mardi 23 juin 2015

Rencontre de générations : D'Angelo et Bobby Seale parlent des mouvements noirs d'hier et d'aujourd'hui

par Dan Hyman, The New York Times, 19/6/2015. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original: D’Angelo and Bobby Seale on the Past and Future of Political Protest

Bobby Seale a co-fondé le Black Panther Party. La star de Rythm and Blues D'Angelo prend position sur l'injustice raciale dans son nouvel album. Tous deux se sont rencontrés à Oakland, en Californie. Photo de Zackary Canepari pour le New York Times.
 Oakland, Californie. - Au début de juin, avant la fusillade à Charleston, Caroline du Sud, le chanteur de RnB D'Angelo se tenait sous l'auvent rouge sang de la boulangerie It’s All Good, regardant dans la fenêtre de l'immeuble qui a servi de premier bureau au Parti des Panthères Noires. Autre lieu de la tournée du souvenir, sous un réverbère de la Septième Avenue, où se tenait le groupe pour sa première action de surveillance de la police.

Au Chili aussi, tout a commencé par des casseroles

La bourgeoisie équatorienne est à son tour entrée en résistance contre le méchant président au couteau entre les dents, qui prétend – quelle impudence ! – imposer les patrimoines hérités. A Quito et à Guyaquil, les rombières, leurs époux, leurs filles et leurs fils sont donc descendus dans la rue avec un drôle d'attirail : des banderoles noires, des drapeaux à têtes de mort et…des casseroles, sur lesquelles elles tapent avec des cuillers.
Équateur, juin 2015 : "Tais-toi, Correa, personne ne te croit" (!)
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Ne vous y trompez pas : ça commence par des casseroles, ça finit par des tanks et des séjours dans les stades pour les méchants rouges.

vendredi 19 juin 2015

Après l'opération coup de poing de la police italienne à Vintimille: des clichés abstraits, un racisme institutionnel concret

par Annamaria Rivera, 17/6/2015.
Traduit par  Fausto Giudice, Tlaxcala
Il fallait s' attendre à ce que, comme toujours en Italie, la phase actuelle des migrations et des exodes - l'état d'urgence (l'emergenza), comme ils disent - soit décrite par les médias avec l'habituel  vocabulaire dégradé (ça oui, il l'est): "bivouac", pour désigner l'immobilisation forcée des réfugiés , chassés de partout, près des gares et autres lieux; «état de siège» pour décrire l'arrivée dans ces lieux de groupes de personnes (enfants compris) éprouvées, traumatisées, abandonnées à leur sort, ou traitées comme des animaux dans une cage ou des poissons d'aquarium (c'est le cas à Milan); «nettoyer» la gare, pour la libérer de ces présences indécentes et donc lui «redonner un peu de décence». Sans oublier le maire Pisapia*, qui laisse même échapper une variante du typique "Si vous les aimez tant, amenez-les chez vous", répondant à une journaliste: «Alors vous allez les héberger chez vous, à Sky? »


Inde : Interdit de se faire cuire un œuf
ou quand le végétarisme tue

Certains des enfants les plus pauvres de l'Inde viennent de se voir interdits de consommation d'œufs par des fanatiques de droite hindous. Le Ministre en chef végétarien de l'État du Madhya Pradesh, Shivraj Chauhan, du Bharatiya Janata Party au pouvoir (BJP), ne permettra pas d'œufs dans les repas scolaires de l'après-midi parce que c'est pour lui une «question sentimentale».
L'Académie indienne de pédiatrie affirme que plus d'un demi-million d'enfants meurent en Inde avant d'atteindre l'âge de cinq ans - environ un enfant chaque minute - parce qu'ils ne reçoivent pas assez à manger. Le pays possède également le plus grand nombre de personnes souffrant de malnutrition dans le monde (194, 6 millions selon les estimations). Il y a deux fois plus d'enfants souffrant de famine en Inde qu'en Afrique sub-saharienne. Ils manquent de protéines, de vitamines, de fer et d'autres éléments nutritifs et les œufs sont une source bon marché et efficace de ces éléments, sauf la vitamine C. La dernière enquête nationale sur la santé des familles il y a une décennie a révélé que près de la moitié des enfants présentaient une insuffisance pondérale et que plus d'un tiers avaient un retard de croissance. Dans le Madhya Pradesh, 52% des enfants souffrent de malnutrition.

