jeudi 18 juillet 2013

Pas de paix sans justice ! Nous sommes tous Trayvon Martin !

par Tlaxcala, 17/7/2013
Original: No Justice, No peace! We are Trayvon
Nous publions 15 photos des manifestations qui ont suivi dans tous les USA l'annonce, le 13 juillet, du verdict "non coupable" du jury qui jugeait le vigileGeorge Zimmerman pour le meurtre du jeune Africain-USAméricain Trayvon Martin, 17 ans, dans un supermarché de Floride en 2012. Merci à nos camarades du journal Workers World.

New York, 14 juillet

La manif arrive à Times Square. Encore une bonne dizaine de kilomètres à faire pour atteindre Harlem et le South Bronx

Poughkeepsie, État de New York, 14 juillet
 Jennifer Lopez, étudiante à Vassar, lit sa diatribe contre le racisme endémique dans les USA du XXIème siècle
Veteran civil rights fighter Mae Parker-Harris, vétérane du combat pour les droits civiques, fulmine contre le racisme dans le petite ville de Poughkeepsie
Union Square
La place historique d'Union Square, à New York, a été le centre du mouvement  Occupy, et maintenant du combat pour rendre justice à  Trayvon Martin
Philadelphie, 13 juillet
La ville de Mumia Abu-Jamal s'est rapidement engagée dans les protestations

Raleigh, Caroline du Nord
Durham, Caroline du Nord
Milwaukee, 14 juillet
Los Angeles, 15 juillet
À Los Angeles, théâtre de la grande révolte de  1992, des jeunes défient la police
Salt Lake City, Utah
On a protesté même dans la capitale des Mormons
Houston
Houston, Texas, centre de la lutte contre la peine capitale, dit non à l'acquittement de  Zimmerman
Detroit
Detroit est le cenrte de la dépression capitaliste et est maintenant une ville à 80% noire



dimanche 14 juillet 2013

Égypte : R.A.S.


Titre : Le reporter de télévision égyptien a reçu une balle dans les yeux
Le reporter : Il n'y a aucun tir à balles dans les environs du ministère !...









