moderne, la condamnerait en tant que crime absurde ou paranoïaque. Mais pas les lois internationales qui sont restées médiévales et ne reposent pas sur le droit mais sur l’intérêt et la force. Même la plus ancienne des règles morales de l’histoire civilisée, répétée par les sages de la Chine à La Nouvelle Angleterre et en Extrême Occident - « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » - est violée chaque jour au nom du droit à l’autodéfense.
 
Si nous étions naïfs, nous trouverions curieux que nous, les démocrates occidentaux, ayons soutenu des dictatures comme celle de Moubarak en Egypte et que lorsque le peuple élit quelqu’un selon le système électoral au nom duquel nous avons envahi plusieurs pays, nous les qualifions de terroristes simplement parce que nous n’aimons pas le vainqueur ou parce qu’il représente la culture et la religion de « l’ennemi ». La démocratie, c’est bon pour nous qui sommes civilisé et qui savons choisir, mais c’est mauvais pour eux parce que ce sont des barbares et qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent. Il en est de même pour notre nationalisme qui est du patriotisme, le bon, le nationalisme des autres   étant un terrorisme dangereux.
 
C’est étonnant que nous, les Occidentaux, appelions « terroristes-prêts-à-nous-envahir » les Égyptiens ou certains de leurs gouvernements dont nous devons nous protéger- et nous prémunir- quand on sait que l’Egypte comme n’importe quel autre pays périphérique n’a jamais envahi aucun pays occidental. L’Occident par contre possède une longue histoire d’invasions et de destructions de ce pays qui va   des invasions militaires par la France et l’Angleterre jusqu’aux invasions économiques comme par exemple celle en rapport avec l’histoire de son coton. Les puissances occidentales ont pillé et détruit ce pays assez régulièrement. Nous pouvons en voir une petite partie symbolique dans les musées du monde riche nommée par celui-ci « donations généreuses » - donations typiques des pays colonisés ou sous contrôle étranger.
 
Les Égyptiens n’ont jamais fait la même chose à aucune puissance occidentale non pas qu’ils soient « bons » mais probablement parce qu’ils ne possèdent pas d’armée aussi héroïque. Nous continuons néanmoins à répéter ce que la grande presse – le bras droit des pouvoirs sectaires, une autre forme de poursuite de la politique par d’autres moyens -injecte quotidiennement dans l’esprit et le cœur des démocrates, rationnels et compatissants.

Gerhard Mercator, 1630
 
Autrefois, les cartes européennes désignaient les régions du nord de l’Afrique sous le nom de Barbarie. Aujourd’hui, la grande presse les qualifie de terroristes ou fanatiques qui veulent prendre le contrôle du monde. Ce sont deux façons de perpétuer la peur en Occident   et des agressions en perspective en Orient. Comme la grande presse de l’autre côté n’est pas très différente, au lieu d’un Dialogue des Cultures et des Civilisations, nous sommes face à une guerre des Sourds étendue, qui comme toute guerre sert les intérêts de quelques-uns au nom de tous.
 
Il est évident qu’un grand nombre de lecteurs intelligents n’adhèrent pas à ce discours. On peut supposer que ceux-ci seront chaque jour plus nombreux et les statistiques   rendent plus nerveux et plus agressifs ceux qui contrôlent le pouvoir dans le monde. Pour le moment, néanmoins, pendant qu’ils planifient quelque nouvelle révolution démocratique, ils continuent d’appliquer la bonne vieille méthode : mentez, faites peur, il en restera toujours quelque chose.