mercredi 17 juin 2015

Le problème avec le mouvement BDS

17/6/2015
Traduit par  Fausto Giudice, Tlaxcala
Le spectre du BDS hante Israël. Le ministre des Affaires stratégiques Gilad Erdan a été désigné pour coordonner les efforts contre le boycott d'Israël, et le quotidien populaire Yedioth Aharonoth a lancé une vaste campagne contre celui-ci.
Le Premier ministre répète ad nauseam qu'Israël est "prêt à négocier sans conditions préalables" et réitère son attachement au principe de deux États. Des organisations juives à travers le monde s'engagent dans la bataille et organisent des visites de journalistes distingués en Israël de pour les persuader que le boycott d'Israël est une erreur. Même Sheldon Adelson, le magnat US républicain, s'est joint au magnat démocrate Haim Saban pour conjurer ce que l'on commence à voir comme une menace stratégique pour Israël.

mercredi 10 juin 2015

Message du Président grec sur les indemnisations allemandes lors de la commémoration du massacre de Distomo

par Προκόπης Παυλόπουλος Prokópis Pavlópoulos, 10/6/2015.
Traduit par  Christine Cooreman, Tlaxcala
Original: Μήνυμα του Πρ. Παυλόπουλου από το Δίστομο για τις γερμανικές αποζημιώσεις
Deutsch: Erklärung des Präsidenten Griechenlands über deutsche Entschädigungen anlässlich der Gedenkfeier an das Massaker in Distomo

"Nos réclamations concernant les crimes de la sauvagerie nazie contre les gens de Distomo seront résolues devant les forums judiciaires compétents, comme il sied à des pays civilisés et amis, notamment par ces temps critiques", a souligné le Président de la République hellénique depuis Distomo où il a été proclamé citoyen d’honneur de la commune martyr. Après avoir participé à la cérémonie religieuse en la mémoire des gens massacrés de Distomo, M. Pavlopoulos a relevé que le fait que le processus des réclamations est dorénavant lancé, de manière organisée, par le Parlement hellénique et, donc, au niveau institutionnel, montre que cela est bien vrai.


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L’intégralité du discours du Président de la République hellénique :

jeudi 4 juin 2015

Le journaliste Vitali Didenko, emprisonné à Odessa, a besoin de soutien !

par Альтернативы Alternative, 1/6/2015. Traduit par Marianne Dunlop 
La vague d’épurations qui a déferlé sur Odessa en avril-mai de cette année a emporté avec elle un grand nombre de citoyens qui exprimaient à voix haute leurs opinions. La liste complète des personnes arrêtées n’est pas accessible au commun des mortels, la police ne communique pas sur ce sujet. C’est pourquoi plusieurs semaines après les faits continuent de remonter à la surface des détails choquants des sévices infligés par la junte de Kiev aux dissidents. Une de ces victimes, dont le nom n’apparaissait pas au départ, est un journaliste du site d’opposition « Infocenter », Vitali Didenko.
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En automne 2014, le rédacteur en chef du site « Infocenter » Yevguéni Anokhine a été arrêté soi-disant pour avoir des liens avec des terroristes, c’est-à-dire avec les Républiques de Donetsk et Lougansk. Le SBU (services secrets ukrainiens) a découvert dans son ordinateur une liste de gens pouvant faire l’objet d’un échange entre les républiques populaires et l’Ukraine. Dans la mesure où les organes de police n’avaient rien réussi à trouver de mieux comme motif de son arrestation, ils ont été obligés de jouer les imbéciles et prétendre ignorer qu’un journaliste a le droit de collecter ce genre d’information dans un but professionnel. Au bout du compte, Anokhine a été échangé contre des prisonniers des Forces Armées Ukrainiennes, et, ses papiers d’identité confisqués, livré à la république de Lougansk, où il se trouve à ce jour.
Виталий ДиденкоAprès l’arrestation d’Anokhine, le journaliste Vitali Didenko qui travaillait déjà à « Infocenter » l’a remplacé au poste de rédacteur en chef. Depuis ses années à la fac, Didenko sympathisait avec les idées communistes et avait une bonne connaissance du marxisme. Il s’est opposé au Maïdan, le considérant comme un mouvement réactionnaire et une arme aux mains des puissances impérialistes qui se battent pour le partage des sphères d’influence en Ukraine. Pour la même raison il n’a pas soutenu les nationalistes russes et s’est opposé au régime post-Maïdan à partir d’une plate-forme démocratique ouvrant sur une perspective socialiste. Cependant, son activité en qualité de journaliste d’Infocenter se bornait à une critique du régime instauré en Ukraine d’un point de vue de défense des valeurs démocratiques en général.
Mais comme on sait, le régime instauré en Ukraine considère toute critique à son encontre comme du séparatisme, dès lors qu’elle ne s’appuie pas sur l’idéologie communément admise. Dans la mesure où  « Infocenter » et Vitali Didenko en personne ont toujours rejeté le bandérisme [idéologie fasciste ukrainienne, revendiquant l'héritage du criminel de guerre Stepan Bandera], ils étaient des cibles idéales. Sentant la menace, Didenko avait déjà changé d’adresse à la fin de l’année dernière, et peu avant son arrestation, il avait encore déménagé. Mais le SBU a retrouvé sa trace et, faisant pression sur le propriétaire, a mis son appartement sur écoute (illégale), et à l’aube du 29 avril a débarqué avec un mandat d’arrêt. Didenko a tenté de s’enfuir et s’est jeté du troisième étage. Mal lui en a pris : il s’est cassé un bras et deux côtes, devenant une proie facile pour ses persécuteurs.