vendredi 12 juillet 2013

La parole aux murs du Caire

 Sous le pont du 6-Octobre, un travail des artistes de rue Ganzir et Sad Panda


samedi 6 juillet 2013

Égypte : Rabha Attaf apporte un éclairage sur la situation dans le pays

Rabha Attaf, grand reporter, spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient s'est immergée dans le formidable mouvement de 2011 qu'elle a restitué, au fil des semaines et des mois, dans un ouvrage intitulé « Place Tahrir, une révolution inachevée » (éditions workshop19, Tunis). Un récit unique de la première phase de la révolution égyptienne en cours, qui va du 25 janvier 2011 à l'élection présidentielle de juin 2012, « conclue, provisoirement, par la mise en place d'une cohabitation instable entre le président élu, le Frère Musulman Mohamed Morsi, et le Conseil Suprême des Forces armées (CSFA) », avait-elle précisé. Une instabilité qui s'est vérifiée aujourd'hui. Entretien.
Propos recueillis par Patricia MAILLE-CAIRE
Rabha Attaf grand reporter et auteure de l'ouvrage "Place Tahrir, une révolution inachevée", éditions workshop19 (PHOTO D.R.)
Rabha Attaf entre la chute de Hosni Moubarak en février 2011 et l'élection de Mohamed Morsi, 16 mois plus tard, l’Égypte était dirigée par le Conseil Suprême des Forces armées. Au printemps 2012, le peuple scandait alors : «  A bas le régime militaire » et aujourd'hui  « L'armée et le peuple », s'agit-il d'une contre-révolution ? 
Nous venons tout simplement d'assister à un coup d’État militaire. Le Conseil Suprême des Forces armées a profité du vaste mouvement de contestation pour destituer le président Mohamed Morsi qui, rappelons-le, était le premier président civil élu de l'histoire égyptienne. Il faut préciser que le Conseil militaire  a toujours gardé la main haute sur la vie politique depuis la chute de Moubarak, le 11 février 2011. Après avoir fait voter des amendements à la constitution permettant à l'armée de conserver ses prérogatives et privilèges, il a mis en place un calendrier électoral, des élections législatives suivies de l'élection présidentielle, toutes deux remportées par le Parti pour la Liberté et la Justice (Frères Musulmans) dont est issu le président Morsi. Dans le même temps, l'armée a réprimé violemment les manifestations qui se sont poursuivies au Caire, à Alexandrie et dans les principales villes de l'estuaire du Nil (Port Saïd, Suez, Mansouria), sans oublier Mahala El-Kubra (la ville des filatures). Et ce jusqu'en ce début d'année 2013. Le comble, c'est que la dernière constitution en date, votée en décembre 2012 par une assemblée constitutionnelle dominée par les partis islamistes, maintenait les prérogatives des militaires. Ce qui leur a permis aujourd'hui de faire leur coup de force et de dissoudre cette constitution !
Depuis le renversement du président Mohamed Morsi par l'armée, le président intérimaire, Adly Mansour, a décidé de dissoudre, ce vendredi 5 juillet  l'Assemblée nationale, largement dominé par les islamistes. Que va-t-il se passer, selon vous ?
La dissolution de l'Assemblée populaire dans la foulée de la suspension de la constitution signifie clairement l'instauration de la loi martiale et de mesures d'exception. La décision d'Adly Mansour ne fait qu'entériner les mesures énoncées par le Général Sissi dans son discours télévisé annonçant la destitution du président Morsi. Officiellement jusqu'à la mise en place de nouvelles élections, l’Égypte sera gouvernée par des technocrates chargés d'assurer la gestion courante des affaires du pays. C'est à dire par un gouvernement illégitime puisque non issu des urnes. En procédant à un coup d’État, le Conseil Suprême des Forces Armées a mis brutalement un terme à la transition démocratique jusque là en cours en Égypte. Un processus certes chaotique, mais tout de même en cours ! Cela signifie clairement que l'instauration d'un État de droit n'est pas pour demain. La conclusion de mon livre « à l'ombre du Sphinx, la démoctature a encore de beaux jours devant elle », s'avère malheureusement pertinente.
Que vont devenir les frères musulmans et les salafistes ? Ne risquent-ils pas, d'une part,  de passer une nouvelle fois pour des martyrs et d'autre part se radicaliser ?
Il ne faudra pas s'étonner de la radicalisation d'une partie des islamistes qui sont en droit aujourd'hui de s'estimer trahis par une armée qui s'était portée garante de la transition démocratique. Pour faire simple, le camp islamiste est partagé entre partisans de la légalité, majoritaires et une minorité qui prône le recours à la violence. Avec ce coup d’État, l'armée vient de renforcer les activistes radicaux et la prise du gouvernorat d'El Arish, dans le Sinaï, par un groupe d'islamistes armé est le premier de leur fait d'arme. Dès lors, il faut s'attendre à un cycle de répression, avec notamment l'arrestation massive de militants islamistes. Kheyrat Shater, le numéro 2 du Parti pour la Liberté et la Justice vient d'ailleurs d'être incarcéré à la prison de Tora. L'exclusion brutale des Frères Musulmans du champ politique est particulièrement dangereuse car, jusqu'à présent, ils se sont montré respectueux de la légalité constitutionnelle. Leur mise hors la loi laisserait le champ libre à des groupes radicaux, des Gami'a islamiya reconstituées, qui n'auraient aucun mal à recruter parmi la jeunesse des quartiers où la pauvreté est endémique. Précisons que les membres des anciennes Gami'a islamiya, y compris ceux qui avaient participé à l'assassinat du président Saadate, ont été libérés dès le mois de mars 2011. Dès lors, il n'est pas à exclure que l'instrumentalisation de la violence de ces groupes par la police politique permette de légitimer la répression et de mettre au pas l'ensemble de la société égyptienne, y compris les contestataires laïques.
Comment réagissent les personnes avec lesquelles vous avez noué des liens sur la place Tahrir ?
Les réactions sont mitigées. Après le temps d'euphorie due au succès massif des manifestations du 30 juin, le doute s'installe. Et pour cause: Les arrestations massives de militants, condamnés ensuite par des tribunaux militaires, sont encore dans toutes les mémoires!  Même si certains, aveuglés par leur anti-islamisme primaire ont applaudi le coup d’État, la plupart des jeunes acteurs de la société civile n'accordent pas leur confiance au Conseil militaire.  Dans son dernier communiqué, par exemple, le Mouvement des Jeunes du 6 avril - qui avait été l'un des fers de lance des journées de révolte de janvier-février 2011- exige de l'armée qu'elle respecte les « demandes de la révolution », à savoir l'instauration de la justice sociale et des libertés individuelles, le respect de la dignité humaine ainsi que l'éradication de la corruption. Sous aucun ciel la démocratie n'est née à l'ombre des mitraillettes !
Peut-on comparer les situations égyptiennes et turques ?
Rien n’est comparable entre les deux situations, sauf la colère populaire, et un dirigeant affaibli par cette colère. Le Premier ministre Erdogan a dû renoncer à la destruction du parc Gezi à Istanbul sous la pression de la rue, après des semaines de contestation et sur décision de la justice qui a annulé ce projet. Même si cette contestation est menée, comme en Égypte, par les segments laïcs de la population contre ce qu'elle considère "une dérive islamiste des tenants du pouvoir", la similitude s'arrête là. L'armée turque est largement sous le contrôle du gouvernement - du moins jusqu'à présent- et la situation sociale et économique est bien moins explosive en Turquie qu'en Égypte. Précisons aussi que le Parti de la Justice et du Développement (l'AKP) gouverne la Turquie depuis 10 ans et que lors des dernières élections, il a fait un score de 50% des suffrages. Autrement dit, Erdogan peut se prévaloir d'une légitimité bien ancrée!

Il serait plus judicieux de comparer l’Égypte à l'Algérie. Le coup d'état militaire du 12 janvier 1992 avait suspendu les élections législatives, largement remportées au premier tour par le Front Islamique du Salut, et plongé le pays dans une décennie sanglante. Souhaitons que les Égyptiens ne connaissent pas le même sort, même si on ne peut exclure aujourd'hui cette possibilité tant la situation s'annonce volatile...

mercredi 3 juillet 2013

Hollande à Tunis

Le Président Hollande va entamer la période estivale par une baignade à Tunis. Tout le monde s’en réjouit car depuis la chute de la dictature en 2011 la Tunisie réclame avec ferveur l’expertise française en matière de conduite de « révolutions ». Elle attend donc avec impatience l’exercice de « donneur de leçons» dans lequel excelle la tradition française.
Mais un voyage à Tunis pour quoi faire ?
On cherchera en vain dans l’ordre du jour des entretiens des sujets de politique internationale ; car dans ce domaine depuis la chute de Bourguiba, la Tunisie est aux abonnés absents. Et puis côté Quai d’Orsay, on serait bien en peine de déchiffrer les grandes lignes d’une vision sur le devenir de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient. Il ne faut pas s’attendre, sauf divine surprise, à un « discours de Tunis » qui fera date.  A regret on peut prévoir qu’il ne dépassera l’incantation de redondantes tartes à la crème diplomatiques : lutte contre le terrorisme, construction du « Grand Maghreb » (Arabe ?), de « l’Euro Méditerranée » (avec Israël ?) guerre à Bachar et paix au Levant…
Au plan bilatéral, l’exercice de géométrie sera complexe  car à Tunis, le pouvoir de est tricéphale.

Le Président français sera reçu par le Président de l’Assemblée Constituante qui est un radical-centriste dont le parti a rejoint l’internationale socialiste lorsque le siège du RCD de Ben Ali s’est libéré. Le Docteur Ben Jaafar est un radiologue obstiné mais courtois avec lequel nul n’a jamais réussi à se fâcher.
Ensuite, François Hollande dînera de gala dans le clinquant Palais de Carthage avec son homologue  le Docteur Marzouki qui est un neurologue passionné et passionnant avec lequel tout le monde finit par se fâcher.
Les deux docteurs précités sont d’éminents praticiens issus de la ligue des droits de l’homme. Tous deux ont épousé des Françaises. La plupart de leurs enfants et petits-enfants portent la double citoyenneté.
De leurs côtés, presque tous les ministres du parti majoritaire Ennahda sont de culture anglo-saxonne car Londres avait offert aux islamistes l’asile que Paris leur avait refusé.
Le Président Hollande aura-il un tête à tête avec le Cheikh Rached Ghannouchi? C’est probable et très souhaitable car, même si le leader du parti islamiste n’assume aucune responsabilité régalienne, il est incontestable qu’il exerce une fonction « tribunicienne » d’étendard dont le premier ministre et les membres nahdhoui du gouvernement ne sont que les gonfaloniers.
On peut supposer que la rencontre ou de la non-rencontre fait déjà l’objet de tractations diplomatiques minutieuses entre Tunis et Paris, mais aussi Doha dont les interférences en cette matière sont coutumières.

La posture du Président français sera d’autant plus délicate que chacun des trois leaders cherchera à  tirer avantage de cette visite car leurs pouvoirs éphémères reposent sur l’équilibre instable d’un compromis que l’on pourrait résumer ainsi « il est urgent de repousser à la Saint- Glinglin les élections que nous sommes assurés de perdre ».

Le devenir post ou pré révolutionnaire de la Tunisie est  totalement opaque.
L’activisme de la réaction est permanent. L’héritage de Ben Ali est survivant. La révolution n’a pas réussi à maîtriser le tandem police-justice qui neutralise toute velléité républicaine.  Le sombre immeuble du ministère de l’intérieur plastronne toujours avenue Bourguiba, les Champs Elysées de Tunis ! Les nahdhaouis n’ont pas touché à ce symbole des années de tortures, pire, ils sont comme frappé du syndrome de Stockholm, ils adorent  les pandores au point d’envisager de réintégrer ceux que, par vengeance hâtive, ils avaient chassés au lendemain de la révolution.
Les lois de plomb de l’ancien régime sont toujours en vigueur. Les femmes, les faibles et les jeunes continuent d’en faire les frais : chômage et soumission. Amina sœur courage, les rappeurs irrévérencieux, les caricaturistes audacieux sont au cachot, avec tant d’autres !
Hollande osera-t-il citer les vers de Maurice Vidalin chantés par Mireille Mathieu ?