mercredi 3 juin 2015

Nation Dalit! : l'art peut-il démanteler le système séculaire des castes ?

par Sanjena Sathian संजना सथिान, 14/4/2015. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original: Dalit Nation! Can Art Dismantle a Centuries-Old System?

On a retrouvé  la tante nue et morte. Les hommes avaient déposé le haut de son salwar kameez* dans une rivière, où il dérivait, doucement. Juste avant, ils avaient violé et tué aussi la mère. Et avant cela, une bande de voisins et de camarades de classe avait attaqué l'adolescente sur le chemin de l'école. Elle avait 15 ans. C'était tout simplement parce qu'elles étaient des femmes et qu'elles passaient par là. L'exposition à l'agression semblait inscrite dans la lignée de la famille.
Il y a trop d'histoires de femmes de ce genre en Inde, comme toute personne suivant  les infos le sait bien. Mais ce qui est moins discuté que l'épidémie de viols c'est histoire sous-jacente - celle des basses castes en Inde. C'est le discours de base de l'artiviste Thenmozhi ("Thayn-MO-ri") Soundararajan, qui a entendu toute sa vie des milliers d'histoires horribles comme celle-là. "La caste", dit-elle, "est appliquée à travers nos corps". L'artiste multimédia prend des photos, écrit, produit et réalise des documentaires, est curatrice d'expositions d'art publiques et organise des actions de guérilla de protestation (pour ne nommer que quelques activités) ... comme une sorte de performances artistiques. Toutes sont basées sur des expériences de femmes indiennes des basses castes.
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lundi 1 juin 2015

Le QG de l'Union européenne pour la guerre contre les migrants en Méditerranée établi en Sicile

par Antonio Mazzeo, 1/6/2015
Bruxelles étend la zone d'opérations militaires et de renseignement de l'agence Frontex  à 138 miles nautiques au sud de la Sicile, accroit le budget pour enrayer le flux de bateaux de migrants et établit à Catane une centrale méditerranéenne pour le contrôle des frontières extérieures de l'UE.

"La zone d'action de l'opération Triton est  donc étendue jusqu'à 80 kilomètres de la côte libyenne, mais les unités aériennes et navales pourront  pénétrer dans les eaux du pays, sur demande d'intervention pour des opérations de secours et de sauvetage", a déclaré le Directeur exécutif de Frontex, Fabrice Leggeri. "Le centre de coordination de Triton ouvrira dès que possible à Catane, où les autorités locales nous ont offert un hébergement que nos représentants ont trouvé approprié. La base régionale de Catane est un projet pilote, qui pourra être reproduit dans d'autres États membres, et concerne les hotspots, les centres proposés par la Commission européenne dans son Agenda pour l'immigration, où concentrer les débarquements de migrants et soumettre ceux-ci à un premier passage au crible. L'idée est de développer un système dans lequel le port de débarquement est près du centre de premier accueil, où les migrants seront interviewés et hébergés pour une courte période avant d'être transférés ".