Que l'on touche à la liberté
Et Paris se met en colère
Et Paris commence à gronder
Et le lendemain, c'est la guerre.

Non bien sûr car Tunis ne brûle pas encore, mais si on laisse faire, ça ne saurait tarder.

Hollande osera-t-il proclamer que l’espace de la Tunisie musulmane se confond avec celui de la France laïque? Que six millions de musulmans vivent dans l’hexagone dont près d’un million sont tunisiens. Que la Tunisie est la troisième destination des touristes français qui sont bien plus familiers de ce pays que de la Corrèze.
Hollande osera-t-il dire que le destin des deux pays est commun ? Que la justice et la liberté ne sauraient être inéquitablement réparties car les deux peuples ont lutté de conserve pour les gagner au siècle dernier.
Tiendra-t-il un discours de charme? Promettra-t-il ce qu’il ne peut tenir : de l’argent et des visas ? Aura-il un langage ferme et menaçant  dans le secret des têtes à têtes ? Aura-t-il la force de résister à son entourage, les familiers des plages, natifs de passage, naturalisés de complaisance, ou refugiés fiscaux qui parlent haut au nom d’un pays dont ils ignorent tout ?
La liste des personnalités qui accompagneront le Président sera scrutée à la loupe. Combien de ministres dîneurs du CRIF ? La Garde des Sceaux et celle de la Culture seront-elles du voyage ? La suite Présidentielle respectera-elle la parité homme/femme ? Y’aura-t-il dans la cohorte d'invités officiels un syndicaliste franco-tunisien, le meilleur boulanger de Paris, la Palme d’Or à Cannes, un médaillé olympique, l’aumônier musulman de la Gendarmerie ?
François Hollande donnera-t-il un signe fort de la rupture avec le microcosme pipole des amitiés cupides du showbiz  franco-tunisien ?

Au-delà des aspects sociologiques de la relation bilatérale, l’important volet économique n’a guère été impulsé par des ambitions communes. Ainsi, la France est très en retrait par rapport aux Allemands sur le projet de fermes solaires qui approvisionneront l’Europe en électricité depuis le sud de la Tunisie. La mise en eau de la mer intérieure du chott El Jérid est toujours dans les cartons. Il n’existe aucun projet commun grandiose hors l’utopie nucléaire encouragée par la caste des polytechniciens.
Paris regarde les rivages et ignore le pays profond. Il n’y a que les militaires qui savent que le tiers de la superficie de la Tunisie est un no man’s land qui s’enfonce sur cinq cents kilomètres de dunes entre l’Algérie et la Libye. Ce territoire stratégique longtemps oublié est devenu un « spot » convoité pour la délocalisation de l’US Africa Command. Le Président français en parlera sans doute, mais à voix basse.

Un matin de juillet 1954 Pierre Mendès-France atterrissait à Tunis sur une terre soumise à la France, le soir même il en repartait après l’avoir libérée. Bourguiba toute sa vie s’en souviendra exhibant sur son bureau l’image dédicacée du héros français de l’histoire de la Tunisie.
François Hollande aura bien du mal  à  hisser sa performance au niveau de celle de l’icône socialiste !
Commentaires
"Le Président français sera reçu par le Président de l’Assemblée Constituante qui est un radical-centriste dont le parti a rejoint l’internationale socialiste lorsque le siège du RCD de Ben Ali s’est libéré"
En fait attakattol de Mustafa Ben Jaafar a remplacé le MUP de Ben Salah dans l'internationale socialiste et ce longtemps avant le départ de Ben Ali et du RCD!
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Réponses

Dont acte Si Ahmed.
Vous avez tout à fait raison. Mais faut-il absoudre le PS et oublier ces années de complaisance au coté du RCD à l’IS ?
L'indépendance de la Tunisie (1954)
 Le 19 août 1954, de jeunes hommes manifestent leur joie dans les rues de Tunis et agitent une banderole de reconnaissance vis-à-vis du leader indépendantiste Habib Bourguiba et de Pierre Mendès France, président du Conseil français, qui a déclaré la Tunisie autonome le 31 juillet 1954. La Tunisie est autonome en 1954. Tunisie: Keystone, 19/08/1954. Noir et blanc.